vendredi 20 novembre 2015

Haftara Vayetsé : L'ingratitude d'Israël




Notre Haftara fait écho au personnage de Jacob et à ses luttes. Elle fustige Ephraïm (le royaume du nord). Mon peuple est enclin à s’éloigner de moi ; On les rappelle vers le Très Haut, Mais aucun d’eux ne l’exalte. Que ferai-je de toi, Éphraïm ? Dois-je te livrer, Israël ? Te traiterai-je comme Adma ? Te rendrai-je semblable à Tseboïm ? Mon coeur s’agite au dedans de moi, Toutes mes compassions sont émues...
 


Texte en Francais




Colère ou rédemption ?



Je n’agirai pas selon mon ardente colère, Je renonce à détruire Éphraïm ; Car je suis Dieu, et non pas un homme, Je suis le Saint au milieu de toi ; Je ne viendrai pas avec colère.
Ils suivront l’Éternel, qui rugira comme un lion, Car il rugira, et les enfants accourront de la mer.
Ils accourront de l’Égypte, comme un oiseau, Et du pays d’Assyrie, comme une colombe. Et je les ferai habiter dans leurs maisons, dit l’Éternel.
 Éphraïm m’entoure de mensonge, Et la maison d’Israël de tromperie ; Juda est encore sans frein vis-à-vis de Dieu, Vis-à-vis du Saint fidèle.
Éphraïm se repaît de vent, et poursuit le vent d’orient ; Chaque jour il multiplie le mensonge et la violence ; Il fait alliance avec l’Assyrie, Et on porte de l’huile en Égypte.

Contre le royaume du sud




L’Éternel est aussi en contestation avec Juda, Et il punira Jacob pour sa conduite, Il lui rendra selon ses oeuvres.
Dans le sein maternel Jacob saisit son frère par le talon, Et dans sa vigueur, il lutta avec Dieu.
Il lutta avec l’ange, et il fut vainqueur, Il pleura, et lui adressa des supplications. Jacob l’avait trouvé à Béthel, Et c’est là que Dieu nous a parlé.
L’Éternel est le Dieu des armées ; Son nom est l’Éternel.
Et toi, reviens à ton Dieu, Garde la piété et la justice, Et espère toujours en ton Dieu.

Infidélité d’Ephraïm




Éphraïm est un marchand qui a dans sa main des balances fausses, Il aime à tromper.
Et Éphraïm dit : A la vérité, je me suis enrichi, J’ai acquis de la fortune ; Mais c’est entièrement le produit de mon travail ; On ne trouvera chez moi aucune iniquité, rien qui soit un crime.
Et moi, je suis l’Éternel, ton Dieu, dès le pays d’Égypte ; Je te ferai encore habiter sous des tentes, comme aux jours de fêtes.
J’ai parlé aux prophètes, J’ai multiplié les visions, Et par les prophètes j’ai proposé des paraboles.
Si Galaad n’est que néant, ils seront certainement anéantis. Ils sacrifient des boeufs dans Guilgal : Aussi leurs autels seront comme des monceaux de pierres Sur les sillons des champs.







Analyse par le Rav Jacques Kohn


La raison du choix de cette haftara pour la parachath Wayètsè apparaît dès le premier verset : «  Jacob s'enfuit dans la plaine d'Aram ; et Israël servit pour une femme ; et pour une femme, il garda [des troupeaux] » (12, 13).
Dans le contexte de ce verset, explique Radaq , le prophète Osée exprime l'amer mécontentement de Hachem envers Efrayim, personnification du Royaume d'Israël créé par Jéroboam après la mort de Salomon : Il ne se souvient pas du bien qu'Il a fait à leur ancêtre lorsqu'il a fui de chez son frère Esaü.
Jacob a dû travailler comme berger pendant sept ans pour pouvoir épouser une femme, puis pendant sept autres avant de convoler avec une autre. Pendant toutes ces années, Hachem lui a prodigué Ses bienfaits afin qu'il puisse ensuite retourner en Canaan avec d'abondantes richesses.
Jadis, s'indigne le prophète (13, 1), « quand Efrayim parlait, c'était une terreur ;  il s'éleva en Israël : mais il se rendit coupable par Baal, et il mourut ».
« Il s'éleva en Israël » est une allusion aux bonnes intentions qui ont animé Jéroboam lorsqu'il s'est dressé contre le roi Salomon : « Voici à quelle occasion il leva sa main contre le roi : Salomon bâtissait Milo, et fermait la brèche de la ville de David, son père » (I Rois 11, 27).
Milo était un quartier de Jérusalem que le roi David avait destiné à servir de lieu de rassemblement aux pèlerins qui se rassemblaient lors des grandes fêtes. Mais son fils Salomon l'utilisa comme lieu de résidence pour la fille de Pharaon.
C'est à cette occasion, nous explique la Guemara ( Sanhédrin  101b), que Jéroboam a été animé de bonnes intentions :
« Rabbi Yo'hanan a enseigné: Quel est le mérite qui a valu à Jéroboam de devenir roi ? C'est parce qu'il a eu le courage de criti­quer l'action du roi Salomon. Et pourquoi alors a-t-il été puni ? C'est pour l'avoir fait publiquement.
Ainsi qu'il est écrit : ?
Voici à quelle occasion il leva sa main contre le roi : Salomon bâtissait Milo, et fermait la brèche de la ville de David, son père.?
Il lui a tenu ce langage : le roi David ton père a pratiqué des ouvertures dans les remparts [de Jérusalem] pour permettre à Israël de monter [librement] en pèlerinage, et toi tu les as barrées afin de [pouvoir contrôler les entrées et] percevoir des taxes de péage au profit de la fille de Pharaon.
Cependant, a enseigné rav Na?hman : c'est son orgueil démesuré qui lui a valu de disparaître du monde, ainsi qu'il est écrit : Jéroboam s'est dit en son c?ur : Maintenant le royaume pourrait bien retourner à la maison de David. Si ce peuple monte pour faire des sacrifices dans la maison de Hachem à Jérusalem, le coeur de ce peuple retournera à son maître, à Roboam roi de Juda, ils me tueront et retourneront à Roboam roi de Juda (ibid. 11, 26). »
Mais il a sombré depuis dans l'idolâtrie, continue le prophète. Aussi Samarie sera-t-elle détruite, et ses habitants seront exterminés (14, 1).
 

Source Massorti et Chiourim