Israël vient d'autoriser la publication de documents historiques relatifs à la disparition, il y a quarante-cinq ans du sous-marin israélien Dakar. Soixante-neuf marins israéliens se trouvaient à bord du Dakar qui rentrait à Haïfa après une mission.
Le 26 Janvier 1968, il disparaissait complètement des "écrans radar" et plus aucune communication ne fut jamais rétablie avec son équipage.
Le Cabinet israélien et l'armée commencèrent alors à multiplier les contacts diplomatiques et militaires pour tenter de localiser le submersible, jusqu'en mars 1968; Moshe Dayan, alors ministre de la Défense annonçait: "Le Dakar et son équipage ont disparu."
Dès les premiers jours, la marine avance trois explications possibles au naufrage du sous-marin.
Une défaillance technique ou une erreur humaine, une action hostile de la part de la flotte soviétique – "une possibilité qui ne peut pas être complètement écartée", ou une collision avec une autre embarcation en mer.
Quarante-cinq ans d'enquête et de recherches n'ont rien apporté de concluant qui puisse confirmer que la marine soviétique soit impliquée dans le naufrage du sous-marin - mais rien non plus n'a permis de catégoriquement rejeter cette hypothèse.
Le ministère des Affaires étrangères, lui, est centré dès les premières heures sur le refus de la Turquie de permettre à Israël de faire des recherches le long de son littoral.
Le 2 Février 1968, Daniel Laor, le représentant diplomatique d'Israël à Ankara, rapportait que l'attaché militaire israélien avait demandé au Chef d'État-Major turc de permettre aux navires de la Marine israélienne et à ses avions d'entreprendre des recherches sur une partie de la côte sud de la Turquie. Les Turcs ont refusé acceptant seulement de mener leurs propres opérations de recherche "avec l'aide d'Israël".
"Je leur ai exprimé ma déception", souligne Daniel Laor se proposant dans un autre télégramme envoyé à son ministère de décrypter l'attitude turque : une première explication serait liée à des impératifs de sécurité : "Il s'agit d'une zone sensible entre Chypre et la Turquie, souligne Daniel Laor. La Turquie ne veut pas que des navires étrangers observent ses mouvements de troupes dans cette région", écrit-il.
Et de fait, la Turquie envahit Chypre en 1974, six ans plus tard.
Beaucoup plus tard, cependant, la Turquie a contribué à faciliter les recherches approfondies menées par Israël mais les restes du sous-marin ne seront découverts dans les fonds marins méditerranéens qu'en 1999; un monument à la mémoire des naufragés du Dakar a depuis été érigé dans le cimetière militaire du Mont Herzl.
Cependant, "la question sur les circonstances du naufrage reste ouverte à ce jour", selon des sources aux Archives d'Etat.
Et les documents autorisés aujourd'hui à la publication - les câbles du ministère des Affaires étrangères, les procès-verbaux des réunions du Cabinet depuis le 26 Janvier 1968, un rapport de la marine israélienne de 1968 – s'ils permettent de connaître les interrogations soulevées à l'époque, n'apportent aucune réponse.
C'est sans doute que les documents les plus importants sont encore classifiés, notamment le rapport confidentiel de quatre-vingt sept pages remis le 1er mars 1968 à Moshe Dayan par l'ex-commandant de la marine, le général Harel Shlomo.
Le rapport complet - dont seuls quelques exemplaires secrets ont été distribués - sera publié dans son intégralité dans cinq ans, en 2018, cinquante ans après les faits.
Source Israel Infos