Vingt ans après le centenaire de la fondation du sionisme dans la cité rhénane, Tel-Aviv lorgne à nouveau du côté de la Suisse pour célébrer le mouvement à l’origine de la création de l’Etat d’Israël. Israël fait durer le suspense. Son premier ministre Benyamin Netanyahou pourrait se rendre en août à Bâle, où le congrès sioniste mondial songe à commémorer les 120 ans de la création du mouvement à l’origine de la création de l’Etat d’Israël.....
Fin février, une délégation israélienne s’est rendue en Suisse pour discuter de cette possibilité avec les autorités locales et fédérales, comme le révélait la Basler Zeitung.
Au cours de cette discussion, la possibilité d’un événement de grande ampleur auquel participerait le premier ministre israélien, mais aussi des chefs d’Etat européens, a été mise sur la table.
A ce jour, il n’y a toujours pas de demande ni de liste d’invités officielle, ce qui n’a pas empêché les autorités bâloises d’accueillir froidement ce projet.
200 policiers, 10 millions de francs
Le temps presse et les autorités bâloises, chargées en collaboration avec la police fédérale d’évaluer si la ville est à même d’assurer la sécurité d’une telle manifestation, ont d’ores et déjà fait leur calcul: Ce congrès nécessiterait la mobilisation de 200 policiers et coûterait 10 millions de francs.
Une évaluation basée sur l’expérience menée lors de la conférence ministérielle de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en 2014, qui avait amené dans la cité rhénane 53 ministres des Affaires étrangères et près de 1200 délégués de 57 Etats membres.
Alors, quelque 1000 policiers et 3600 soldats de l’armée avaient été mobilisés.
«Pour organiser un congrès de cette ampleur, nous aurions besoin d’un an et demi de préparation et d’une participation financière de la part de la Confédération. Un événement de plus petite taille serait souhaitable» souligne Marco Greiner, porte-parole du gouvernement bâlois.
Berne, de son côté, attend que le premier ministre Benyamin Netanyahou envoie une lettre à la présidente de la Confédération Doris Leuthard, avant de se prononcer.
Quant à l’ambassade israélienne, elle confirme qu’elle «explore» encore la «possibilité» de tenir ce congrès. «Rien n’a été décidé officiellement», communique-t-elle.
Au parlement, en revanche, le projet israélien a déjà suscité des réactions. Le conseiller national Carlo Sommaruga critique une «instrumentalisation politique» destinée à faire de la Suisse une plate-forme internationale de «promotion de la politique israélienne d’annexion des territoires palestiniens, qui sape la solution de paix de deux Etats promue par l’ONU et la Suisse».
Une éventualité qui n’est sans doute pas étrangère aux inquiétudes du gouvernement bâlois, dominé par la gauche.
Bâle, berceau de l’Etat d’Israël
En 1997, Israël avait déjà jeté son dévolu sur Bâle pour organiser le centième anniversaire de la création de l’Etat d’Israël. «A Bâle, j’ai fondé l’Etat juif», avait écrit Theodor Herzl dans son journal intime.
C’est dans la cité rhénane qu’en août 1897, le journaliste autrichien a créé le premier congrès sioniste, point de départ d’un processus qui a abouti à la création d’Israël, cinquante ans plus tard.
Avant cela, il aura fallu vingt et un autres rassemblements, dont dix auront lieu au bord du Rhin également. «Aujourd’hui, dans chaque ville israélienne, il existe une rue de Bâle», note Patrick Kuny, historien à l’université de Lucerne, spécialiste de l’histoire du sionisme.
La Suisse, pourtant, n’était pas le premier choix de Theodor Herzl, qui visait d’abord Vienne, ou Munich.
Dans la première, l’antisémitisme était trop virulent. Dans la seconde, la communauté juive, hostile au sionisme, avait refusé d’héberger l’événement. «Les autorités bâloises et, de manière générale, la société suisse libérale du 19e siècle s’est montrée au contraire très ouverte et bienveillante à l’égard du projet d’Etat d’Israël», souligne Patrick Kuny.
Il y a vingt ans, un millier de participants avaient afflué à Bâle pour l’occasion, dans la salle du casino de Bâle.
Quelque 700 militaires étaient venus prêter main-forte aux 1200 policiers mobilisés pour l’occasion. L’événement avait une dimension plus scientifique que festive: Durant les quelques jours qu’avait duré la commémoration, des chercheurs suisses, israéliens, américains et européens avaient participé à des débats et des colloques autour du sionisme et des relations entre judaïsme et islam.
«Il y a vingt ans, l’atmosphère était plus favorable pour un tel événement qu’aujourd’hui», remarque Patrick Kury.
Les négociations entamées au début des années 1990 autour des accords de reconnaissance mutuelle entre Israël et l’Organisation de libération Palestine (accord d’Oslo) avaient fait naître un espoir d’entente entre Israéliens et Palestiniens.
«Depuis, la situation n’a fait que se dégrader au Proche-Orient. Le contexte actuel est plus propice à une mise en scène politique de l’Etat d’Israël qu’à une réflexion sur le sionisme».
Source Le Temps
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