vendredi 1 juillet 2016

Paracha Korah : D.ieu est-il invité dans nos vacances d'été ?





La paracha « Kora’h » relate l'épisode du personnage Kora’h. Cet homme, qui était un notable de la tribu de Lévy s'opposa à Moché rabbénou en l'accusant d'avoir pris le pouvoir de son propre chef. Il réussit à convaincre 250 chefs de tribunaux qu'il fallait se révolter contre Moché et de plus, il leur démontra que Aharon, le frère de Moché, n'avait pas été nommé comme grand prêtre par D', mais par l'initiative de Moché...







Face à ce mouvement de révolte, Moché rabbénou décida de repousser toute réprime au lendemain, en espérant que Kora’h et ses partisans feraient téchouva.
Il leur dit que le lendemain, chacun devra apporter de l'encens pour en faire une offrande. Par ce biais, D' distinguera les coupables des innocents : Il fera mourir les rebelles et laissera en vie les véritables préposés.
Le lendemain, Kora’h et ses hommes se présentèrent devant le tabernacle et se préparèrent à "offrir" leur encens. Puis, après les avoir prévenus une dernière fois de leur erreur, Moché leur ordonna d'approcher leur offrande. À ce moment là, la terre s'ouvrit et avala l'assemblée de Korakh. Tous y moururent et rejoignirent l'enfer en criant haut et fort : « Moché est vrai et sa thora est vrai ! ». Depuis ils sont en enfer et ils s’écrient sans arrêt « Moché est vrai et sa thora est vrai ! ».

Un des grands maîtres faisait remarquer l'importance de ne pas retarder la téchouva, même pour un court instant. Si Kora’h et son assemblée avaient reconnu Moché et sa thora comme étant authentiques, de leur vivant, ils n'auraient pas eu besoin de le faire en enfer pendant plus de 3300 ans (car ils crient encore aujourd'hui).
Nous voyons de cet épisode la force d’une seule seconde. En un instant on peut gagner ou perdre pour l'éternité.
Il est écrit que le machia'h va arriver sans crier garde. Bien que nous voyions clairement qu'il s'approche à grands pas, il viendra à un moment où personne ne s'y attendra. Ceux qui auront fait téchouva jusqu'à cet instant et qui se seront engagés à se soumettre à la volonté divine, auront gagné l'éternité. Mais ceux qui se réveilleront plus tard (prions tous pour qu'il n'y en ait pas) seront perdus l'éternité. Tout peut se jouer en un instant.
C'est pour cette même raison que les sages nous ont dit de faire téchouva chaque jour par crainte du lendemain, car un petit retard peut être fatal.
Rappelons cependant qu’il est impossible de porter un jugement sur Kora’h et son assemblée.
En effet, toutes les histoires rapportées dans la thora sont à prendre avec précaution : les fautes et les erreurs décrites n'étaient pas aussi grossières que nous pouvons le penser. Le niveau des générations antécédentes était immensément élevé.
Les sages disent que si les hommes de la génération précédente étaient des anges, nous serions des hommes, et si nous les considérions comme des hommes alors notre niveau correspond à celui des ânes. Plus les générations s'éloignent de la création directe de D', plus la matérialité est palpable et empêche la proximité de D'.
[Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas accomplir certaines mitsvot. Nous pouvons et devons réaliser toute la thora car le Saint béni soit-Il donne les forces à celui qui le désire.
Les difficultés ne doivent pas nous refroidir, mais nous encourager. En effet, le Saint Ari zal a dit à son grand élève le saint rabbi 'Haïm Vital que plus les générations sont basses et pleines de tentations, plus nos mitsvot ont des répercussions importantes et font des réparations spirituelles !]
La raison pour laquelle la thora nous raconte ces épisodes (qui sont hors de notre portée) est pour que nous puissions retirer les enseignements qui nous concernent à notre niveau. Voyons donc un second message que l'on peut apprendre de cet épisode.
Il s’agit de notre vulnérabilité. Ce passage de la thora nous montre clairement que n'importe qui peut faillir, même celui qui à un niveau très élevé : Kora’h était un prophète et un juste ; et malgré tout il est tombé !
Cela doit nous faire frémir : nous nous disons souvent que nous ne craignons rien et que nous pouvons affronter les épreuves sans aucun risque. Nous nous mettons ainsi dans des situations dangereuses, et ce, en comptant sur notre bon penchant. En réalité, plus une personne a peur de trébucher, plus elle s'éloigne du mal et recevra une aide providentielle pour en être sauvée. Celui qui a un niveau élevé craint encore plus le mauvais penchant.
On raconte qu'un élève vint un jour annoncer au Rav Eliahou. Lopian, qu'il allait à un mariage.
Le Rav lui demanda si le mariage allait être "cachère", si D' était invité ?
L'élève répondit que le mariage n'était effectivement pas entièrement conforme aux règles de pudeur mais que cela ne le dérangeait pas et qu'il n'avait pas peur de trébucher.
Le Rav lui s’écria : « J'ai plus de soixante-dix ans, je ne voit que d'un seul œil, et lorsque je vais à un mariage entièrement "cachère" j'ai peur de trébucher. Alors comment toi qui est jeune et qui vois bien n'as-tu pas peur d'aller à un mariage problématique ? » Voici ce qu'est la véritable crainte de D'.
En cette période de pré-vacances, nous devons particulièrement renforcer cette conviction : le mauvais penchant est très fort, et nous devons trembler devant son pouvoir. Il est ridicule de penser que nous pouvons garder nos pensées et notre regard si nous allons dans des plages mixtes ou dans d'autres endroits "sales". Ce n’est qu’en s’enfuyant des fautes que nous réussirons pleinement à garder notre âme pure.
Il est d’ailleurs marqué dans le livre 'akivta dimchi'ha  un appel du Rav Y. I. Lugassi à se renforcer pour combattre les tentations qu'amènent les vacances : les hommes, en intensifiant l'étude de la thora, et les femmes en se renforçant dans la pudeur.
Et bien entendu, en s’éloignant des lieux et des personnes qui risquent de nous faire trébucher. Ce sont les seules possibilités d'être préservés de la débauche.
Les précautions de nos maîtres, telle que l'interdiction d'isolement entre un homme et une femme, nous paraissent parfois exagérées, mais ces géants avaient un véritable regard sur les pulsions de l'être humain, et ont porté leur jugement sans partit pris.
L’enseignement de Kora’h nous permet de comprendre les précautions et les barrières que nos sages ont érigées.
Les meilleures vacances ne sont pas celles qui impressionnent les autres, mais celles passées dans la crainte de D' et avec une ascension spirituelle. C’est une véritable réussite de passer ainsi ses vacances !

Rav Emmanuel MIMRAN


Source Torah Box