mercredi 1 juillet 2015

Israël et la Jordanie évoquent la réouverture des mosquées du Mont du Temple aux Israéliens et aux touristes


Israël et la Jordanie seraient en contact ces derniers mois pour la réouverture de la mosquée al-Aqsa et du Dôme du Rocher, situés sur l'Esplanade des Mosquées (Mont du Temple pour les Juifs), aux Israéliens et aux touristes. Ces sites sont fermés aux visiteurs depuis l'an 2000. Les autorités des deux pays estiment que la réouverture de ces sites avec des visites payantes pourrait empêcher la violence, car le Waqf, l'autorité qui gère les lieux saints musulmans, aurait ainsi un intérêt incitateur pour faire régner le calme de cet endroit qui fait actuellement l'objet de fortes tensions...


Le Waqf, cet organe religieux, était autrefois contrôlé par l'Autorité palestinienne, mais il est aujourd'hui sous l'influence croissante de la Jordanie.
Quelques détails de la négociation ont été révélés dans un rapport de "International Crisis Group", une Ong basée à Bruxelles. dont la publication est prévue mardi dans la journée.
Après avoir rencontré des responsables israéliens, jordaniens et palestiniens, les auteurs du rapport concluent qu'une telle initiative pourrait effectivement parvenir à maintenir le calme sur le Mont du Temple (Esplanade des Mosquées pour les Musulmans). Mais ils avertissent également qu'Israël pourrait compliquer la conclusion d'un tel accord.
Un haut responsable au Bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahou a émis une déclaration sibylline: "Il n'y a pas ni négociations ni changement du statu quo au Mont du Temple".
Jusqu'en 2000, les Juifs et les Chrétiens sur le site du Mont du Temple (esplanade des Mosquées pour les Musulmans) pouvaient pénétrer au Dôme du Rocher (Mosquée d'Omar), dans la mosquée al-Aqsa et au musée islamique en achetant un ticket au Waqf. La seconde Intifada en septembre 2000 a mis fin aux visites.
Durant les trois années qui s'en suivirent, Israël a empêché les Juifs et les touristes de se rendre sur le Mont du Temple. Mais l'Etat hébreu rouvre le site aux Juifs et aux touristes en août 2003 malgré l'opposition du Waqf et d'Amman.
Depuis lors, de nombreux incidents ont éclaté entre les visiteurs juifs, des activistes pour la plupart, qui exigent que les Juifs soient autorisés à prier, et les activistes musulmans, dont la plupart sont des membres de la Ligue islamique israélienne, rattachée aux Frères musulmans.

Efforts israéliens
En novembre 2014, le Premier ministre israélien Netanyahou a participé à une réunion à Amman avec le roi de Jordanie Abdallah et le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Les accords n'ont pas été rendus publics, mais depuis lors, Israël a fait des efforts appuyés et visibles pour réduire les tensions sur le lieu saint. L'Etat hébreu a en effet pratiquement levé toutes les restrictions aux pèlerins musulmans tout en les intensifiant à l'égard des Juifs. Netanyahou a également interdit aux ministres et aux députés de se rendre sur le lieu sacré et, à part une seule visite du député Likoud de l'époque, Moshé Feiglin, personne n'a désobéi.
Toutes ces mesures ont produit le résultat escompté. Il n'y a pas eu de violences sérieuses sur le Mont du Temple ces derniers mois, bien que les altercations entre Musulmans et Juifs sont fréquentes.
Le rapport cite un des conseillers de Netanyahou disant que "les deux principales parties prenantes savent comment agir de façon responsable. Le sentiment général est celui de l'initiative, une initiative durable. Nous y sommes parvenus en dépit des provocateurs des deux côtés".
Le succès de cet effort israélo-jordanien a accéléré les pourparlers actuels pour permettre aux visiteurs d'entrer dans les mosquées comme ils pouvaient le faire jusqu'en 2000, avec à la clé, deux conséquences importantes. Tout d'abord, cela signifierait une reprise de la pleine coordination sur le Mont du Temple entre Israël, la Jordanie et le Waqf, pour la première fois depuis 2000. Actuellement, cette coordination se limite à la police et, dans une certaine mesure, aux fouilles archéologiques. Deuxièmement, cela permettrait de rétablir l'autorité de la Jordanie, par opposition à l'Autorité palestinienne, sur l'Esplanade des Mosquées.


L'intérêt des deux parties

Les responsables israéliens interrogés par l'Ong pour la rédaction du rapport, ont indiqué qu'Israël souhaite la réouverture des mosquées pour deux raisons majeures: renforcer la position du monarque jordanien à la fois vis-à-vis du Waqf et des aussi des islamistes jordanien, d'une part. La deuxième raison est de donner l'opportunité au Waqf de s'assurer une source de revenus fructueuse par la vente des tickets d'entrée ce qui augmenterait sa motivation maintenir le calme et d'empêcher les jeunes Musulmans de jeter des pierres au risque de voir Israël faire immédiatement cesser les visites, et donc les revenus.
Pour le roi Abdallah, l'avantage serait la reconnaissance par Israël de son autorité sur le Mont du Temple. "Ce qui est très important", affirme-t-on au palais royal, car l'instabilité du lieu saint nuit à la sécurité intérieure de la Jordanie et à la notoriété du souverain hachémite.
Mais des difficultés ont surgi au cours des pourparlers. Les Jordaniens refusent l'accès aux mosquées aux soldats en uniforme et aux Juifs religieux qu'ils suspectent de vouloir prier. Israël refuse tout en affirmant qu'il tiendra à l'écart les Juifs susceptibles de commettre des provocations.
Mais de nombreux observateurs évoquent les difficultés actuelles de Netanyahou qui aura du mal à faire accepter un tel accord avec une majorité aussi étroite et sous la pression de partis religieux.
Cependant le rapport appelle les deux parties à finaliser l'accord.
Les auteurs du rapport précisent qu'ils n'écartent pas l'idée, dans un avenir lointain, de fidèles juifs priant sur le le Mont du Temple, mais seulement dans le cadre d'un accord politique global.
En vertu du traité de paix signé entre Israël et Jordanie en 1994, le royaume hachémite est le gardien de tous les lieux saints musulmans de Jérusalem, dont l'Esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam qui abrite le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa.
Désigné par les Juifs sous le nom de Mont du Temple, et par les Musulmans sous le nom d’Al-Aqsa, le lieu est sacré pour ces deux religions.
Selon le statu quo en vigueur, il est interdit aux Juifs de prier sur le site.
Source I24News