Avec « Savants et croyants. Les juifs d’Europe du Nord au Moyen Âge », le Musée des antiquités de Rouen expose les rares vestiges des communautés juives médiévales.......Détails........
C’est la première fois que le judaïsme médiéval fait l’objet, en France, d’une exposition spécifique. Pour cette simple raison, le parcours présenté au Musée des antiquités de Rouen mérite un intérêt tout particulier.
En écho à l’ouverture prochaine de la Maison sublime de Rouen, l’un des plus anciens monuments juifs d’Europe datant du début du XIIe siècle, le musée expose les trop rares pièces d’une histoire méconnue, marquée par les persécutions et les expulsions.
Une soixantaine d’objets – lettres, livres de prières, objets rituels et du quotidien – permettent d’entrer dans la vie des communautés juives européennes, soulignant leur double intérêt dans les études religieuses et la connaissance scientifique.
Le parcours souligne les difficultés de la connaissance du judaïsme médiéval, liées aux préjugés antijuifs alors répandus.
Plusieurs pièces en témoignent, tel ce parchemin provenant de l’abbaye de Jumièges (XIe siècle) racontant une histoire de juif infanticide – accusation antijuive la plus fréquente au Moyen Âge – ou ces vitraux rouennais (XVIe siècle) sur une profanation d’hostie par un juif usurier.
La lettre du roi Philippe le Bel attribuant les biens juifs à la ville de Rouen, après leur expulsion en 1306, constitue le témoignage poignant de la spoliation et de la fin de toute une communauté.
D’autres expulsions suivront : en France en 1394, dans les villes rhénanes en 1348-1349 et 1424, en Espagne en 1492.
L’exposition rappelle toutefois les échanges entre juifs et chrétiens au Moyen Âge, « parfois fructueux, souvent placés sous le signe de l’incompréhension et de la polémique », soulignent les deux commissaires, Nicolas Hatot, conservateur au Musée des antiquités de Rouen et Judith Schlanger, spécialiste du judaïsme médiéval à l’EPHE.
Plusieurs documents évoquent la connaissance de la langue et des sources juives dans les milieux chrétiens, comme un petit psautier bilingue hébreu-latin du XIIIe siècle.
Les pièces les plus émouvantes sont liées au quotidien de ces croyants : livres de prières enluminés, lampe de shabbat (XIIe siècle), magnifique rouleau de la Torah (XIIIe siècle), anneau de mariage (XIVe siècle), stèles funéraires…
Autant de vestiges d’un passé dont les traces ont souvent été volontairement effacées. Cette exposition, modeste en taille mais exceptionnelle en qualité, permet de le faire revivre.
Source La Croix
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