Dans le cadre du fameux « songe de l’échelle », notre patriarche Yaacov est béni par Hachem, qui lui promet de le protéger, de le doter d’une postérité nombreuse et de le ramener en sécurité chez lui. D.ieu lui promet en substance : « Car Je ne t’abandonnerai pas avant d’avoir réalisé tout ce que Je t’ai promis ». Or, cette formule est quelque peu mystérieuse car le Maître de l’Univers pourrait-il abandonner Yaacov après l’avoir ainsi nanti de bénédictions… ?...
Dans son livre intitulé « Sipouré ‘Hassidim », le rav Zevin rapporte l’histoire, racontée par rabbi Mendel de Viznitz, d’un ‘Hassid qui était allé voir le rabbi Lévi Its’hak de Berditchev pour lui faire part de tous ses problèmes. Car après une longue période d’abondance, la réussite lui avait tourné le dos et il était endetté jusqu’au cou à la suite de mauvaises affaires…
Jusque-là, personne ne le savait, mais il redoutait sérieusement que bientôt la rumeur ne se répande sur sa terrible situation financière. Or le rabbi de Berditchev lui conseilla… d’acheter un billet de loterie, et, avec la grâce de Hachem, la résolution de tous ses problèmes viendrait de là.
Mais le ‘hassid objecta : « Rabbi, j’ai bien sûr entièrement confiance en votre conseil. Mais la plupart du temps, un billet de loterie ne rapporte qu’après de longs mois, voire des années pour rien…
Et d’ici là, je crains fort d’être totalement submergé par les exigences de mes créanciers. De plus, j’ai une fille à marier et je n’ai guère aujourd’hui les moyens de payer son mariage ! ». Le rabbi de Berditchev le rassura en ces termes : « Hachem fera que bientôt tu auras de l’argent, même avant que ton billet de loterie ne soit gagnant… » Se conformant à ce précieux conseil, le ‘hassid acheta donc un billet de loterie.
Puis, sur le chemin du retour, il fit halte dans une auberge où séjournait un ministre. Ce dernier rêva cette nuit-là qu’un certain Juif, qui se trouvait également dans l’auberge, avait en sa possession un billet de loterie censé gagner une énorme somme d’argent, contrairement à son propre billet qui ne valait rien… Si bien qu’il avait bien évidemment tout intérêt à échanger les deux billets.
« L’ange des rêves »…
Rentré chez lui, il put marier très honorablement sa fille grâce à ces fameux mille roubles donnés de force par le ministre. Peu après, le billet que le ministre lui avait donné en échange du sien gagna beaucoup d’argent. Et ce ‘hassid devint par là même encore plus riche qu’il ne l’avait jamais été ! De retour à Berditchev pour remercier son rabbi, il entendit ce dernier lui expliquer : « Ton mazal était tombé tellement bas que je dus avoir recours à ‘l’ange des rêves' pour convaincre le ministre de cet échange des billets, car le tien ne valait absolument rien.
Quant aux mille roubles, ils devaient te dépanner dans un premier temps pour le mariage de ta fille. C’était là un premier soulagement, et ensuite, la somme que t’a rapportée le billet du ministre suscita pour toi la grande délivrance. »
Ne pas s’inquiéter outre mesure des épreuves qui se succèdent !
De la même manière, à toutes les époques, notre peuple aura été confronté à de terribles épreuves à répétition. Mais il nous appartient de nous inspirer avec une émouna absolue de la manière dont nos patriarches ont eux-mêmes organisé leur vie, justement sur la base de leur confiance totale en Hachem et sans s’inquiéter outre mesure des difficultés qui se sont succédées tout au long de leur existence les unes après les autres. Car le sens de ces épreuves à répétition est de nous imposer de gravir infatigablement les échelons successifs de notre crainte et de notre amour pour Hachem !
Grâce à cela, nous pouvons être sûrs dans toutes les situations - même celles qui semblent les plus inextricables - que Hachem enverra pour nous aider Sa délivrance définitive et complète. Mais en attendant ce grand jour, Il ne manquera pas de nous envoyer également des « soulagements » par lesquels nous nous sentirons de plus en plus proches de Lui !
Rav Hayim Yaacov Schlammé
Source Chiourim