dimanche 26 octobre 2014

Ventes d'Armes : Israël et l'Inde signent un contrat de 144 Millions de dollars

 
La délégation officielle de défense (en poste à l’ambassade d’Israël) en Inde est la deuxième plus importante au monde après les Etats-Unis. Cette semaine une information discrètement annoncée par les acteurs du deal : IAI va, durant les trois prochaines années, livrer de 262 missiles Barak1 à l’Inde...


Il ‘agit d’un contrat qui avait été retardé pour des raisons politiques. Le nouveau Gouvernement Modi, très pro-israélien, est certainement le plus favorable à l’Etat Hébreu depuis des années.
Bon an, mal an, les industriels israéliens de l’armement exportent vers l’Inde 1,5 milliard de dollars de matériel militaire. Mais aujourd’hui des inquiétudes planent

L’Asie, gourmande en armements, cherche à développer sa propre industrie

Michel Cabirol pour La Tribune (Copyrights) : "Pourquoi l’Inde est-elle si importante aux yeux d’Israël ? Depuis le réchauffement des relations en 1992 entre les deux pays, Jérusalem exporte massivement des matériels militaires vers ce partenaire. “Aujourd’hui, la coopération de défense entre Israël et l’Inde reste solide, avec l’essor de commerce d’armes”, confirme l’Institut Begin-Sadat pour les questions stratégiques. Une relation jusqu’ici essentiellement centrée dans le domaine de la défense et qu’Israël souhaite aujourd’hui étendre à d’autres activités commerciales et culturelles.
Durant la dernière décennie, Israël, qui s’est fait la spécialité de moderniser la plupart des matériels russes (notamment les avions de combat MiG 21 et chars T-72) a réussi l’exploit de vendre environ 10 milliards de dollars d’armements de plus en plus sophistiqués à l’Inde. Avec le système AWACS monté sur un avion russe Ilyushin II-76s, en mai 2009 puis en mars 2010, Jérusalem est devenu l’un des plus grands exportateurs d’armes vers New Delhi. Un mégacontrat évalué à 1,1 milliard de dollars signé en mars 2004 mais qui a été longtemps en suspens en raison des réticences des Etats-Unis, qui ne souhaitaient pas avantager aucun des deux belligérants dans le conflit entre l’Inde et le Pakistan. Un système d’armes que les Israéliens avaient tenté de vendre à la Chine en 2000. Mais les Américains avaient mis leur veto, craignant que Pékin l’utilise «dans le cadre d’une confrontation militaire avec Taïwan », selon l’Institut Began-Sadat.

Deuxième plus grand fournisseurs d’armes en Inde

C’est en 2006 que Jérusalem est devenu le deuxième plus grand fournisseur d’armes en Inde, derrière la Russie, avec « des ventes annuelles d’environ 1,5 milliard de dollars ». Cette année-là, Israël, qui talonne la France aujourd’hui quatrième exportateur d’armements mondial (5,12 milliards de prises de commandes en 2010), avait réussi à porter ces ventes de matériels militaires à 4,2 milliards de dollars au total. Le ministère indien de la Défense a quant à lui évalué entre 2002 et 2007 les acquisitions d’armement provenant d’Israël à 5 milliards de dollars.
Les industriels israéliens se sont très bien adaptés à la réglementation indienne, qui exige des investissements, dont les fameux transferts technologiques notamment, dans l’industrie indienne à hauteur de 30 % du montant du contrat signé. Des offsets qui permettront aux Indiens de développer une industrie d’armement locale à terme. Ainsi, le missilier Rafael a obtenu un contrat de 325 millions de dollars pour fournir à l’armée de l’air indienne le système d’armes Spyder (LLQRM), armé des missiles Python et Derby. En compensation, l’israélien s’est engagé à verser plus de 90 millions de dollars à l’industrie indienne.

De très gros contrats

Dans les années 2000, Israël a continué à signer des contrats en Inde quand les concurrents occidentaux avaient du mal à concrétiser leurs propects. L’israélien IAI a vendu des radars EL/M-2083 pour 600 millions de dollars. En septembre 2009, Israël a signé un contrat de 1,1 milliard pour fournir un système de défense aérienne tactique, qui doit être livré en 2017. En mars 2010, les deux pays ont finalisé une commande de 1,4 milliard pour le développement et la livraison du missile surface-air moyenne portée Barak 8. Enfin, en 2011, l’armée indienne a acquis 8.356 missiles antichars Spike, ainsi que 321 lanceurs et 15 simulateurs vendus par Rafael, pour 1 milliard. Et ce n’est pas fini. Israël souhaiterait vendre à l’Inde, très intéressée, un système de défense anti-missile baptisé David’s Sling and Iron Dôme. Mais Jérusalem devrait se heurter au veto américain.

Quelques inquiétudes pour l’avenir

Pour autant, Israël a quelques inquiétudes sur l’avenir. Même si l’Institut Begin-Sadat estime que « la coopération de défense indo-israélienne ne va pas probablement baisser dans un proche avenir ». Mais la montée de la communauté musulmane (160 millions) et les liens étroits entre l’Inde et l’Iran pourraient freiner ce partenariat étroit entre les deux pays. Tout comme les Etats-Unis, qui « limitent parfois la coopération » entre Israël et l’Inde.
En 2003, les Etats-Unis ont bloqué les négociations pour la vente du système anti-missile Arrow. « De telles actions tendent non seulement nos liens bilatéraux mais sapent aussi la crédibilité d’Israël comme un fournisseur d’armes fiable », regrette l’Institut. Et d’écorner la politique américaine dans la région : l’obtention des technologies qui permettrait à l’Inde de développer son propre système de défense de missile balistique « pourrait se heurter l’alliance américano-pakistanaise ». Plus récemment, en janvier 2011, les Etats-Unis ont interdit à Israël la vente à l’exportation du radar EL/M-2052 à plusieurs pays, y compris l’Inde. En revanche, ils « espèrent offrir une technologie semblable à l’Inde ». Israël craint que les Etats-Unis ne préfèrent privilégier leur propre relation avec l’Inde afin de nouer des liens stratégiques.
Israël voit également la montée d’une forte concurrence de sociétés étrangères, notamment américaines, françaises, notamment le missilier MBDA, et russes. Enfin, les industriels israéliens sont souvent pointés du doigt pour des affaires de corruption. Récemment six entreprises ont été blacklistées pour 10 ans du marché de la défense indien, dont Israel Military Industries (IMI). « La coopération indo-israélienne a aussi été de temps en temps sapée par des allégations de corruption et ainsi que par des affaires de corruption dans de certains contrats d’armement » , confirme l’Institut israélien".

Par Michel Cabirol

Source Israel Valley