Julie Depardieu, Johanna ter Steege et Suzanne Clément se partagent l’affiche de ce drame historique de Jean-Jacques Zilbermann. Que se passe-t-il quand on revient d’Auschwitz? Comment avoir une vie un tant soit peu normale? Que retrouve-t-on à son retour? Quels traumatismes conserve-t-on? C’est à ces questions, et à plusieurs autres, que tente de répondre Jean-Jacques Zilbermann dans À la vie (traduction, en français, du fameux Lehaim juif)...
Le cinéaste s’est inspiré de l’histoire de sa mère, sur qui il avait d’ailleurs fait un documentaire intitulé Irène et ses sœurs, mais qui n’avait jamais été projeté (on voit d’ailleurs les trois femmes à la fin d’À la vie).
Le film commence en janvier 1945, alors que les Allemands fuient le camp d’extermination d’Auschwitz pour échapper aux Alliés. Rescapée de la marche de la mort, Hélène (Julie Depardieu) arrive à Paris six mois plus tard, seule. Sa famille n’a pas survécu aux camps.
Elle a la chance inouïe de retrouver son appartement intact. Immédiatement, elle se dirige vers les locaux d’un journal juif pour y faire passer une petite annonce, car elle veut absolument entrer en contact avec Lili (Johanna ter Steege), une survivante qui l’a aidée et doute de pouvoir revoir Rose (Suzanne Clément), qu’elle croit morte.
Réapprivoiser la vie
Les mois passent, Hélène apprivoise lentement sa vie, fait de la couture, se lie d’amitié avec Raymond (Mathias Mlekuz), le frère de sa concierge, et revoit Henri (Hippolyte Girardot), son amour de jeunesse, dont la femme et l’enfant sont, eux, morts dans les camps. Victime d’expériences «médicales», Henri est un homme brisé.
Avance rapide dans les années 1960, alors qu’Hélène a organisé un court séjour à la station balnéaire Berck-sur-Mer avec Lili, finalement entrée en contact avec elle. La bonne surprise, c’est que Rose est aussi du voyage. Et, au cours de cette escapade, les trois amies vont parler, se souvenir... et vivre.
C’est un long métrage bien inégal que propose là Jean-Jacques Zilbermann. Autant certaines scènes sont d’une force peu commune (l’évacuation du camp, l’entrée d’Hélène dans l’appartement où elle retrouve les reliefs du repas qui a précédé son arrestation et celle de sa famille), autant on a du mal à pleinement ressentir toutes les émotions que le cinéaste a voulu transmettre.
Étrangement, c’est une fois que les trois comédiennes sont réunies que le courant ne passe plus, chaque personnage étant trop différent des deux autres pour qu’on se sente concerné par tous.
Film de Jean-Jacques Zilbermann.
Avec Julie Depardieu, Johanna ter Steege et Suzanne Clément
Source Journal de Montreal