Beate et Serge Klarsfeld se sont rencontrés en 1960 sur un quai de métro parisien.
Lui, Juif français, a été traqué enfant par la Gestapo et échappé de peu à la déportation grâce au sacrifice de son père. Elle est luthérienne, allemande, et ses parents ont voté pour Hitler.
Le couple hésite entre actions symboliques, action directe et combat juridique.
Scandalisés par le classement sans suite du dossier Barbie, le « boucher de Lyon », par le procureur de Munich en 1971, Beate et Serge s’interrogent sur les moyens d’action.
Que faire pour obliger l’Allemagne à affronter son passé, alors que le chancelier Kiesinger, arrivé au pouvoir en 1966, est lui-même un ancien responsable nazi ?
Le couple hésite entre actions symboliques (Beate gifle publiquement le chancelier), action directe et combat juridique.
C’est bien cette dernière voie qu’ils choisiront. Serge devient avocat et ils se lancent dans une longue épopée pour traquer les anciens criminels de guerre et les amener devant la justice, et ce malgré le manque d’intérêt des institutions et les bâtons dans les roues posés par divers gouvernements.
Le procès Klaus Barbie
Après douze ans de traque, Klaus Barbie finit, quarante ans après les faits, par être condamné à Lyon à la réclusion à perpétuité, en 1987. Cette condamnation crée un précédent en termes de pénalisation des crimes contre l’humanité et ouvrira la voie aux procès Touvier, Bousquet ou Papon.
Ce roman graphique hyperdocumenté, adapté du livre Mémoires de Beate et Serge Klarsfeld et porté par l’énorme travail d’archives mené par Pascal Bresson auprès des Klarsfeld, parvient à raconter quarante-cinq années de combat tout en évitant plutôt bien d’être trop académique. Le trait de l’illustrateur Sylvain Dorange est précis mais vivant et on est emporté par la puissance de l’engagement de ce couple.
On découvre aussi l’impact de cette mission sur le quotidien de ce couple mythique : les pertes d’emploi liées à leur action politique, le manque d’argent, les menaces de mort répétées.
Un ouvrage indispensable, à la fois sur la mémoire de la Shoah, sur la force de l’engagement et sur le long et indispensable travail de la justice. À mettre entre toutes les mains, dès l’adolescence.
La Boîte à bulles, 208 pages, 25 € (12 € en format numérique).
La Photo en haut de l'article:
Sylvain Dorange (dessin) et Pascal Bresson (scénario) avec les époux Klarsfeld.En haut, Sylvain Dorange (dessin) et Pascal Bresson (scénario) avec les époux Klarsfeld.
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