mardi 16 décembre 2014

Élections 2015 : Israël entre en période d’économie électorale


Le gouvernement israélien se lance dans une “économie électorale”. Enjeu: s’attirer les faveurs de l’électorat par largesses et promesses infondées. Depuis la proclamation des élections anticipées en mars prochain, le chef du gouvernement israélien, Benyamin Netanyahou, multiplie les promesses dont beaucoup répondent aux impératifs d’une « économie électorale ». Son objectif : se faire réélire en donnant le sentiment aux électeurs qu’il est le seul capable de redresser la situation économique du pays...


Le problème, c’est qu’il s’agit souvent de promesses irréalisables, de largesses infondées, voire de cadeaux farfelus. En voici quelques exemples relevés ces derniers jours au gré des déclarations à la presse écrite ou télévisée. La liste n’est pas exhaustive.

PRODUITS DE BASE : SUPPRESSION DE LA TVA

Après l’échec de la TVA à 0% sur le logement, Benyamin Netanyahou a proposé la suppression de la TVA (18% aujourd’hui) sur les produits de base. À ses yeux, la baisse des prix des produits alimentaires serait plus significative pour les classes moyennes que la baisse des prix de l’immobilier. Et elle coûterait moins cher : 2 milliards de shekels pour la suppression de la TVA sur les produits de base, contre 3 milliards pour la suppression de la TVA sur le logement.
La proposition du Premier ministre ne s’est pas arrêté là : l’économie réalisée (1 milliard de shekels) permettra d’améliorer les avantages fournis aux soldats démobilisés. Ceux-ci pourront ainsi bénéficier d’une bourse d’études de 60.000 shekels (contre 30.000 aujourd’hui).

LOGEMENTS : BAISSE RÉTROACTIVE DES PRIX

Personne en Israël ne s’opposera à une baisse des prix du logement. Mais une baisse rétroactive ? Cette idée saugrenue est née dans l’esprit d’Eugène Kandel, conseiller économique du Premier ministre et président du Conseil économique. Il y a quelques mois, le gouvernement a adopté un programme de baisse des prix des logements dit « prix-cible » (en hébreu « Mehir Matara ») ; dans le cadre de ce plan, l’Etat vendra, à bas prix, des terrains destinés à la construction des logements qui seront proposés à un prix de vente inférieur de 20% au prix normal du marché.
Seulement voilà : ce programme n’a pas encore été lancé et il sera retardé en raison de la tenue d’élections. Ce qui n’empêcherait pas le futur gouvernement de la mettre en œuvre rétroactivement : les promoteurs immobiliers qui ont acheté des terrains de l’État mais n’ont pas eu le temps de construire, bénéficieront d’une subvention pour vendre leurs logements à un prix inférieur de 20% au prix du marché. Mais rien ne garantit qu’une telle baisse rétroactivité des prix soit soutenue par le futur ministre des Finances.

SECTEUR ARABE : FONDS DÉBLOQUÉS

Le conseil des Ministres, qui s’est tenu dimanche à Jérusalem, a adopté un vaste plan pour le « développement économique du secteur arabe ». Au menu : en 2015, 68 localités arabes, druzes et circassiennes, se verront accorder une enveloppe budgétaire allant jusqu’à 690 millions de shekels (140 millions d’euros) pour favoriser leur développement. Cet investissement public permettra d’améliorer les transports en commun, de créer des emplois, de réduire la pauvreté, de construire routes et logements, de créer de nouvelles zones industrielles, etc.
Ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement israélien se montre généreux vis-à-vis des Arabes d’Israël à la veille d’élections. Cette fois-ci, le Conseiller juridique du gouvernement pourrait y apposer son veto : dans une lettre adressée aux ministres, le Conseiller juridique a relevé des « difficultés juridiques pour adopter un tel plan après la dissolution de la Knesset ». Dans tous les cas, et en l’absence de budget pour 2015, ce plan devra être rediscuté par le gouvernement qui sortira des urnes après les 27 mars prochain.

REDEVANCE TV : SUPPRESSION ANTICIPÉE

La suppression de la redevance TV en Israël est programmée pour septembre 2015. L’idée d’avancer sa suppression au 1er mars, c’est-à-dire un peu avant les élections législatives, a été avancée par plusieurs experts proches du dossier de la réforme de la télévision publique.
Au ministère des Télécommunications, on refuse de lier les législatives à la suppression de la redevance ; le calendrier pour mettre en place la nouvelle Autorité de radiodiffusion ne peut être raccourci, même si la loi prévoit que la suppression de la redevance devrait avoir lieu entre mars et septembre 2015.

Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley