lundi 4 mars 2013

L’économie israélienne est handicapée par l’incertitude politique



Les négociations pour la formation d’une coalition gouvernementale tournent au ralenti; en attendant, l’horizon s’assombrit pour l’économie d’Israël
Alors que Benyamin Netanyahou a obtenu deux semaines supplémentaires pour former son gouvernement, la récession menace toujours l’économie israélienne. Les derniers indicateurs économiques du mois de janvier 2013 ne sont pas encourageants: la consommation cale, les exportations reculent, la production industrielle ralentit.

En ce début mars, l’Etat ne dispose toujours pas de budget voté pour 2013 et la politique économique qui sera suivie par le prochain gouvernement n’a pas été arrêtée. Or, le temps joue contre la reprise de l’activité: si 2012 a été une année perdue pour l’économie israélienne, on peut craindre que 2013 ne lui ressemble. A trop attendre, l’économie israélienne court de nombreux risques: en voici les principaux.

L’ABAISSEMENT DE LA NOTE DE CRÉDIT D’ISRAËL
Le prolongement de la période d’instabilité politique et l’absence de budget pour 2013 sont autant de menaces qui pèsent sur la note attribuée par les agences d’évaluation financière à Israël. On se souvient déjà comment, en juillet 2011, l’agence Standard and Poor’s avait abaissé la note attribuée à la dette publique des Etats-Unis: pour la première fois de leur histoire, ceux-ci ont été privés de leur “AAA” en raison des “risques politiques” de voir le pays prendre des mesures insuffisantes contre son déficit budgétaire.
En Israël aussi, un déficit public de 39 milliards de shekels (8 milliards d’euros), soit 4,2% du PIB, exige des mesures immédiates pour redresser les finances publiques. Sans quoi, le déficit dépassera la barre des 5% du PIB en 2013. Dans le contexte géopolitique tourmenté, ce pourrait être une raison suffisante pour abaisser la note de crédit d’Israël, ce qui renchérira le coût du crédit que le gouvernement israélien obtient sur les marchés internationaux.

UNE CROISSANCE INFÉRIEURE À SON POTENTIEL
A trop attendre, l’économie israélienne aura de plus en plus de mal à retrouver son potentiel de croissance estimé à 4,5% l’an. Les économistes considèrent qu’en dessous d’un taux de croissance de 3% l’an, l’économie israélienne entre dans un cycle de récession. Or selon l’Institut israélien de la Statistique, Israël a connu un rythme annuel de croissance de 2,8% au second semestre de 2012, contre 3,3% au même semestre de l’année précédente.
Pour l’heure, le chômage ne montre pas de signe d’aggravation, il a même reculé à 6,5% en janvier 2013. Cette stabilité de l’emploi est surtout obtenue par la montée du travail à temps partiel qui efface des listes du chômage les Israéliens qui auraient préférer travailler à temps plein. Une croissance qui tomberait à 2% entraînerait inéluctablement la montée en flèche du nombre de chômeurs.

LA CONSOMMATION DES MÉNAGES EN BERNE
Si l’économie israélienne se contracte à un rythme accéléré, c’est aussi parce le consommateur israélien dépense moins: au second semestre 2012, la consommation par tête a baissé de 0,7%, après une augmentation de 1,9% au premier semestre. Les achats de biens durables sont en chute libre, en particulier les véhicules (-24,4%), l’électroménager (-5,5%) et l’ameublement (-3,3%).
Pourquoi le consommateur israélien dépense moins? Parce qu’il ressent un fort sentiment d’insécurité économique. Selon une enquête de l’agence Nielsen réalisée à la fin 2012, près de 90% des Israéliens estiment que l’économie connaîtra une récession en 2013. Dorénavant, la crainte du chômage est plus fréquemment mentionnée par les Israéliens que la crainte d’une guerre; ce qui justifie que les consommateurs réduisent leurs dépenses de consommation en attendant des jours meilleurs.

LA PERTE DE DÉBOUCHÉS EXTÉRIEURS
Le ralentissement économique dans le monde a conduit à la fermeture de nombreux débouchés pour l’économie israélienne, en Europe comme en Amérique du Nord. De même, le renchérissement du shekel face au dollar et à l’euro réduit la rentabilité des exportations et favorise les importations. Résultat: le déséquilibre des échanges commerciaux d’Israël s’aggrave.
Au cours de trois derniers mois (de novembre 2012 à janvier 2013), les exportations de marchandises ont chuté de 16,6% en rythme annuel: les exportations de matériel de high tech se sont même effondrées de 19,4% au cours des trois derniers mois. Au moment où la crise politique se prolonge, les industriels israéliens sont conscients qu’un débouché perdu pour leurs marchandises sera difficile à reconquérir.

Source Israel Valley