Leur dernière pièce, Love Chapter 2, a fait sensation au dernier festival Montpellier Danse. La chorégraphe israélienne Sharon Eyal et son compagnon, Gai Behar, y explorent une véritable descente dans les ténèbres, d’où émergent la lumière et l’amour......Details........
Il y a dans l’écriture chorégraphique de Sharon Eyal et de Gai Behar une sensualité à part, quelque chose d’obsessionnel et de très personnel traitant pourtant de manière universelle, et donc déculpabilisante, nos jardins secrets, nos folies, nos pudeurs.
Il y a dans OCD Love, et ensuite dans Love Chapter 2, une forme de transe, voire de « décadanse ».
Sur la scène dépouillée, le noir domine, l’artifice est banni, ce sont les corps qui disent tout.
La musique est envoûtante, tout comme l’écriture chorégraphique, venant d’une culture dans laquelle se devinent l’exode, la transgression, la noirceur, la sensualité, la joie aussi, même si Sharon Eyal « voit tout en ombre ».
A OCD (trouble obsessionnel compulsif, en anglais) Sharon Eyal et Gai Behar ont ajouté le terme « love », prouvant d’emblée l’empathie qu’ils ont pour les dérèglements de l’âme.
« OCD Love a un relent de fumée poussiéreuse, de parfum de lune », affirme la chorégraphe, qui considère cette pièce comme sa première vraie création, parce que venant de ses tripes.
« Tout cela parle, en définitive, d’amour, dit-elle, d’amour dont on manque toujours, ou d’amants qui manquent de se trouver. Mes créations les plus importantes sont celles qui ont été faites après ma rencontre avec Gai. Celles d’avant ne comptent pas. »
Eyal est connectée à son temps, à sa culture, à sa nature, à l’humanité et à ses disparités, à la littérature. Celle de Neil Hilborn, dont le livre OCD a inspiré cette première œuvre.
Elle se nourrit également de toutes les autres formes d’art, notamment des films des frères Coen, de Lars von Trier ou de Spike Lee, ou de la musique. Surtout celle d’Ori Lichtik, qui accompagne ses créations depuis le début, et se compose souvent en direct, faisant ainsi du tout une œuvre collective.
Chez elle, la virtuosité flirte avec la musicalité des corps ruisselants, secs et dégingandés aux morphologies diverses, comme est l’humanité, habillés de shorts courts et de collants, de chaussettes noires, de bandages, de culottes de sumo, de hauts ou de bas en cuir, corps aux visages intenses et aux mèches de cheveux plaquées sur le front, au regard forcément noir.
D’une esthétique fascinante et inquiétante à la fois. Mais si OCD Love est ténébreux, Love Chapter 2 l’est encore davantage. « C’est un peu comme la fin du monde, sans miséricorde.
Comme une odeur de leurs, mais très sombre… où il y a beaucoup de bruit, de désespoir et de silence… Quelque chose que j’ai eu besoin d’extérioriser, comme un sombre caillou que j’ai dans ma poitrine.
Love Chapter 2 enferme de la froideur et de la solitude. C’est triste et joyeux, joyeux et triste. C’est une vie extrême… » conclut la chorégraphe, qui ne conçoit pas de créer, et danser, sans mettre son âme à vif.
Bio express de Sharon Eyal
Née à Jérusalem, Sharon Eyal a commencé par danser, en 1990, pour la Batsheva Dance Company, la compagnie israélienne fondée en collaboration avec Martha Graham à Tel Aviv, en 1964.
Sharon Eyal se lance ensuite dans la chorégraphie pour cette même compagnie, dont elle assure même la direction artistique associée de 2003 à 2004. Elle y créera encore de nombreuses autres pièces entre 2005 et 2012.
Son travail, vite remarqué, donne naissance à de nombreuses collaborations : Killer Pig, en 2009, et Corps de Walk, en 2011, pour la compagnie norvégienne Carte blanche ; Too Beaucoup, en 2011, pour Hubbard Street Dance Chicago ; Plafona, en 2012, pour la Tanzcompagnie Oldenburg en Allemagne. Elle rencontre alors Gai Behar, créateur de musique live de 1999 à 2005. De leur association aussi bien sur scène que dans la vie naîtra, en 2006, une première pièce, Bertolina.
En 2013, le couple fonde LEV Dance Company, après avoir imaginé Untitled Black, en 2012. Suivront Bedroom Folk, en 2015, et Salt Womb, en 2016, pour le Nederlands Dans Theater, parallèlement à Half Life, écrit la même année pour le Ballet royal de Suède.
Source The Good Life, The Good Hub
Suivez-nous sur FaceBook ici: