Israël honore le roi Hérode avec la première exposition au monde jamais consacrée à ce souverain tyrannique, aussi cruel que puissant. Il régna au Ier siècle avant J.-C. sur la Judée romaine et laissa derrière lui un somptueux et prolifique héritage architectural
Cette exposition est l’initiative la «plus ambitieuse» sur le plan archéologique du Musée d’Israël à Jérusalem, où elle vient de s’ouvrir, selon son directeur James Snyder. Découverte sur le site de Hérodion, à quelques kilomètres au sud de Jérusalem, en 2007, et reconstituée, la sépulture monumentale d’Hérode est exposée ainsi que quelques 250 vestiges archéologiques inédits, mis au jour lors des fouilles menées sur différents sites d’ouvrages construits par le souverain.
Hérode 1er le Grand (73 av. J.-C. - 4 av. J.-C.), de religion juive, était proche du pouvoir romain qui l’a chargé de régner sur la Judée, après l’effondrement du royaume juif de la dynastie hasmonéenne, à une époque où l’empire romain s’étendait sur presque toute l’Asie mineure. Ce roi, surnommé par certains «Hérode le Cruel», est resté célèbre pour sa cruauté légendaire. Il vivait dans l’obsession du complot, et a éliminé tous ceux qu’il soupçonnait de menacer son pouvoir, y compris son épouse et trois de ses enfants. De plus, l’Evangile de Matthieu lui attribue la responsabilité du «Massacre des Innocents» à Bethléem, dont l’historicité a été mise en question. Selon l’évangéliste, à l’annonce de la naissance du Messie, Hérode le fait rechercher pour le mettre à mort et fait assassiner tous les enfants de moins de deux ans à Bethléem.
Un roi cruel
Selon l’historien du Ier siècle après Jésus-Christ, Flavius Joseph, Hérode était «cruel de façon égale envers tout le monde, esclave de son humeur qui le poussait à enfreindre la justice.» Mais son ego démesuré et ses talents politiques l’ont poussé à ériger des constructions monumentales faisant souvent défi à la nature, qui lui valent le titre de «plus grand bâtisseur de la Palestine romaine». Il crée le port de Césarée sur une côte rectiligne, construit le palais de Massada sur un éperon rocheux, édifie le palais d’Hérodion sur une montagne artificielle et restaure le deuxième Temple de Jérusalem en comblant une vallée, faisant de son esplanade le plus vaste espace de tout le monde romain.
«L’exposition présente les remarquables projets de construction d’Hérode, les relations diplomatiques complexes qu’il entretenait avec les empereurs et la noblesse de Rome ainsi que la procession funéraire saisissante qui conduisit sa dépouille de Jéricho au mausolée qu’il s’était lui-même érigé à Hérodion», selon les commissaires de l’exposition. La grandeur d’Hérode vient de sa capacité à établir un «équilibre délicat entre les cultures occidentale et orientale qu’il représentait, souligne James Snyder. En même temps qu’il parvenait à entretenir de forts liens diplomatiques avec le pouvoir romain, il a permis la floraison ici d’une culture locale, le Judaïsme de la période du deuxième Temple. Cet équilibre délicat est vraiment un fait rare dans l’histoire, et Hérode y est parvenu».
Polémique palestinienne
Roi Porat, un archéologue qui a travaillé sur le chantier de fouilles d’Hérodion, explique comment Hérode a cherché à résoudre le conflit interne qui consistait à appartenir à deux camps. «D’un côté, il voulait être un roi juif et de l’autre il voulait être le roi de Judée dans l’empire romain», a-t-il expliqué. «Il a cherché à gagner la sympathie des deux côtés: en construisant un lieu de culte pour les Juifs (la restauration du deuxième Temple) et en bâtissant le plus grand temple pour les Romains (le palais d’Hérode dans la Vieille ville de Jérusalem, aujourd’hui disparu)». En 2007, après une quarantaine d’années de fouilles, l’archéologue Ehud Netzer découvrit la sépulture d’Hérode sur le site d’Hérodion, à la lisière du désert de Judée. L’exposition est dédiée à la mémoire de cet archéologue décédé en 2010 à l’âge de 76 ans à la suite d’une chute sur le site.
Mais l’exposition a suscité une polémique chez les Palestiniens: Hérodion et Jéricho, d’où viennent la plupart des pièces exposées, se trouvent en Cisjordanie occupée. Hamdan Taha, directeur de l’Archéologie et du patrimoine culturel au ministère palestinien du Tourisme, reproche à Israël d’avoir exposé les pièces «sans l’accord» de l’Autorité palestinienne, contrevenant ainsi, selon elle, au «droit international». «Exposer ces artefacts dans un musée israélien a pour but de créer des faits historiques servant la cause de la colonisation dans l’Etat de Palestine», a-t-il déploré. Considérant que ces pièces font partie de leur patrimoine, les Palestiniens ont l’intention de saisir l’UNESCO, qu’ils ont rejointe en 2011.
L’exposition «Hérode le Grand, le dernier voyage», est ouverte au public du 13 février au 5 octobre 2013.
J' ai deja au mois de Janvier publie un article sur cette exposition, voici le lien: http://koide9enisrael.blogspot.co.il/2013/01/le-roi-herode-au-musee-disrael.html
Source Letemps.ch