La Montagne, le Plateau, ce sont les noms que l’on donne communément à toute une région très particulière, celle du plateau du Vivarais-Lignon. C’est là que ce trouve ce village extraordinaire, Le Chambon-sur-Lignon, dont nous ne nous lasserons jamais de vous rappeler l’histoire.
Par leur courage, les habitants du Chambon-sur-Lignon et des villages avoisinants ont sauvé des milliers de juifs, au prix de leurs vies, sans jamais déroger de leur ligne de conduite. Pour cela, le village a reçu le titre de Juste des Nations en 1988, exception partagée avec un village des Pays-Bas, le titre de Juste n’étant décerné par Yad Vashem qu’à titre individuel.
Pour que l’on n’oublie jamais cela non plus, pour qu’on se souvienne toujours qu’en ces temps de folie destructrice une étincelle d’espoir a brillé sans discontinuer pour toutes les victimes du nazisme sur le Plateau, un lieu de mémoire ouvrira ses portes le 3 juin 2013 au Chambon-sur-Lignon. Une exposition permanente enrichie de nombreux témoignages filmés retracera l’histoire des habitants du Plateau pendant la guerre. Une histoire qui tient en quelques mots rares : spiritualité, résistance, engagement et lutte. Un mémorial de la vie, l’histoire d’un village de Justes des Nations. Ce projet sera présenté à la presse nationale le 15 mai à 18h au Sénat, salle René Coty.
Ce lieu de mémoire fait partie des endroits que nos enfants doivent visiter au même titre que le Mémorial de la Shoah ou la Maison d’Izieu. Ne jamais oublier, c’est aussi cela, garder la mémoire de ces manifestations extraordinaires de l’humanité.
Pendant la seconde guerre mondiale, alors que tant de citoyens ont préféré ignorer la barbarie nazie envers les juifs, ce village l’a rejetée, en bloc, soudé derrière ses deux pasteurs, André Trocmé et Édouard Theis. Le lendemain même de la signature de l’armistice, André Trocmé prononce devant le village rassemblé au temple un sermon qui appelle la population à ne pas céder à la sauvagerie et à sauver son âme en y résistant : « Ainsi, parce que nous n’avons pas bien usé de la liberté qui nous était donnée, ne renonçons pas à la liberté, sous prétexte d’humilité, pour devenir des esclaves, et plier lâchement devant les idéologies nouvelles. Ne nous faisons pas d’illusions: la doctrine totalitaire de la violence a acquis ces derniers jours un formidable prestige aux yeux du monde, parce qu’elle a, du point de vue humain, merveilleusement réussi…… S’humilier, ce n’est pas plier devant une telle doctrine. Nous sommes convaincus que la puissance de cette doctrine est comparable à l’autorité de la Bête, qui est décrite dans le chapitre 18 de l’Apocalypse. Cette doctrine n’est rien d’autre que l’antichristianisme. C’est pour nous une question de conscience que de l’affirmer, aujourd’hui comme hier. »
En écho à ce sermon, le 10 août 1942, des enfants déclarent à un ministre de Vichy en visite dans leur village : « Nous ne faisons pas de différence entre juif et non juif. C’est contraire à l’enseignement évangélique. Si nos camarades, dont la seule faute est d’être nés dans une autre religion, recevaient l’ordre de se laisser déporter ou même recenser, ils désobéiraient aux ordres reçus et nous nous efforcerions de les cacher de notre mieux ».
Des enfants qui suivant l’exemple de leurs aînés ont, par cette simple réplique à un représentant de l’autorité qui collaborait, montré ce que signifiait la conscience d’être des êtres humains libres.
Source Tribunejuive.info