vendredi 20 novembre 2015

Paracha Vayetsé : on ne perd jamais à faire la volonté d'Hachem

 
Après vingt ans où Yaakov séjourne à 'Harane, Hachem lui dit de retourner en érets Israël. Yaakov appelledonc ses épouses, Ra'hel et Léa, leur explique qu'il lui est difficile de continuer à vivre à 'Harane. En effet, Lavane ne fait que le tromper et est devenu antipathique. Yaakov conclut en leur disant que D' lui a ordonné de rejoindre le pays de ses ancêtres, à savoir la terre d'Israël...


Les deux matriarches répondirent qu'elles aussi n'avaient plus envie de rester à 'Harane. Lavane s'était mal comporté avec elles et elles n'étaient pas attachées à cette patrie. Et puis, ajoutèrent-elles, si c'est un ordre de Hachem, il faut l'écouter.
À priori, cette discussion est très étonnante. Nous nous serions plutôt attendus que nos saints ancêtres, prennent en compte uniquement la volonté du Saint-béni-soit-Il, sans aucun autre calcul. Pourquoi Yaakov expliqua-t-il qu'il se sentait mal et qu'il ressentait le besoin de quitter Lavane ? L'acceptation de l'ordre divin dépendait-elle des sentiments de Yaakov ? De même pour Ra'hel et Léa, pourquoi n'ont-elles pas tout de suite affirmé qu'elles consentaient à la parole de D' ?
Le rav Eliahou Lopian explique que les saints patriarches désiraient nous transmettre un message éternel : Il ne faut pas croire que l'on est perdant en accomplissant la volonté d’Hachem. Lorsque Hachem nous prescrit une certaine conduite, Il n'a pas simplement envie de nous faire mériter le monde futur. Le comportement exigé est aussi profitable ici, sur terre. Les mitsvot, qui sont les ordres du Tout-puissant, sont obligatoirement pleines de bonté et de profits.
C'est dans cette optique qu'il faut apercevoir notre sainte thora : elle nous apporte le bonheur et la plénitude tant désirés.
Le rav fonde son raisonnement sur le livre de Kohélét qui a été rédigé par le roi Salomon : après avoir longuement expliqué que les biens et les profits matériels sont vains et illusoires, le livre se termine par le verset suivant : « Au final tout se sait ; craint le Tout-puissant et garde Ses mitsvot car c'est le but de l'homme. »
Ici aussi il y a lieu de s'interroger pourquoi a-t-on besoin de toute l'introduction. Le dernier verset n'est-il pas suffisant ?
De là, conclut le rav, nous apprenons qu'il est indispensable de savoir ce principe pour réussir dans notre service divin. Il faut croire et comprendre que la thora est le seul moyen d'atteindre une entière satisfaction de notre vie.
En réalité, il suffit de goutter pour voir que l'étude quotidienne apporte un bien-être qui resplendit sur notre foyer et notre entourage. De même, celle qui s'applique à se vêtir et à se comporter avec pudeur arrive à développer une riche intériorité. Le Tout-puissant lui accorde aussi la paix dans son couple, de même qu'elle se retient de faire des discordes auprès d'autrui...
Ce message se retrouve aussi lors de l'épisode suivant :
Yaakov désirait se marier avec Ra'hel et avait dans ce but travaillé pour Lavane (son futur beau-père) durant sept ans. Ra'hel annonça à Yaakov que son père (Lavane) risquait de le tromper et de l'échanger avec sa sœur Léa avant les noces. Afin d'éviter cette tromperie, Yaakov et Ra'hel firent un code connu d'eux seuls. Le grand jour arriva et, comme Yaakov et Ra’hel s’en doutaient, Lavane échangea les deux sœurs. Peu avant le mariage, Ra'hel fut prise de pitié pour sa sœur qui allait subir une grande honte lorsque Yaakov la surprendrait. Elle dévoila donc à sa sœur Léa le code secret, cédant ainsi sa chance d'être l'unique femme de Yaakov.
Cet acte héroïque fut grandement apprécié par le Saint-béni-soit-Il. Lors de la destruction du temple et de l'exil de notre peuple, Ra'hel put alors argumenter ainsi : « Si moi qui n'était qu'une humaine, j'ai réussi à m'effacer entièrement pour ne pas causer une honte à ma sœur, Toi qui est Tout-puissant, aie pitié de mes enfants et ne les chasse pas pour l'éternité. » Hachem accepta cette plaidoirie et jura qu'il reconstruira Jérusalem et le temple.
J'ai vu un commentaire qui faisait remarquer qu'en réalité Ra'hel n'a rien perdu par son sacrifice.
Il est vrai qu’au moment où elle dévoila le code secret à sa sœur, elle pensait sûrement qu'elle était en train de renoncer à donner naissance aux douze tribus. En effet, si elle avait été la seule épouse de Yaakov, elle aurait été la mère des douze tribus ! Il semble donc clair que son acte héroïque lui fit perdre dix tribus et elle n'en mérita que de deux.
Cependant, la thora nous dévoile que Ra'hel était stérile et ne devait pas avoir d'enfants. Elle mérita deux tribus par le mérite d’avoir dévoilé le secret à sa sœur Léa.
Ainsi, cet épisode ne lui fit pas perdre dix tribus, mais lui fit gagner deux tribus !
Bien entendu, cela ne veut pas dire qu'il faut faire dépendre notre service divin de la compréhension du profit reçu. Notre intelligence ne permet pas toujours de discerner le bonheur enfoui dans l'accomplissement des mitsvot. Nous devons être prêts à combattre le mauvais penchant de toutes nos forces, même si nous ne voyons aucun bénéfice de cette lutte.
Mais ce message peut et doit nous aider à lutter contre notre mauvais penchant lorsque nous avons des difficultés.
Ne nous laissons pas tromper de croire que nous perdons dans ce monde-ci lorsque nous accomplissons certaines mitsvot. C’est peut-être ce qui apparait superficiellement, mais la paracha de cette semaine nous apprend que ce n’est pas vrai.
Qu’Hachem nous ouvre les portes de la thora et des mitsvot. Que tous les enfants d’Israël méritent de retourner prochainement vers Hachem et vivre ainsi une vie pleine de bonheur, amen.
 
Rav Emmanuel MIMRAN

Source Torah Box