lundi 6 mai 2013

Les capsules secrètes du ghetto de Varsovie



Emanuel Ringelblum, travailleur social et historien reconnu, est parqué avec sa famille dans le ghetto de Varsovie dès sa constitution.  Témoin au premier plan des exactions nazies et ignorant encore le destin des Juifs, il rassemble en septembre 1939 un groupe comprenant des historiens, des écrivains, des rabbins, des travailleurs sociaux ainsi que des gens ordinaires et même des enfants afin d’amasser des pièces à charge pour le témoignage qu’ils comptent porter après la guerre.

 Le nom de groupe est choisi en référence à la prescription biblique du délice du chabbat car le groupe se rencontre chaque samedi pour discuter du progrès des collectes et recherches.
 Les membres d’Oyneg Shabbos travaillent en équipe, regroupant des documents et sollicitant les témoignages et des rapports de douzaines de volontaires de tout âge. Le matériel recueilli se compose d’essais, de journaux intimes, de dessins, d’affiches murales et tout autre matériel décrivant la vie dans le ghetto.



Le 19 janvier 1942, Jacob Grojanowski détenu au camp d’extermination de Chelmno réussit à s’évader et à rejoindre le ghetto de Varsovie, où il donne des informations détaillées sur le camp au groupe Oneg Shabbat. Son rapport, connu sous le nom de rapport Grojanowski, est transmis hors du ghetto par le canal de résistants polonais et est envoyé à Londres où il est publié en juin.
Emanuel Ringelblum L’accélération de la cadence des déportations et la nature du camp d’extermination de Treblinka, destination des convois, étant connue, il devient évident que les Juifs de Varsovie ne survivront probablement pas à la guerre. Ringelblum décide alors de cacher les archives dans trois bidons de lait et dix boites métalliques et d’enterrer le tout dans les caves de trois maisons différentes du ghetto. Le travail de collecte s’achève en janvier 1943.



En septembre 1946, les dix boîtes métalliques contenant des milliers de documents sont découvertes dans les ruines de Varsovie. Deux des bidons de lait sont déterrés en décembre 1950 dans la cave d’une maison en ruine au 68 rue Nowolipk. Quant à la troisième cache, elle n’a toujours pas été découverte, et des rumeurs font état qu’elle se trouverait sous l’actuelle ambassade de Chine à Varsovie. Cependant des recherches sur place effectuées en 2005 n’ont pas permis de localiser les documents manquants. Une incroyable histoire juive qui n’est pas sans rappeler celle des manuscrits de la Mer Morte…

Source Universtorah