Asaf Avidan a fait sensation, cette semaine, en se déclarant «d'Israël, pas Israélien». Dans son pays d'origine, en pleine période électorale, la phrase est mal passée. Or, le chanteur voulait simplement dire qu'un artiste n'a évidemment pas de frontière, notion strictement géopolitique. Et qu'il chante d'abord l'amour, celui douloureux, porté aux femmes, et celui, généreux, offert aux hommes de bonne volonté. D'Israël et de partout ailleurs...
Dans votre album «Gold Shadow», vous racontez votre séparation amoureuse, abordée sous divers angles…
Je ne voudrais pas écrire toujours la même chanson. Chaque jour, chaque heure, vous êtes différent ; vos impressions, votre ressenti changent. On passe du désir à la peur, de l'angoisse au plaisir sans vraiment pouvoir intervenir sur le cours des choses.
Dans votre nouveau disque, vous revendiquez de nombreuses influences, dont Leonard Cohen et Serge Gainsbourg. Que représentent-ils pour vous ?
En travaillant sur «Different pulses», mon premier album solo après des années passées aux côtés des Mojos, je voulais cacher toutes ces influences pour affirmer ma personnalité. Aujourd'hui, je suis suffisamment confiant comme artiste pour au contraire les revendiquer, pour montrer tout le respect que j'ai pour ceux qui ont compté pour moi. L'influence de Leonard Cohen est évidente, depuis le début. Elle est particulièrement sensible sur «Labyrinth Song», l'une de mes nouvelles chansons. Quant à Gainsbourg, c'est plus coton d'expliquer ce qu'il m'a apporté. Je ne pourrais pas citer de chanson en particulier. Je pense plutôt à son approche de la production, à sa manière d'utiliser la voix finale, d'intégrer des bruits. Il avait aussi, comme Paul McCartney, une approche de la basse que j'aime bien : plus mélodique que rythmique.
Ce nouvel album passe par toutes les couleurs musicales : blues, folk, pop sixties. Etait-ce une volonté de départ ?
Je ne réfléchis jamais en termes de genre musical. Le plus important est de trouver sa propre voie dans la réalisation artistique, dans la combinaison des chansons. De réussir un bon alliage entre les mélodies, les paroles, le chant. Qu'il s'agisse de rock ou de soul, je m'en fiche.
Dans votre jeunesse, vous avez vécu dans des pays très différents (Israël, Jamaïque, Thaïlande…) A quel point cela a-t-il compté ?
Mon histoire personnelle m'a appris qu'il est ridicule de catégoriser les choses, les gens, les races, les religions, les pays. Les Français, par exemple, ont une perception qui leur est propre de la nation française. C'est lié à leurs références historiques, bien sûr, mais aussi à une part d'imaginaire qu'ils ont en commun. Je trouve toujours bizarre de faire des différences entre les uns et les autres. Quand vous regardez notre planète depuis l'espace, vous ne voyez plus ni langues ni religions.
Dans quel pays habitez-vous le plus souvent ?Je ne sais pas. Je voyage, je suis de partout. C'est un constat, pas une satisfaction. Quand on est très souvent sur la route, c'est difficile de garder le contact avec sa famille, ses amis, ses amours… et son chien.
Asaf Avidan en concert lundi 23 mars à 20 heures Première partie : Flora.
Tarifs : de 33,40 € à 44,40 €.
Egalement samedi 11 juillet, à 19 heures, avec Shaka Ponk et Etienne Daho, à Albi, dans le cadre du festival Pause guitare.
Tarifs : de 21 € (enfants jusqu'à 12 ans) à 42 €.
Tél.05 62 73 44 77 (www.bleucitron.net).
Album «Gold Shadow» (Polydor/Universal).
Propos recueillis par Jean-Marc Le Scouarnec
Source La Depeche