lundi 6 octobre 2014

L'influence des événements politiques sur les adolescents israéliens

 
Des chercheurs de l'Université de Tel Aviv ont essayé de déterminer l'impact des conflits récurrents dans la région sur les adolescents israéliens et les troubles psychiatriques qu'ils pouvaient occasionner...analyse...



Plus de 8.000 jeunes analysés

L'étude a été publiée dans le Journal of Traumatic Stress par le professeur Michelle Slone de la faculté de psychologie de l'Université de Tel Aviv et le docteur Anat Shoshani de l'Interdisciplinary Center Herzliya (IDC Herzliya). Elle concerne plus de 8.000 Israéliens de confession juive âgés de 12 à 17 ans. Les informations ont été récoltées sur une période de 14 années et recouvrent 8 blocs temporels : avant la seconde Intifada (1998-2000), pic de la seconde Intifada (2001-2003), après la seconde Intifada (2004), évacuation de Gaza (2005), Guerre du Liban et attaques de missiles depuis Gaza (2006), autres attaques de missiles (2006-2007), opération Plomb Durci (2008-2009) et période de terrorisme global post-11 septembre (2010-2011).
Les chercheurs ont utilisé l'échelle PLE (Political Life Event) qui permet de noter la gravité de chaque évènement, de peu sévère à très sévère. Cette échelle a été largement utilisée et validée dans d'autres études psychologiques, tant au Moyen Orient qu'en Afrique du Sud. Pour l'évaluation des symptômes, ils ont utilisé l'échelle BSI (Brief Symptom Inventory), qui liste 53 manifestations psychologiques que les adolescents pouvaient évaluer de 0 (pas du tout) à 4 (très présent). Cela a permis pour la première fois d'évaluer un large panel de troubles psychologiques et du comportement, alors que les précédentes études se concentraient surtout sur le trouble de stress post-traumatique (post traumatic stress disorder).

De nombreux problèmes psychiatriques chez les adolescents israéliens

L'étude a montré que durant ces 14 années, les adolescents israéliens ont souffert de beaucoup plus de problèmes psychiatriques, souvent sévères, que les jeunes américains des mêmes âges. Des troubles obsessifs compulsifs, d'anxiété phobique et de paranoïa ont été mis en évidence. Il a été établi que les enfants israéliens souffrent de façon plus fréquente d'hyperactivité et de désordre psychologiques divers. L'apparition de ces problèmes est directement corrélée aux événements guerriers qui ont secoué le pays. Autre enseignement : les jeunes filles sont plus atteintes que les jeunes garçons, et cette différence augmente avec l'exposition directe au conflit. Cette découverte rejoint des résultats déjà établis sur les hauts taux de pathologies psychologiques chez les filles par rapport à ceux exprimés chez les garçons lors de guerres et conflits armés.
Certaines limites doivent être cependant soulignées. Il n'est pas établi que les symptômes décris ont effectivement donné lieu à des manifestations cliniques. De plus, aucune étude pré-conflit n'a pu être établie, ce qui ne permet pas de savoir si les enfants questionnés présentaient déjà les symptômes décrits. Enfin, tous les enfants n'ont pas forcément vécu les mêmes conflits.

Le rôle de l'école

D'après les chercheurs, les environnements non sécurisés et conflictuels perturbent les étapes critiques normalement surmontées durant l'adolescence, comme l'acquisition d'une identité personnelle et la recherche d'autonomie et d'un rôle dans la société. C'est pourquoi le professeur Slone estime que les systèmes de santé et d'éducation israéliens devraient élaborer une stratégie spécifique pour répondre aux besoins de ces adolescents psychologiquement atteints. "Même s'il n'y a pas de "solution rapide" aux détresses psychologiques significatives qui deviennent une partie prenante de la vie de jeunes gens dans des conditions de violence chronique et d'insécurité, une stratégie thérapeutique fiable, systématique et contrôlée doit être mise en place dans les écoles, explique-t-elle. L'école, parce qu'elle concerne tous les adolescents, quel que soit leur milieu d'origine, devrait jouer un rôle central pour les actions de prévention."

Source Bulletins Electroniques