mercredi 24 mars 2021

Auschwitz: travail de détective pour retracer le sort des victimes


Nom après nom, date après date, les experts du musée d’Auschwitz-Birkenau retracent, grâce à des archives jusqu’à présent fermées, le sort de victimes de ce camp de la mort nazi allemand, symbole de l’Holocauste - un travail d’investigation, de patience et de commémoration........Détails........

Ewa Bazan, archiviste, ne cache pas son émotion face aux nouvelles informations sur les prisonniers du camp, accessibles grâce à un projet commun de deux ans réalisé avec les grandes Archives Arolsen en Allemagne.
«Lorsque nous avons commencé ce projet, nous ne savions pas à quoi nous attendre», dit-elle à l’AFP.
Plus de 120.000 documents ont déjà été répertoriés dans le cadre de ce projet, inconnus ou apportant des précisions sur le destin des prisonniers.
Parmi eux, des détails sur l’ancien résistant et peintre français Léon Delarbre ou le Polonais Franciszek Jazwiecki, auteur de nombreux portraits de prisonniers du camp, mentionné jusqu’à présent une seule fois dans les fichiers d’Auschwitz-Birkenau.
Les deux peintres ont été transférés, avec leurs dossiers, à Buchenwald et c’est dans les archives de cet autre camp nazi, préservées à Arolsen que de nouvelles informations ont été retrouvées.
Ce genre de découvertes sont d’autant plus précieuses que les Allemands ont brûlé 90% de la documentation d’Auschwitz-Birkenau, alors que celle de Buchenwald a été sauvegardée en grande partie.
«Environ 400.000 personnes ont été enregistrées à leur arrivée au camp d’Auschwitz, alors qu’on estime à 905.000 le nombre des victimes des chambres à gaz tuées immédiatement après leur descente des wagons, sans aucune trace dans les documents», indique à l’AFP Krzysztof Antonczyk, chef du répertoire numérique du musée qui rassemble les informations sur les prisonniers.
«Leurs noms apparaissent parfois seulement sur les lettres de transport établies par les nazis», ajoute-il.

Nouveaux noms

Le fichier retrouvé de Léon Delarbre comprend notamment sa photo, son adresse à Belfort, sa date de naissance, son descriptif, y compris les dents manquantes, ainsi que les dates des transferts entre camps.
De nouvelles informations retrouvées à Arolsen concernent environ 30.000 prisonniers d’Auschwitz. Parmi eux, entre 3.000 et 4.000 noms apparaissent pour la première fois.
Les Archives Arolsen contiennent environ 30 millions de documents, dont ceux d’anciens camps de concentration nazis, de ghettos, de la SS ou de la Gestapo.
Pendant des années, elles n’ont fourni d’informations qu’aux familles des anciens prisonniers mais ont été ouvertes à la recherche scientifique en 2007.
Les fichers retrouvés à Arolsen renferment parfois des informations inespérées, souligne Mme Bazan.
Une seule fiche peut contenir des éléments sur les membres de la famille du prisonnier, leur nom et âge, révéler s’ils étaient aussi prisonniers d’Auschwitz ou d’un autre camp, s’ils y sont morts ou ont été transférés ailleurs.
«Avec un seul nom, nous pouvons apprendre des choses sur d’autres personnes que nous ignorions parmi les prisonniers d’Auschwitz», explique-t-elle, «c’est un peu comme des puzzles».
«Nous avons retrouvé beaucoup de documents concernant les Juifs hongrois transportés à Auschwitz après mai 1944 et dont les noms ne figuraient dans aucune archive» à notre disposition, souligne Mme Bazan.
Sur les fiches de Buchenwald établies au nom des frères Jeno et Mor Hoffmann, déportés de Hongrie à Auschwitz en mai 1944, puis transférés à Buchenwald avant d’être renvoyés à Auschwitz, figurent les noms de leurs parents et de leurs épouses, tous aussi prisonniers du camp. Jusqu’à présent, ces noms restaient inconnus.
«Auschwitz est le plus grand cimetière sans tombes au monde», souligne M. Antonczyk, «Nous voulons établir l’identité du plus grand nombre possible de prisonniers».
Le répertoire est «une sorte d’épitaphe».
«Notre travail est celui d’un détective et d’un historien, mais c’est surtout un travail de commémoration», dit-il.

Perdus à jamais

Actuellement, quelque 300.000 noms d’anciens prisonniers sont répértoriés au musée d’Auschwitz.
Le projet commun d’Arolsen et du site d’Auschwitz est né «du besoin du coeur», souligne Mme Bazan.
«Lorsque que quelqu’un venait nous voir au musée dans l’espoir d’apprendre quelque chose sur ses proches, et que nous ne pouvions rien lui dire, c’était aussi traumatique pour nous», dit l’archiviste qui travaille au musée depuis 20 ans.
«Le moindre détail compte pour les proches des victimes», souligne-t-elle regrettant que «certains noms soient perdus à jamais».

Source L' avenir
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