mardi 23 juillet 2019

Alfred Dreyfus pourrait être nommé général à titre posthume par Emmanuel Macron


Alfred Dreyfus pourrait être nommé général à titre posthume par Emmanuel Macron. Dans un discours, dimanche au Vel d’Hiv, la ministre des armées Florence Parly a explicitement ouvert la porte à une telle initiative, mais avec prudence, tant l’Affaire reste un sujet délicat dans les armées.......Détails.......



Dans un discours prononcé ce dimanche 21 juillet lors de la cérémonie de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv à Paris, la ministre des armées Florence Parly a déclaré:
« Il est encore temps que les Armées redonnent à Alfred Dreyfus tout l’honneur et toutes les années qu’on lui a ôtés. Et j’y veillerai personnellement ​». 
Le 21 septembre prochain marquera le 120e anniversaire de la grâce par le président Loubet de l’officier injustement condamné.
On connaissait le capitaine. 
On aura peut-être bientôt le général Dreyfus. Selon nos informations, révélées dimanche soir sur le blog Secret Défense de l’Opinion, Alfred Dreyfus pourrait en effet être fait officier général à titre posthume. 
La ministre des armées Florence Parly a entrouvert la porte à une telle éventualité, dans un discours prononcé dimanche 21 juillet lors de la cérémonie de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv à Paris. 
Comme souvent lorsqu’il est question de politique mémorielle, il faut lire entre les lignes, mais la ministre s’exprimait au nom du gouvernement et avec l’aval de l’Elysée. L’affaire – si l’on ose dire – est suivie en haut lieu.
Le 7 août prochain marquera le 120e anniversaire l’ouverture du procès de Rennes, au cours duquel la Justice militaire condamna à nouveau l’officier de retour du bagne, mais avec des « ​circonstances atténuantes ​». 
Il fut finalement gracié le 21 septembre par le président de la République Émile Loubet. 
Si « ​rien n’est décidé à ce stade ​», selon un proche du dossier, cette date symbolique pourrait, cette année, susciter des initiatives. Au-delà de la réparation d’une injustice, une telle décision de l’Elysée sera perçue comme un geste à destination d’une communauté juive française inquiète de la montée de l’antisémitisme. 
Et un marqueur identitaire de gauche, dont le président Macron semble avoir besoin.
Dans un discours pour l’essentiel consacré à la Shoah, la ministre des armées a glissé un paragraphe inattendu sur le destin d’Alfred Dreyfus.
« ​Je pense au destin fauché d’un brillant officier qui avait choisi de donner sa vie à son pays, qui avait pris la décision de revêtir l’uniforme pour défendre des valeurs dont ses pairs n’ont pas été dignes au moment du jugement. 
Le capitaine Dreyfus a été réhabilité, les Armées l’ont réintégré, promu au grade de lieutenant-colonel ​: indispensable mais maigre compensation des quatre années passées au bagne de l’île du Diable et des douze années hors des rangs ​». « ​Maigre compensation ​», dit-elle, en évoquant les seize années de carrière volées à l’officier à cause d’un complot indigne.
Point final. Etablissant un parallèle avec les déportés du Vel d’Hiv, Florence Parly s’interroge ​: « ​Que seraient-ils devenus si leur avenir ne leur avait pas été arraché ​? ​» 
Et de conclure, de manière impérative à destination de l’institution militaire ​: « ​Cent vingt ans après le procès de Rennes, les Armées doivent regarder leur histoire en face. 
Cent vingt ans plus tard, il est encore temps que les Armées redonnent à Alfred Dreyfus tout l’honneur et toutes les années qu’on lui a ôtés. Et j’y veillerai personnellement. Il y a les cicatrices que l’on peut apaiser… ​»
Selon nos informations, ces phrases évoquent une possible et exceptionnelle nomination à titre posthume du lieutenant-colonel Dreyfus au grade de général. Passé à la postérité comme capitaine, Alfred Dreyfus termina sa carrière militaire au grade de lieutenant-colonel. 
Désireux de rejoindre une Armée à laquelle ce patriote était viscéralement attaché, Dreyfus ne fut réintégré qu’en 1906 comme chef d’escadron, au poste de commandant de l’artillerie à Saint-Denis. Ses démarches pour la reconstitution de sa carrière n’aboutirent pas et il demanda sa mise à la retraite en 1907. 
En 1914, à 55 ans, il est mobilisé et participe notamment à la bataille du Chemin des Dames en 1917. Il est démobilisé en 1918 avec le grade de lieutenant-colonel de réserve. 
Alfred Dreyfus meurt en 1935, à l’âge 75 ans.
Lui donner ses deux étoiles de général de brigade à titre posthume serait un geste symbolique, mettant un point final à l’Affaire. L’exécutif souhaite qu’une telle mesure ne soit pas imposée d’en haut aux armées, mais qu’elle se fasse de manière consensuelle. 
Une partie de la haute hiérarchie militaire semble acquise à l’idée, mais des oppositions ne manqueront pas de s’exprimer autour de deux registres principaux ​: « ​à quoi ça sert ​? ​» et « ​ Dreyfus était plus une victime qu’un héros ​».
« ​Thèse ​». L’armée française n’en a donc pas fini avec l’Affaire, cent vingt-cinq ans après son déclenchement en 1894. L’exécutif a pris récemment plusieurs initiatives sur ce dossier. 
En 1998, à l’initiative du gouvernement Jospin, une plaque en l’honneur de Dreyfus avait été installée à l’Ecole militaire, suscitant alors des critiques dans la communauté militaire. 
Puis en 2006, le président Chirac lui avait rendu hommage sur les lieux mêmes où le capitaine Dreyfus avait été dégradé. Le président Macron songe visiblement à une nouvelle initiative.
On revient de loin. Il a fallu attendre le 7 septembre 1995 pour que l’armée de terre reconnaisse officiellement que l’affaire Dreyfus était une « ​conspiration ​» contre un « ​innocent ​», selon le général Mourrut, alors chef du service historique de l’armée de terre (SHAT), devant le Consistoire central des Israélites de France. 
En 1985 encore, le ministre de la Culture Jack Lang avait commandé une statue de Dreyfus au dessinateur sculpteur Tim. 
Devant la bronca, la statue ne put y être installée là où elle devait l’être, à l’Ecole militaire. Elle n’y est toujours pas…
En 1994, une note historique diffusée par les Armées présentait l’innocence de Dreyfus comme étant, non pas une certitude, mais « ​la thèse généralement admise par les historiens ​». 
Et, y lisait-on, « ​la conséquence essentielle ​» de l’Affaire fut « ​le démantèlement du service de renseignements français et la diminution des crédits pour l’armée ​». 
Ce texte coûta alors son poste au chef du Service historique. Depuis lors, ni la Revue historique des armées, ni le Musée de l’Armée n’ont montré beaucoup d’enthousiasme à aborder l’Affaire.

Source L'Opinion
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