dimanche 9 août 2020

Le rabbin Adin Steinsaltz, traducteur du Talmud, est décédé



Auteur d’une traduction de référence du Talmud et considéré comme l’un des maîtres du judaïsme contemporain, le rabbin Adin Steinsaltz est mort vendredi 7 août à Jérusalem, à 83 ans.......Portrait........


Sa traduction du Talmud (contenant une masse d’informations sur la législation, la culture et l’histoire du peuple juif, telle une véritable encyclopédie du judaïsme) est « la » référence en matière d’édition juive. Au point que l’on parle du « Steinsaltz », comme on parle du « Larousse ».
Le rabbin Adin Steinsaltz est mort vendredi 7 août, des suites d’une maladie à l’âge de 83 ans, a annoncé l’hôpital de Shaare Zedek à Jérusalem. Il était né dans cette ville en 1937, au sein d’une famille laïque - son père avait émigré de Varsovie en Palestine dès 1924.
Adin Steinsaltz avait étudié les mathématiques et la chimie, avant de se tourner vers l’étude approfondie des textes sacrés juifs. 
Mais cet homme à la mémoire encyclopédique et à la curiosité universelle, pouvait parler tout autant de biologie moléculaire, de littérature russe ou française, d’écoles psychanalytiques, faisant preuve d’une immense culture qui tranchait quelque peu avec les rabbins orthodoxes qui n’ont généralement fréquenté que l’école talmudique.

45 volumes, traduits en plusieurs langues

Cette passion pour le Talmud, Adin Steinsaltz la faisait remonter à l’âge de 10 ans, lorsque son père, nourri au sionisme socialiste, l’avait envoyé se former chez un ami de Jérusalem, ancien professeur du séminaire rabbinique de la rue Vauquelin à Paris. 
« Je me fiche de savoir si tu es ou seras croyant, lui avait-il expliqué alors, mais je ne veux pas d’un fils ignorant dans la famille. »
Adin Steinsaltz est à peine âgé de 28 ans lorsqu’il se lance, en 1965, dans l’aventure colossale de traduire en hébreu moderne les 5 000 pages du Talmud de Babylone, consigné en araméen. 
Son but : permettre à un large public, en dehors des yechivot (écoles talmudiques), de découvrir la « lumière » du Talmud. « Let my people know ! » (Laissez mon peuple connaître), avait-il l’habitude de dire en plagiant Moïse devant Pharaon (« Let my people go ! »).
Devenu rabbin, et marié à une Française dont il eut trois enfants, il travaillait avec toute une équipe, mais il relisait tout et écrivait lui-même beaucoup. Le Talmud « Steinsaltz » compte 45 volumes, traduits en plusieurs langues.

« Une part essentielle de la judéité »

Plus de deux millions d’exemplaires du « Steinsaltz » ont été vendus à travers le monde et toutes les yeshivot d’Israël et de la diaspora l’utilisent. Pour Adin Steinsaltz, « le Talmud est une part essentielle de la judéité. 
Un juif qui ne sait pas cela ne se connaît pas lui-même et reste un peu comme une âme perdue ».
Dans les années 1980, peu avant la chute du Mur de Berlin, le rabbin Steinsaltz avait fondé à Moscou et à Saint-Pétersbourg l’Institut d’études juives (avec centre de formation et maison d’édition), afin de permettre à des milliers de juifs russes de renouer avec leur héritage culturel, d’apprendre l’hébreu et de se former au judaïsme avant leur éventuelle « alya » (retour en Israël).
À Moscou, il avait également fondé dans les années 2000 l’Institut international Mélamedia, pour former des éducateurs et des responsables de communautés juives. 
En Israël encore, le Centre Steinsaltz est à la tête d’un réseau d’écoles appelé Mekor Haïm (Source de vie).

« Un homme d’un grand courage spirituel »

Auteur prolifique, il a également écrit des dizaines de livres d’exégèse sur la littérature biblique et rabbinique, traduits notamment en anglais, français, russe, chinois et coréen. 
Récompensé par les universités les plus prestigieuses (Yale, Princeton, Floride, Yeshiva University, Ben Gourion) et les meilleures institutions (Académie russe des sciences, Ordre français des arts et des lettres), il avait reçu en 1988 le prestigieux Prix Israël.
Membre du mouvement hassidique Habad (ou Loubavitch), dont le siège se trouve à New York, il avait été pressenti en 1994 pour succéder à son dirigeant, Menahem Mendel Schneerson. À la suite d’un AVC en 2016, le rabbin Steinsaltz avait perdu l’usage de la parole.
Dans un communiqué, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué, vendredi, la mémoire d’un « immense savant, génie de la Torah et homme d’esprit exceptionnel ». 
« C’était un homme d’un grand courage spirituel, a déclaré de son côté le président israélien Reuven Rivlin, d’une profonde connaissance et d’une pensée profonde qui a permis au peuple d’Israël d’accéder au Talmud dans un hébreu clair et accessible. »

Source La Croix
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