La quatrième journée de la première édition lilloise de Séries Mania a permis, outre quelques allers-retours dans le temps, de réaffirmer, autour de la dystopie Autonomies, la vitalité et l’audace des séries israéliennes......Détails......
Ni heurts, ni arrestations, ni vitrines cassées, à Lille, ce 1er mai, mais du muguet et des séries, encore des séries, toujours plus de séries.
Ainsi, après un petit tour au Tripostal, pour y admirer les expositions de photos dédiées à la mythique Twin Peaks et aux tribulations de deux fans de séries finlandaises qui ont visité une dizaine de lieux de tournage, de Londres à la Colombie britannique canadienne, pour recréer les scènes les plus emblématiques de séries cultes, puis assister à une séance de dédicaces et faire le plein de bouquins, il était temps de mettre le cap vers les salles obscures. D’abord un retour dans le temps avec Huit heures ne font pas un jour, épatant feuilleton familial en cinq épisodes de 90 minutes du cinéaste allemand des années 1970, Rainer Werner Fassbinder (l’intégralité sort ces jours-ci en DVD chez Carlotta).
Ensuite un bon dans le futur avec la projection tardive des deux premiers épisodes de la saison 2 de la série de science-fiction déjà très, très culte de Jonathan Nolan, Westworld , lancée le 22 avril sur HBO et en US+24 sur OCS City.
Entre ces deux rendez-vous particuliers - et, réjouissons-nous, deux éclaircies… -, il fallait découvrir Aux animaux la guerre (France 3), l’adaptation en six épisodes du roman éponyme de Nicolas Mathieu par Alain Tasma, avec Roschdy Zem, Olivia Bonamy et le jeune Rod Paradot, césarisé pour La tête haute . Très âpre, mais aussi très lumineuse, elle suit, sur fond de désindustrialisation dans les Vosges et de petites, voire de grosses magouilles, les destins d’une étonnante galerie de personnages. L’ensemble est effectivement fort, bien réalisé, plutôt réussi.
De s’interroger tout de même sur la tonalité, la violence de la série et sa diffusion prochaine sur France 3, la chaîne de Mongeville et de Magellan… Mais selon le coscénariste et réalisateur Alain Tasma, «s’il y a de la violence, de grands drames et de grandes difficultés, il y a aussi beaucoup d’amour et des gens qui sont vent-debout pour ne pas perdre leur dignité». CQFD.
Entre brûlot, métaphore, pamphlet, réinterprétation du Jugement de Salomon et dystopie
Autre événement et non des moindres, Autonomies, présentée en compétition officielle et en première mondiale depuis la scène du Nouveau Siècle, et qui confirme après On the spectrum, Miguel et When Heroes Fly (les deux dernières ont été montrées au festival concurrent CanneSéries), le dynamisme des séries israéliennes.
L’histoire se déroule en 2019, dans une Israël scindée en deux. D’un côté, Jérusalem, aux mains des ultra-orthodoxes. De l’autre, Tel Aviv, état laïc et séculaire. Et au milieu, un mur de béton gris, des tensions extrêmes, mais aussi une sage-femme rongée de culpabilité pour avoir échangé deux bébés neuf ans plus tôt, et deux familles diamétralement opposées. Ovni? Brûlot? Pamphlet? Réinterprétation politique et politisée du Jugement de Salomon? Métaphore? Dystopie?
On ne saurait vraiment le dire, tant l’histoire - par ailleurs édifiante, succulente, parfaitement maîtrisée - est riche de références et de détails discrets. «Ce qu’il faut surtout ne jamais oublier, dit l’un des deux auteurs, c’est que de chaque côté de ces murs, il y a des êtres humains». Nous n’avons sans doute pas tout compris. Mais nous avons adoré.
Les amateurs de séries attendaient aussi l’ancien ministre Bernard Kouchner, également créateur - le croirez-vous? - de la série hospitalière de la fin des années 1970 Médecins de nuit, pour soutenir la restauration et l’édition nouvelle de ses cinq saisons.
Et Nathalie Baye, invitée par Séries Mania pour évoquer ses séries préférées en compagnie de la patronne du festival Laurence Herszberg. Mais tous deux se sont désistés…
Source Le Figaro
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