mardi 29 novembre 2016

Les enfants de la chance - la critique du film

  

Juillet 1942. Emmené à l’hôpital de Garches pour une jambe cassée, Maurice Gutman, 12 ans, évite de justesse la rafle qui va emporter sa famille. À l’hôpital, le docteur Daviel lui diagnostique une tuberculose et lui impose un long traitement. Et si cela n’était qu’une ruse pour éviter à Maurice d’être déporté ?......





Maurice et huit autres jeunes pensionnaires vont vivre, avec le personnel hospitalier, une expérience inoubliable, faite de preuves d’amitié, de solidarité et de courage extraordinaire. Ce sont les enfants de la chance et leur histoire est vraie.
Dans les rues de ce Paris aux couleurs de l’été 42, quelques gamins jouent aux osselets. Une bagarre éclate et l’un d’entre eux arrache l’étoile jaune de son partenaire de jeu.
Tentant de s’échapper, celui, chaussé de galoches en bois, trébuche et fait un vol plané dans les escaliers. Résultat : une jambe cassée ! Cette étoile jaune devait lui réserver un sort funeste. Sa bonne étoile en décidera autrement puisque grâce à un incroyable concours de circonstances, il évitera la déportation. Maurice Grosman, dont la vie a bien failli s’arrêter dès son plus jeune âge, a aujourd’hui 86 ans.
A travers le prisme de l’histoire de ce garçon et de ses camarades d’infortune, le réalisateur dénonce l’ignominie de cette période de l’occupation et du régime de Vichy.
Si le sujet est grave, le récit, enveloppé de chaleur et même d’humour, ne sombre jamais dans la tristesse. Pour surmonter les obstacles tant médicaux que raciaux, ces enfants font preuve d’une vitalité qui force l’admiration et qui illumine le film de bout en bout. La grisaille du dortoir de l’hôpital est largement égayée par les sorties dans le jardin de verdure et de paix où la barbarie semble bien lointaine.
Comme dans tous les groupes, certains enfants, s’imaginant plus forts parce que plus âgés, entendent s’imposer et faire régner leur loi. Ils comprennent vite qu’ici la solidarité est la meilleure défense contre la peur et l’ennui. Les enfants juifs , s’ils s’expriment en yiddish entre eux, finissent par abandonner leur langue d’origine pour mieux se fondre dans la masse.
Les plans serrés sur les visages nous renseignent avec précision sur l’état d’esprit de nos héros et créent une proximité immédiate.
Si tous ces jeunes acteurs brillent par l’authenticité de leur interprétation, Maurice (Matteo Perez) au jeu intense et au physique avenant captive le regard tandis que son voisin de lit, Samuel (Néo Rouleau), sorte de« Petit Gibus » à la frimousse irrésistible et aux réparties confondantes de naturel fait fondre les cœurs.
Les dialogues pleins de vivacité donnent lieu à des échanges percutants. Même lors des moments les plus cruciaux (comme la visite des nazis au sein de l’hôpital), leur rythme ne faiblit pas.
C’est dans la joie et la bonne humeur que cette joyeuse bande mange des carottes en rêvant de gâteaux et c’est en inventant une chanson qu’elle détourne la leçon de grammaire que tente de lui inculquer l’instituteur(Antoine Gouy), un jeune homme sympathique et à l’écoute des enfants, qui fait le lien entre ce huit-clos parfois étouffant et les événements extérieurs. Il est l’intermédiaire qui fait entrer la « Grande Histoire » dans la « petite histoire » de Maurice et de ses copains.
Mais c’est à travers de Mr Clément (François Patissier), l’homme de ménage que l’humour s’installe vraiment. Ce personnage sourd et un peu simplet, légèrement alcoolique mais totalement dévoué insuffle, bien malgré lui, un esprit burlesque à la Charlie Chaplin.
Toutefois ce film n’aurait pas le même goût pas sans le charismatique Docteur Daviel, incarné avec un juste équilibre entre autorité et ferme protection par un Philippe Torreton à la présence d’une densité exceptionnelle.
Son visage traduit avec la même intensité les instants de joie ou les périodes de doutes et d’inquiétudes vécus par cet altruiste convaincu qui, au péril de sa vie, décide de ne pas déclarer la judaïcité des enfants qui lui sont confiés, tâche d’autant plus périlleuse que son frère a rejoint les rangs de la milice.
Pour lutter contre la tuberculose dont sont atteints quelques-uns de ses protégés, c’est encore lui qui obtiendra de la part des officiers SS les doses de Prontosil qui guériront quelques-uns des enfants tandis que, ironie du sort, la pénicilline frelatée donnée par les Américains, en tuera d’autres, prouvant ainsi qu’en toutes circonstances, la manichéisme n’est pas de mise.
 Illustré de scènes réalisées à hauteur d’enfants, ce film citoyen qui ne se contente pas d’émouvoir ou de faire rire mais qui peut aussi faire réfléchir sur la culture du bouc-émissaire plus que jamais d’actualité, s’adresse à toutes les générations.


Réalisateur : Malik Chibane
Acteurs : Philippe Torreton, Matteo Perez, Néo Rouleau, Maxence Seva, Arras Film Festival
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français
Date de sortie : 30 novembre 2016
Durée : 1h36mn









Source Avoir-alire


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