mercredi 15 août 2018

Dubai 2010: Des agents du Mossad assassinent un dirigeant du Hamas


En 2010, l’assassinat d’un dirigeant du Hamas dans un palace de Dubaï, aux Emirats arabes unis, a mobilisé près de 30 agents du Mossad, les services secrets israéliens. Une opération finement réglée, trahie par les caméras de surveillance.......Détails.........


A 13 h 30, les employés de l’hôtel Al Bustan Rotana, un palace de Dubaï, se sont enfin résolus à ouvrir la chambre 230. Depuis des heures, une femme harcelait au téléphone la réception. Elle n’arrivait pas à joindre son mari. Elle avait raison de s’inquiéter.

Ce 20 janvier 2010, quand les employés parviennent à débloquer la porte fermée de l’intérieur par la chaîne de sécurité, ils découvrent le corps sans vie de Mahmoud al-Mabhouh.
Ce Palestinien de 49 ans n’est pas n’importe qui.
Il s’agit d’un haut responsable de la branche armée du Hamas, un mouvement proche des Frères musulmans, considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays.
Selon les premières constatations, l’homme aurait succombé à une crise cardiaque, ou peut-être à un accident vasculaire cérébral. Mais la police décide de pousser plus loin ses investigations.
L’homme est dans le collimateur des Israéliens depuis vingt ans pour l’assassinat de deux soldats de Tsahal, l’armée de l’Etat d’Israël.
Il est surtout soupçonné d’importer dans la bande de Gaza des armes iraniennes, en particulier des roquettes destinées à être tirées sur Israël. Le 30 janvier, l’enquête locale conclut à un meurtre : le chef de guerre palestinien aurait d’abord été électrocuté avec une sorte de pistolet Taser, puis étouffé à l’aide d’un coussin.
Le sac bourré de médicaments posé à côté de son lit ? Il ne lui a jamais appartenu.

La police de Dubaï refait alors le film des événements. Petit à petit, elle reconstitue, à l’aide de dizaines de caméras de surveillance, la chronologie du meurtre et identifie ses auteurs.

Des téléphones cryptés

Deux jours avant la découverte du corps, 27 voyageurs suspects – 25 hommes, 2 femmes – arrivent par deux ou bien seuls depuis la France, la Suisse, l’Allemagne ou encore l’Italie.
A l’aéroport, ils présentent des passeports britanniques, irlandais, français, australiens et un allemand.
Leurs noms : Peter Elvinger, Michael Bodenheimer, Michael Barney, James Clarke, Stephen Hodes, Paul Keeley, Melvyn Mildiner, ou encore Gail Folliard. Pour la plupart, ils utilisent de « vrais faux » passeports, en usurpant les identités de citoyens bien réels.

A l’aéroport, les membres du commando présentent des passeports britanniques, irlandais, français, australiens et un allemand. 
 
L’opération est menée par la branche du Mossad baptisée Césarée, la ville de Palestine dans laquelle les Juifs s’étaient rebellés contre Rome, en l’an 66.
Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, un pseudo a été attribué à al-Mabhouh : « Ecran plasma ».
Après vingt ans de traque, le filet du Mossad s’est brusquement resserré. Les surveillances à Dubaï auraient commencé un an plus tôt.
Une planification plus que méticuleuse, avec reconnaissance de diverses chambres d’hôtels (jusqu’au fonctionnement de leurs serrures), doublée de renseignements de premier ordre afin de connaître l’agenda précis du Palestinien, qui voyage sous un faux nom et prend toutes les précautions, par exemple en évitant de réserver une chambre avec balcon.
Les membres du commando du Mossad ont pris soin de descendre dans des hôtels différents.
Mais ils étaient parfaitement synchronisés. Les agents spéciaux utilisaient des téléphones cryptés, en relation avec l’Autriche, et Paris était la plateforme logistique de toute l’opération.
Comme c’est l’usage pour ce type d’actions, plusieurs équipes étaient actives sur le terrain.
L’affaire du Rainbow Warrior a révélé cette technique, utilisée alors par la DGSE, les services de renseignement extérieur français. A Dubaï, une équipe est chargée directement de l’opérationnel, une autre se tient en couverture, une troisième en surveillance. Rien n’est laissé au hasard.
Ce qui n’empêche pas les imprévus. En l’occurrence, les caméras de surveillance de l’hôtel, qui ont filmé les tueurs et leurs complices lorsqu’ils arpentaient les couloirs de l’établissement.
Le 19 janvier, à 14 h 12, le jour J, un binôme constitué de deux hommes peu discrets, en tenue sportive, arrive à l’hôtel Al Bustan Rotana. Deux tennismen un peu bedonnants, en casquette, tee-shirt bleu et polo jaune. L’un a poussé le détail jusqu’à placer une serviette sur son épaule.
Avec son partenaire, moustachu, ils suivent le Palestinien dans l’ascenseur. Raquettes à la main, ils repèrent sa chambre, puis parlent amicalement avec une employée de l’hôtel.
Peu après, ils sont filmés alors qu’ils transmettent par téléphone le numéro de la chambre, ainsi que celle juste en face, la 237.
A 15 h 53, le « Français » Peter Elvinger téléphone depuis un centre d’affaires voisin afin de réserver la chambre 237. Un nouveau duo, portant de lourds sacs, rejoint alors l’hôtel. Vingt minutes plus tard, la « cible » quitte sa chambre.
Dans le hall, un homme au tee-shirt rouge lui emboîte le pas et annonce son départ.
A 16 h 33, « Peter Elvinger », casquette plate anglaise sur la tête, costume, chemise blanche et sacoche en main, arrive à la réception de l’Al Bustan Rotana et se fait remettre la clef de la 237. Puis il la donne à un complice et quitte l’hôtel, histoire de brouiller un peu plus les pistes.
A 17 heures, « Gail Folliard » pénètre à son tour dans le palace, d’un pas pressé. Elle a pris l’apparence d’une femme d’affaires et rejoint un complice dans la chambre 237.
Dans son sillage, un homme en costume entre dans l’ascenseur avec une casquette Adidas mais en ressort au deuxième étage avec, vraisemblablement, une perruque châtain.
Deux autres personnages arrivent encore ensemble, en tenues décontractées, puis encore deux autres, avec des sacs plutôt volumineux. L’action a commencé.

Après leur passage, les agents du Mossad on été repérés grâce aux caméras de l'hôtel. (Illustration Titwane pour Le Parisien Week-End)
 
Eliminé en moins d’une demi-heure

Gail et un moustachu en costume-cravate, identifié plus tard comme étant « Kevin Daveron », prétendument de nationalité irlandaise comme elle, font les cent pas devant l’ascenseur, au deuxième étage. Un client apparaît. Il cherche sa chambre.
Le duo le ralentit en jouant les employés d’hôtel serviables, car l’intrus risque de venir gêner les autres membres du commando. Hors de portée des caméras, ces derniers sont en train de reprogrammer l’accès à la chambre 230, pour pouvoir l’ouvrir le moment venu.
Enfin, à 20 h 24, Mahmoud al-Mabhouh est de retour à son hôtel. Gail le croise dans le couloir, puis se place en surveillance devant les ascenseurs.
A 20 h 46, deux hommes musculeux et porteurs de casquettes de base-ball sont filmés en train de quitter ce même deuxième étage.
Ils sont immédiatement suivis par deux autres agents, même look et également athlétiques.
Ce sont les tueurs, la police en est convaincue. Tous quatre se serrent dans l’ascenseur et quittent le palace. Une minute plus tard, Gail Folliard et un homme partent à leur tour.
A 20 h 52, une femme et un homme, l’équipe « chapeaux de paille » restée en soutien dans le hall, poussent à leur tour la porte vitrée de la sortie. L’opération est terminée.
L’élimination du Palestinien a duré moins d’une demi-heure. Quand son corps est découvert, le commando est déjà loin.
Ses membres ont atterri à Paris, Hong Kong ou Johannesbourg. L’opération est pour le Mossad un demi-échec : l’agence israélienne est nommément pointée du doigt par la police de Dubaï, ses agents ont été repérés par les caméras, leurs photos communiquées à Interpol et diffusées dans la presse !
Pour autant, les membres du commando n’ont jamais été retrouvés....

Source Le Parisien
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