mercredi 31 août 2016

Feu vert pour exporter de la Marijuana d'Israël à l'étranger

 
 
Après des mois de discussions et de désaccords au sein du Gouvernement, le ministre de la santé israélien Uri Ariel a enfin donné son accord pour exporter de la marijuana dans le monde entier. Deux milliards d’euros. C’est ce que rapporterait chaque année aux cultivateurs néerlandais l’exportation de cannabis. Les israéliens vont-ils vendre plus ? ...





Uri Yehuda Ariel est un homme politique israélien qui siège actuellement à la Knesset pour le parti nationaliste et néosioniste “Le Foyer juif”. Il était ministre du Logement et de la Construction dans le Gouvernement Netanyahou III du 18 mars 2013 au 14 mai 2015.
Il est désormais le ministre de l’Agriculture et du Développement Rural dans le Gouvernement Netanyahou IV.
LE PLUS. Israël prend très au sérieux le cannabis thérapeutique. Pour un peu, l’installation de B.O.L Pharma au nord du pays, protégée par un fossé, un mur d’enceinte, des barbelés, des caméras et des hommes en armes, ferait penser à une base militaire israélienne. S’il ne s’en dégageait cette légère odeur âcre de marijuana.
Ici, à la périphérie d’un paisible village du nord d’Israël, poussent à l’abri des regards 50 000 plants issus de 230 variétés différentes dans la deuxième plus grande ferme de cannabis médical du pays.
« Pour le cannabis aussi, nous sommes en terre promise, avec un bon climat, 300 jours de soleil par an, une humidité parfaitement adaptée », résume Tamir Gedo, le PDG de B.O.L Pharma, société pharmaceutique habilitée par le ministère de la Santé à faire pousser et distribuer du cannabis thérapeutique.
En Israël, la consommation récréative de cannabis est illégale. Mais l’État autorise et encourage depuis 10 ans le cannabis thérapeutique.
En 2015, les médecins ont prescrit du cannabis médical à environ 25 000 patients atteints de cancer, d’épilepsie, de stress post-traumatique ou de maladies dégénératives, non pas pour soigner leur mal, mais pour en atténuer les symptômes.
L’emploi du cannabis à des fins thérapeutiques divise les médecins autour des questions de la dépendance et des troubles du comportement comme l’agressivité.
Le cannabis présente les vertus reconnues de longue date de raviver l’appétit, réduire les troubles du sommeil, et possède des propriétés anxiolytiques et même anti-inflammatoires, objectent ses prescripteurs.
Ils soulignent que, dans le domaine de la recherche sur le cannabis, tout reste à défricher.
Cette recherche avance plus vite en Israël qu’ailleurs. Les autorités sont plus libérales et les tests cliniques sur les humains échappent à la réglementation, contrairement à d’autres pays.

Devenir un «Canna-Hub» mondial

De plus en plus d’entrepreneurs, de chercheurs et d’investisseurs se lancent donc dans ce business, à la recherche d’une herbe de pointe : un médicament purifié, dosable et avec le moins d’effet planant possible. Dans l’enceinte de B.O.L (Breath of Life, qui signifie «souffle de vie» en français) Pharma, complexe de serres et de laboratoires sur deux hectares, chaque plant est bichonné par un logiciel, qui, à distance, contrôle 24 heures sur 24 les paramètres biochimiques.
La culture de cannabis médical nécessite une surveillance particulière de certains composants actifs, comme le THC, molécule psychotrope qui donne l’impression de planer et qui n’est pas recommandée pour tous les patients, notamment les enfants.
« Sous l’égide du ministère, qui a toujours une attitude pionnière sur le sujet, on a forgé notre expertise en matière d’essais cliniques et maintenant on peut la partager avec de nombreuses compagnies aux États-Unis ou en Europe », dit le patron de B.O.L Pharma.
Il évoque de premiers résultats, entre autres, sur des patients souffrant de la maladie de Crohn, caractérisée par une inflammation chronique de l’intestin, des diarrhées à répétition et des douleurs abdominales.
Israël n’a pas le droit d’exporter ses fleurs de cannabis, le produit de ses récoltes. Il mise en revanche sur l’exportation d’une expertise agronomique, médicale et même technologique pour devenir un «Canna-Hub» mondial.

Inhalateur, vaporettes et huiles essentielles

Une vingtaine d’équipes universitaires locales se sont spécialisées dans le domaine. L’université hébraïque de Jérusalem vient d’inaugurer son Centre de recherche du cannabis.
Environ 200 acteurs du secteur étaient réunis début mars à Tel-Aviv pour le CannaTech, salon annuel de l’innovation en la matière.
Les yeux un peu rouges pour certains, malgré l’interdiction de consommer clairement annoncée, les entrepreneurs en costume exposaient leurs produits : des vaporettes semblables à des cigarettes électroniques mais destinées au cannabis médical, des produits contre la bouche pâteuse, des crèmes et onguents à base de cannabis.
Plusieurs start-up s’en tiennent aux produits dérivés, un peu gadgets. D’autres voient plus grand. « Regardez ce qui s’est passé en deux ans, la vitesse à laquelle la légalisation du cannabis progresse.
Cette opportunité, on ne va pas la manquer et vu ce que mettent sur la table les premiers investisseurs, on sent que ça va être très gros» , claironne Saul Kaye, à la tête du premier incubateur de start-up israéliennes engagées dans l’industrie du cannabis.
En janvier, le géant américain du tabac, Philip Morris, a investi 20 millions de dollars dans la firme israélienne Syke, spécialisée dans les inhalateurs de cannabis médical, sorte de cousin sage de la pipe à eau, souvent appelée «bang», des fumeurs d’herbe.
Au même moment, l’entreprise israélienne Eybna annonçait avoir mis au point les premières essences de cannabis garanties sans aucune substance illégale.

Source Israel Valley