dimanche 9 août 2020

Pourquoi l'offre d'aide d'Israël au Liban restera probablement lettre morte...


Main tendue pour les uns, geste hypocrite pour les autres, l'offre d'aide humanitaire d'Israël au Liban, après l'explosion meurtrière de mardi à Beyrouth, a peu de chances d'aboutir tant les relations entre les deux pays restent acrimonieuses.......Décryptage....... 



Immédiatement après l'explosion dans le port de la capitale libanaise, qui a fait plus de 150 morts et 5000 blessés, des regards accusateurs se portent sur Israël, pays voisin toujours techniquement en guerre avec le Liban. Les militaires israéliens offrent un traditionnel «sans commentaire». Puis, une source gouvernementale affirme: «Israël n'a rien à voir avec cet incident», avant que l'État hébreu ne propose une aide humanitaire au pays du Cèdre avec lequel il n'a pas de relations diplomatiques. 
«Israël s'est tourné vers le Liban par l'intermédiaire de contacts sécuritaires et politiques internationaux pour offrir une aide humanitaire et médicale au gouvernement libanais», annonce le gouvernement israélien à l'heure où les hôpitaux de Beyrouth sont débordés par l'afflux de blessés. 
'offre n'a pas été commentée par le gouvernement libanais, qui a reçu l'aide de nombreux pays parmi lesquels la France, ancienne puissance mandataire, et l'Iran, allié du mouvement chiite Hezbollah, force politique et militaire libanaise en conflit ouvert avec Israël.  
Selon des sources gouvernementales et diplomatiques à Jérusalem, Israël tenterait, jusqu'à présent en vain, d'acheminer de l'équipement médical au Liban via l'ONU, et d'envoyer du personnel médical à Chypre, où pourraient être soignées des victimes de l'explosion.
«C'est un geste humanitaire (...) qui peut rassembler les deux nations», estime Amos Yadlin, ancien chef du renseignement militaire israélien. «La seule raison pour laquelle il n'y a pas de paix est parce que l'Iran a pris le contrôle du pays via son supplétif du Hezbollah et invente des prétextes pour maintenir le conflit», a-t-il dit à des journalistes.

«Exploiter la catastrophe»

Traumatisés par l'explosion, les Libanais ont porté peu d'attention à l'offre d'Israël, s'ils ne l'ont pas ouvertement critiquée. 
«Israël devrait tenter d'arrêter d'exploiter la catastrophe pour se laver de ses crimes contre le Liban», note ainsi un internaute.
À Beyrouth, on garde un souvenir amer de l'intervention israélienne au Liban en 1982 et de la guerre Israël-Hezbollah de l'été 2006, sans compter l'épineuse question du retour des centaines de milliers de réfugiés palestiniens vivant au Liban.
Et la tension reste vive entre les deux pays après des tirs d'artillerie israéliens, fin juillet, sur un secteur frontalier après, selon Israël, une tentative d'infiltration de «terroristes» depuis le Liban. 
«Israël a combattu le terrorisme émanant du Liban pendant des décennies, mais nous n'avons rien contre le peuple libanais», assure l'homme d'affaires israélien Erel Margalit. Il dit avoir demandé à Emmanuel Macron de faire part de l'offre israélienne lors de sa visite, jeudi, à Beyrouth, au cours de laquelle le président français a évoqué un plan d'aide pour le Liban.

«L'humanité avant le conflit»?

Au cours des derniers mois, face à la crise économique et financière au Liban, des responsables israéliens ont soutenu l'idée d'un plan d'aide international pour sauver le voisin, mais à condition de réformes diminuant l'influence du mouvement terroriste chiite libanais Hezbollah (aux ordres de l'Iran....).  
Si l'offre israélienne n'a pas reçu d'écho favorable au Liban, l'initiative du maire de Tel-Aviv d'illuminer l'hôtel de ville aux couleurs du drapeau libanais n'a pas fait consensus en Israël, où justement une partie de la classe politique et de la population considère le Liban, et non seulement le Hezbollah, comme l'ennemi. 
«L'humanité passe avant tout conflit et nos cœurs sont avec le peuple libanais suite au terrible désastre qui l'a frappé», a déclaré le maire de Tel-Aviv, Ron Huldai. 
Un geste de trop, selon une partie de la droite israélienne. 
Le commentateur du quotidien Haaretz, Gideon Levy, a dénoncé un «spectacle abject d'hypocrisie».
«Il est possible et nécessaire de proposer une aide humanitaire aux civils libanais, mais agiter le drapeau de l'ennemi au cœur de Tel-Aviv tient de la confusion morale», a réagi le ministre chargé du dossier de Jérusalem Rafi Peretz, appuyé par le fils du premier ministre Benjamin Netanyahu, Yaïr. 
«C'est insensé. Le Liban est formellement un pays ennemi et c'est un crime de faire flotter le drapeau ennemi», a-t-il dit sur les réseaux sociaux.

Source Le Journal de Montréal
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