jeudi 3 novembre 2016

Golda Meir, une vie pour Israël





Réédition d'un ouvrage paru il y a un an environ, cette biographie de la grande femme d'Etat israélienne mérite indiscutablement que l'on s'y attarde. Ce n'est pas lui faire offense que de dire qu'elle n'est pas belle, mais elle possède une personnalité, une volonté, une force de caractère qui impressionneront tous ceux qui auront à négocier avec elle...





Originaire d'Europe orientale brièvement immigrée aux Etats-Unis dans son enfance et son adolescence, elle s'installe en Palestine mandataire comme jeune épouse en 1921, d'abord dans un kibboutz, puis à Jérusalem et enfin à Tel-Aviv. Sur fond de mariage raté, elle s'engage dans les organisations de femmes du parti travailliste naissant, avec les premiers sionistes-socialistes autour de Ben Gourio.
Elle prend progressivement en charge l'ensemble des questions sociales et, à 32 ans, entre au comité central du parti des travailleurs à l'époque où les relations deviennent plus tendues aussi bien avec la population arabe qu'avec la puissance britannique.
Elle séjourne à nouveau longuement aux Etats-Unis dans les années 1930, à la fois pour faire soigner sa fille malade et pour dynamiser le mouvement sioniste américain. De retour en Palestine en 1936, elle intègre le conseil exécutif de son parti : elle "est la seule femme opérant dans un monde d'hommes sur un pied d'égalité".
Du fait des persécutions en Europe centrale et orientale, l'immigration juive augmente en Palestine, et avec elle les violences israélo-arabes. La Hagana, créée en 1929, prend de l'ampleur et Londres envisage déjà la partition du territoire en deux entités, l'une juive, l'autre arabe, mais le mouvement sioniste est divisé entre "réalistes" et "radicaux", dont Golda Meir : "Golda n'admettra jamais que les Arabes de Palestine puissent aspirer à une nation au même titre que les Juifs ...
Elle a déjà la certitude que les Arabes n'accepteront jamais un Etat juif indépendant en Palestine, quelle que soit sa taille". L'échec de la conférence internationale de 1938 qui vise à protéger et accueillir les Juifs chassés d'Allemagne le pousse au bout de son raisonnement : "Mon seul souhait est que mon peuple n'ait jamais plus l'occasion d'avoir besoin de la sympathie des autres".
Le déclenchement de la guerre en Europe en septembre 1939 marque une évolution difficile parfois à assumer : combattre le nazisme et les Allemands, au premier chef, mais ne jamais oublier les difficultés mises par Londres à l'installation des Juifs en Terre sainte et à leur indépendance.
Pour Golda Meir : "Notre guerre sioniste doit être différente de celle des autres nations. Aucun autre pays en période de guerre ne se préoccupe de bâtir, de se développer.
Mais nous, nous ne pouvons nous permettre de faire la guerre sans construire." Pourtant, en 1945, en dépit de l'arrivée au pouvoir du parti travailliste à Londres et de la révélation de la Shoah, les Britanniques continuent à se montrer plus favorables aux Arabes qu'aux Juifs en Palestine, où le mouvement de résistance juive se lance dans une véritable guérilla contre "l'occupant".
Ce sont alors les contact avec le roi de Jordanie, les négociations dans le cadre de l'ONU, l'arrivée des réfugiés (Exodus) et le trafic d'armes, dans un contexte stratégique dramatique qu'Israël connaît toujours : "Si la guerre reprend, ce sera pour nous une guerre pour la vie ou pour la mort.
Pour nous, pas pour eux. Si nous vainquons, nous n'exterminerons pas le peuple égyptien ou syrien, mais si nous échouons et si nous sommes vaincus, ils nous extermineront".
Golda Meir sillonne alors les Etats-Unis pour collecter des fonds (50 millions de dollars en deux mois !). En mai 1948, elle co-signe la déclaration d'indépendance d'Israël.
Les événements qui suivent (guerres israélo-arabes, opérations associées àà la campagne de Suez, accession au gouvernement puis Premier ministre) sont davantage présents dans notre mémoire collective, mais le livre apporte aussi sur ces périodes son lot d'informations et de précisions, sur les relations avec les dirigeants arabes, avec les Etats-Unis, sur la politique de défense, sur les débats de politique intérieure avec les partis religieux, etc.
Au total, une belle biographie sur une grande dame de la politique israélienne et internationale, un acteur incontournable du XXe siècle et en particulier au Proche-Orient.


Source Guerres et Conflits


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