jeudi 30 novembre 2017

Hausse de 20% des crimes haineux au Québec...


Voies de fait. Menaces. Harcèlement. Les crimes haineux ont augmenté de plus de 20 % au Québec en 2016, selon Statistique Canada. Et tout indique que la tendance à la hausse se poursuivra cette année, alors que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) rapporte que le nombre de plaintes a pratiquement doublé depuis le début de 2017......Détails.........
 
PLUS DE CAS AU CANADA

Statistique Canada a compilé les plus récentes données sur les crimes haineux déclarés par les corps policiers. Ceux-ci ont connu en 2016 une légère progression de 3 % à l'échelle du pays par rapport à l'année précédente, 1409 cas ayant été signalés.
La hausse est toutefois nettement plus marquée au Québec, où les policiers ont enregistré 327 crimes haineux.
C'est 21 % de plus qu'en 2015. Cette augmentation dans la province s'explique principalement par un nombre plus élevé de cas ciblant les Arabes (ou Asiatiques de l'Ouest) ou la population juive, ainsi que pour des raisons d'orientation sexuelle, selon les données de Statistique Canada.

FORTE HAUSSE À MONTRÉAL...

La vague observée en 2016 ne semble pas vouloir s'estomper à Montréal, où le SPVM rapporte que le nombre de cas a continué à augmenter. Le corps policier montréalais dit avoir enregistré 215 crimes haineux de janvier à octobre dernier.
C'est pratiquement le double par rapport à l'année précédente. À pareille date en 2016, les policiers montréalais en avaient comptabilisé 112.
« Montréal est encore très sécuritaire. Ce n'est pas nécessairement parce qu'il y a plus de crimes haineux, mais parce qu'il y a plus de dénonciations », nuance Line Lemay, lieutenante-détective à la section de la prévention et sécurité urbaine.
Le SPVM a en effet entrepris de mieux encadrer les crimes haineux. Depuis mai 2016, le corps policier a mis en place un module spécifiquement consacré aux crimes et incidents haineux.
Les agents montréalais reçoivent d'ailleurs une formation pour bien traiter ces plaintes.

... ET À QUÉBEC

Les statistiques révèlent une hausse marquée des crimes haineux dans la région de Québec en 2016.
Les 57 cas qui y ont été recensés l'an dernier représentent le double par rapport à l'année précédente. Notons toutefois que 50 cas avaient été signalés en 2015. La capitale québécoise affiche ainsi 7,1 cas de crimes haineux par 100.000 habitants.
C'est davantage que Montréal, qui affiche un taux de 4,7 cas par 100.000 habitants.

DES CRIMES PLUS VIOLENTS

Phénomène particulièrement inquiétant, Statistique Canada note que les crimes haineux perpétrés dans l'ensemble du pays sont de plus en plus violents. Ainsi, les cas impliquant des voies de fait, des menaces ou du harcèlement criminel ont augmenté de 15 % en 2016.
De tous les crimes haineux, 43 % impliquaient de la violence, contre 38 % l'année précédente.
À noter, les gens ciblés en raison de leur orientation sexuelle sont les plus susceptibles de subir de la violence, 71 % de ces crimes impliquant des voies de fait ou des menaces.

UNE PRISE DE CONSCIENCE ?

Malgré cette augmentation marquée, le directeur du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, Herman Deparice-Okomba, estime qu'« il n'y a pas lieu de s'alarmer. C'est peut-être simplement un signe que les gens sont davantage conscients qu'il faut dénoncer ».
Il dit d'ailleurs sentir une préoccupation croissante envers ces enjeux, surtout depuis l'attentat de la mosquée de Québec, en janvier dernier.
Alors que 70 % des appels concernaient la radicalisation religieuse en 2016, 60 % touchent aujourd'hui les extrêmes droite et gauche, selon M. Deparice-Okomba.
Selon lui, il importe donc de comptabiliser aussi les incidents haineux - soit ce qui n'est pas criminel - afin d'avoir un meilleur portrait du phénomène.

INQUIÉTUDES

D'autres se disent toutefois inquiets de la hausse des crimes haineux, particulièrement chez les Arabes et les musulmans, principales victimes au Québec.
« Ce qu'on remarque, c'est qu'il y a une détérioration de la situation au Québec. Quand on voit qu'il y a de plus en plus de groupes d'extrême droite à manifester dans les rues, de commentaires sur les réseaux sociaux, c'est évident que c'est accompagné de gestes », déplore Haroun Bouazzi, coprésident de l'Association pour les musulmans et Arabes pour la laïcité au Québec.
Celui-ci dénonce le manque d'actions du gouvernement, notamment le recul sur la commission sur le racisme systémique.

RÉSEAUX SOCIAUX ET POLITIQUE

La popularité des réseaux sociaux pourrait également être en cause dans la hausse des crimes haineux. Le SPVM dit recevoir de nombreuses dénonciations en lien avec des propos tenus sur l'internet.
« On voit beaucoup de dénonciations pour des propos sur les réseaux sociaux, ce qu'on voyait beaucoup moins avant », note la lieutenante-détective Line Lemay.
Le climat politique tendu sur la scène internationale pourrait aussi jouer pour beaucoup, avance pour sa part Herman Deparice-Okomba. « Le contexte politique est un facteur déterminant.
Avec l'élection de Donald Trump, on a vu une augmentation lorsqu'on a commencé à dire qu'il fallait interdire certaines nationalités. Comme on dit souvent, quand les États-Unis ont un rhume, ici, on éternue. » Il cite aussi le cas du groupe armé État islamique. Il dit également avoir observé une hausse d'appels lors des crises, comme les attentats.

AILLEURS AU PAYS

La Colombie-Britannique connaît aussi une hausse marquée des crimes haineux. À cette extrémité du pays, ce sont toutefois les Asiatiques qui sont la principale cible. D'autres provinces ont quant à elles enregistré une baisse des crimes haineux.
C'est le cas notamment en Alberta, où l'on note une diminution de 28 %. Province la plus populeuse au pays, l'Ontario a recensé le plus grand nombre de crimes haineux, mais ceux-ci sont néanmoins en légère baisse.
Ce sont les personnes noires ainsi que les populations juives qui y subissent le plus grand nombre de crimes haineux.
Source La Presse
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