lundi 9 mars 2015

Une dette publique réduite attend le futur ministre des finances d'Israël

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À J-8 des législatives, le ministère israélien des Finances s’est décerné un satisfecit: les finances publiques sont saines et la dette en baisse. Quelques jours avant les élections, le ministère israélien des Finances publie un rapport pour le moins inattendu : en ce début 2015, la dette publique d’Israël est à son niveau le plus bas, et les principaux paramètres économiques, comme le chômage et la production, sont au beau fixe...Analyse...


La réaction de la Banque d’Israël, qui fait une autre lecture des mêmes chiffres, ne s’est pas faite attendre : le déficit public repartira à la hausse en 2016, d’où la nécessité, dès aujourd’hui, de relever les taux de l’impôt.

DETTE PUBLIQUE : EN BAISSE

Les chiffres publiés cette semaine par le ministère des Finances à Jérusalem révèlent très nettement la tendance à la baisse de la dette au cours de la dernière décennie. Si la taille de la dette publique était de 92% du PIB en 2004, elle est retombée à 68% du PIB en 2014. Selon la note du ministère, « cette baisse est principalement due à la politique gouvernementale volontaire, qui a fait usage des instruments fiscaux dans le but de réduire le déficit et la dette publique ».
La hausse du PIB explique aussi la baisse relative de la dette. Les économistes des Finances l’ont bien remarqué en affirmant que « la baisse du taux d’endettement provient aussi de la croissance rapide du produit national entre 2005 et 2010, ce qui s’est traduit par une augmentation des recettes fiscales, contribuant ainsi à la réduction du déficit public ».

RECETTES FISCALES : EN HAUSSE

Après des rentrées record en janvier dernier (25 milliards de shekels soit un bond de 6%), le mois de février pourrait tout aussi fructueux pour les caisses de l’État. Les économistes du Trésor, qui commencent à concocter le budget 2015 qu’ils proposeront à leur prochain ministre, ont la tâche facile : les recettes fiscales franchiront la barre record et symbolique des 270 milliards de shekels (contre 254 milliards en 2014).
Les candidats à la Knesset ont donc raison d’affirmer qu’il ne sera pas nécessaire d’augmenter le niveau des impôts en 2015. En revanche, un rééquilibrage entre fiscalité directe et fiscalité indirecte s’avèrera indispensable : Israël est un des rares pays développés dans lequel les impôts indirects (TVA, douanes, etc.) sont plus forts que l’impôt sur le revenu. Le nouveau gouvernement devra corriger cette anomalie qui pèse sur les revenus les plus bas et qui favorise les Israéliens les plus aisés.

DÉFICIT PUBLIC : EN RECUL

Quant au déficit public, il est resté cantonné à 2,6% du PIB au cours des douze derniers mois (février 2014 à janvier 2015). Pour 2014, le déficit s’est élevé à 2,8% du PIB alors que pour 2015, le gouvernement précédent avait même envisagé de le porter à 3,4%.
La marge de manœuvre du prochain grand Argentier sera donc large ; s’il le souhaite, il pourra accroître les dépenses publiques sans trop de risque pour le déficit. Ce sont surtout les postes qui manquent de crédit qui devront être favorisés, comme la santé et les infrastructures.

SATISFECIT DES FINANCES : UNE DOUBLE LECTURE

Le satisfecit du ministère des Finances semble exagéré pour les responsables de la Banque d’Israël. Ceux-ci ont calculé que pour contenir le déficit en 2016, l’État aura besoin de ressources supplémentaires d’un montant de 8 milliards de shekels. En cas contraire, la dette publique remontera à 70% du PIB, au lieu descendre vers le taux de 60% à l’horizon 2020.
Pour la Banque centrale d’Israël, l’euphorie du ministère des Finances sera de courte durée. Très vite, le futur gouvernement devra choisir entre deux politiques économiques pour éviter tout dérapage budgétaire: soit réduire la dépense civile (dont le niveau est déjà un des plus bas des pays occidentaux), soit augmenter la fiscalité (dont la charge est une des plus faibles des pays développés).
 
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley