C’est une annonce presqu’étonnante au regard de l’ampleur des défis auxquels l’Etat d’Israël fait face aujourd’hui comme hier, ça l’est d’autant plus qu’il y a dix jours seulement, l’administration militaire indiquait manquer de combattants dans le dernier recrutement en raison d’un trou dans la natalité et d’un manque de motivation des soldats, et pourtant le ministre de la défense Moshe (Boogie) Ya’alon a donné son soutien à une proposition visant à réduire le service militaire obligatoire masculin de 36 à 32 mois.
Toutefois, malgré les annonces conjoncturelles des difficultés de recrutement et le questionnement structurel sur la motivation des soldats dans un Etat accusé en Israël d’avoir à plusieurs reprises montrer des signes de manque de soutien de ses soldats (comme lorsqu’Israël s’est excusé auprès de la Turquie pour la mort de citoyens turcs dans l’affaire du Mavi Marmara alors que les soldats n’ont fait que leur devoir de défense face à des agressions), le soutien du ministre de la défense actuel à une réduction du service militaire se fait dans la lignée des déclarations du précédent ministre de la défense, Ehoud Barak, qui affirmait que les armes avaient changé et qu’Israël ne nécessitait plus autant d’hommes. La mesure, si elle est adoptée, devrait être bien accueillie en Israël, dans un Etat où les hommes font trois ans de service et les femmes deux, soit des périodes longues et difficiles.
Elle constituerait une diminution de ce qui et appelé en Israël le “fardeau”.
Selon le plan de la mesure présentée aujourd’hui par les représentants militaires du Comité pour une égalité des charges, dirigée par le ministre de la science et des technologies Yaakov Perry (du parti de Yaïr Lapid Yesh Atid) et le bureau du ministre de la Défense, certains des soldats seraient transférés à des tâches civiles “pour augmenter la charge de l’égalité militaire.” Contre les coupes prévues, le ministre de la Défense a néanmoins précisé que cette décision nécessiterait une augmentation du budget de la défense, qui constitue déjà environ 75% du budget national. La proposition avait été recommandée au ministre de la défense par le chef d’état-major Benny Gantz.
La mesure pourrait prendre effet au plus vite à partir de juillet 2015.
Cette réforme intervient alors même que, dans le même temps, Israël tente de mettre en place une autre réforme égalisant le statut des citoyens face à leurs devoirs envers l’Etat. En effet, jusqu’à présent l’Etat d’Israël doit faire face à un refus des communautés juives ultra-orthodoxes (haredies) et arabes organisées de participer au fardeau de l’Etat d’Israël : le service militaire ou national. Une situation que le nouveau gouvernement aimerait changer suite à la percée des partis Yesh Atid et Habayit Hayehoudi qui ont mené campagne sur le sujet, en particulier Yesh Atid de Yaïr Lapid. La question d’une armée professionnelle en Israël n’est toutefois pas encore sur la table, les dirigeants conservant l’idée d’armée du peuple en vigueur depuis les débuts de l’Etat d’Israël.
Source Citizenkane