Dernière étape pour le dossier du gaz: la Knesset donnera son feu vert au Premier ministre pour parapher l’accord conclu avec les sociétés gazières. Après la saga du budget pour 2015 et 2016, c’est le feuilleton à rebondissements sur le gaz qui s’approche de son épilogue. Cette semaine, l’accord conclu avec les compagnies gazières sera discuté par les députés de la commission de l’Économie de la Knesset ; ceux-ci rendront leur avis après avoir auditionné les différentes parties concernées...
Le débat à la Knesset est formel puisque ses conclusions n’engagent pas le Premier ministre. D’ici à deux ou trois semaines, et sauf nouvel imprévu, Benyamin Netanyahou devrait parapher l’accord gazier en lieu et place du directeur de l’anti-trust ; celui-ci avait préféré démissionner pour marquer son opposition à l’accord qui, selon lui, laissait une trop belle part aux sociétés exploitantes privées.
UN ACCORD MAJEUR
En Israël, l’exploitation gazière est assurée par un consortium américano-israélien formé des sociétés Noble Energy et Delek. Or, les compagnies sont soupçonnées de vouloir abuser de leur situation de monopole pour dicter les prix du gaz.
L’accord-cadre conclu entre le gouvernement israélien et les sociétés exploitantes devrait permettre de modérer les tarifs du gaz, en obligeant les compagnies à céder une partie de leurs avoirs dans les gisements et à investir des fonds importants dans le développement du puits le plus important, Léviathan. En contrepartie, le gaz pourra être partiellement exporté, notamment vers la Jordanie, l’Égypte et les Territoires palestiniens.
ÉVITER LA MALADIE HOLLANDAISE
La Banque d’Israël aussi se prépare à l’accélération de l’exploitation du gaz. En fin de semaine dernière, la Banque a annoncé son intention d’acheter1,8 milliard de dollars en 2016, et cela pour « contrebalancer l’impact global de l’exploitation du gaz sur la balance des paiements d’Israël ».
En fait, la Banque d’Israël veut lutter contre la “maladie hollandaise” liée à l’exploitation accélérée du gaz. La maladie hollandaise est un phénomène économique qui relie l’exploitation de ressources naturelles au déclin de l’industrie locale. Ce phénomène est suscité par l’accroissement des recettes d’exportations qui, à son tour, provoque l’appréciation de la devise.
Inspirée du cas des Pays-Bas des années 1960, l’expression “maladie hollandaise” est utilisée pour désigner les conséquences nuisibles provoquées par une augmentation importante des exportations de ressources naturelles. En Israël, c’est en mai 2013 que la Banque centrale a mis en œuvre une politique de rachats de devises qui vise à éviter une réévaluation trop forte du shekel liée à l’exploitation du gisement Tamar.
ABSENCE D’UNANIMITÉ
L’accord conclu avec les compagnies gazières ne recueille pas l’unanimité de la classe politique en Israël, ni à droite ni à gauche. Ce dernier week-end, de nombreuses manifestations, anti-accord et pro-accord, ont eu lieu dans tout le pays.
Depuis plusieurs mois, les militants de la gauche israélienne essaient de faire annuler l’accord auquel ils reprochent de ne pas démanteler le monopole du gaz. Au sein de la coalition gouvernementale aussi, des voix contradictoires se sont faites entendre, pour ou contre l’accord. Celui-ci a déjà provoqué un mini-remaniement ministériel lorsque, début novembre, le ministre de l’économie Ariéh Déry (Shass) avait refusé aussi de l’avaliser.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley