dimanche 19 octobre 2014

Amy Winehouse : pourquoi sa voix nous manque tellement


Amy Winehouse n'a jamais joué à Tel Aviv, mais elle s'y trouve pourtant, par la pensée. Trois ans après sa mort tragique à l’âge de 27 ans, l’exposition "Amy Winehouse - Un portrait de famille" a été inaugurée en Israël, suite à son lancement au Musée juif de Londres l'an dernier. L'exposition est le fruit du travail du frère aîné d’Amy, Alex Winehouse. Évitant de tomber dans les clichés de Rise and Fall, il a souhaité mettre l'accent sur l'enfance et l'adolescence de sa soeur, ainsi que sur l'héritage de la chanteuse à Londres...



Alex fait valoir qu'en dépit du fait qu’elle était le personnage le plus célèbre de la famille, Amy n'en était pas nécessairement l'élément central. Leur rivalité d’enfants est indéniable; Alex avoue en effet qu’il ne se souciait guère de sa petite soeur et l'accuse sur le ton de l'humour de lui avoir volé certains de ses discs préférés. De rares photos de famille offrent aux visiteurs le portrait d'une famille juive normale, mais cette fille aux grands yeux et à l’air espiègle rêvant de devenir une chanteuse célèbre est de loin la plus captivante.
Bien qu’Alex Winehouse n'a pas envisagé cette exposition comme “un sanctuaire ou un mémorial", toutes sortes de souvenirs de sa soeur Amy y sont rassemblés: son Grammy Award de 2012 pour le meilleur duo pop (pour "Body and Soul" avec Tony Bennett, soit le dernier enregistrement d'Amy sorti après sa mort), une veste de bowling rose, la robe qu'elle portait pour le festival de Glastonbury en 2008 (un concert notoire au cours duquel elle a attaqué un fan), sa guitare Regal et d'innombrables passes pour accéder aux coulisses qui lui ont été remises au fil des ans.
Une exposition de ce genre est toujours considérée comme une rareté à la Beit Hatfutsot de Tel-Aviv - le Musée de la Diaspora. En accueillant "Amy Winehouse: Un portrait de famille”, le musée espère changer son image pour ne plus être considéré comme un lieu ennuyeux de visite pour les scolaires israéliens. “Nous nous efforçons maintenant de fournir un regard différent sur la vie et l'histoire juives au lieu de les présenter comme un simple conte angoissant de pogroms”, a confié à i24news la conservatrice en chef du musée, Orit Shaham-Gover.

“L'histoire d'Amy est aussi un exemple d’immigrants juifs qui ont prospéré, se sont assimilés et ont atteint le sommet de l'excellence dans tous les domaines de la vie. Bien que l'histoire personnelle d’Amy ne connaisse pas une fin particulièrement heureuse, nous pouvons quand même en montrer l’aspect optimiste de la vie juive moderne. Nous voulons briser la mentalité de ghetto qui est constamment nourrie ici”, a poursuivi la conservatrice du musée.
Contrairement à Leonard Cohen ou à Bob Dylan, Amy Winehouse ne traitait pas de thèmes religieux dans ses chansons et n'a jamais été saluée comme un grande artiste juive. Est-ce que Winehouse est sur le point de devenir une icône juive? Shaham-Gover croit que ce n'est pas le cas. “La question clé ici est de comprendre comment Amy se considérait elle-même.
Elle était très attachée à la vie et la culture juives. Nous voyons des photos d’Amy célébrant les fêtes juives aux côtés de sa famille. Nous voyons une copie du "Livre de cuisine juive" que le frère d'Amy lui avait acheté quand elle souhaitait faire de la soupe au poulet comme sa grand-mère la faisait, et ainsi de suite”, explique Shaham-Gover.
"Les chansons d'Amy étaient empreintes de beaucoup de tristesse. Elles contredisent quelque peu son enfance apparemment heureuse au sein d’une famille chaleureuse et aimante, que nous apprenons à connaître dans cette exposition.
Peut-être que cette contradiction était l'élément juif dans son travail".
"Amy Winehouse: Un portrait de famille" est autant sur Londres que sur ​​le judaïsme et sur les précieux moments de famille. Les racines londoniennes de la chanteuse peuvent être retracées jusqu’en 1890, lorsque son grand-grand-père, Harris Winehouse, est arrivé de la ville de Minsk alors qu'il comptait se rendre à New York. Comme beaucoup de ses compatriotes immigrants juifs, il est resté à Londres. Le père et le grand-père d'Amy étaient tous deux chauffeurs de taxi à Londres, ce qui pourrait expliquer l’affection assumée de la jeune fille pour l’errance dans les rues de Londres à la recherche de lieux de divertissement encore inconnus. L'exposition présente une carte détaillée des lieux préférés d'Amy. Il est certain que cela sera utile à tous ceux qui souhaiteront organiser des tours “sur les pas d’Amy" dans la ville.
De toute évidence, la statue grandeur nature d'Amy récemment dévoilée à Camden Market pourra être un excellent point de départ pour cette ballade.
Regarder les spectacles d’Amy et contempler ses effets personnels est grisant. Il faut surmonter l'inconfort d'être témoin de ce talent prometteur qui ignore encore tout des problèmes qui l’attendaient. Winehouse est encore vénérée par beaucoup pour avoir donné une touche contemporaine brillante et subversive à l'ensemble de ses aspirations vintages - que ce soit au niveau de la mode ou dans sa musique. Cependant, on entend à peine ses chansons dans cette exposition. Une salle un peu en marge propose une projection de son sombre succès "Back to Black" à la télévision en 2006, tandis que l’on peut entendre une vieille compilation d’Amy dans le hall principal. En présentant la musique en arrière-plan, "Amy Winehouse: Un portrait de famille" rend un hommage émouvant à la jeune artiste. Vous y trouverez une valise pleine de vieilles photos, et vous comprendrez à quel point sa voix nous manque.
Source I24News