«Quitte à tomber, autant que ce soit pour tuer un politique et déstabiliser le système […]. Les deux seraient pas mal, la mort ou la célébrité», provoquait-il à l’époque.
Vendredi, depuis le box des prévenus de la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, le grand et mince homme de 26 ans, le crâne rasé, expliquait pourtant :
«Je n’ai jamais eu de réelle volonté de passer à l’acte, mais je fantasmais sur le fait d’être considéré comme quelqu’un de dangereux. Je voulais qu’on parle de moi, me faire connaître, parce que j’étais narcissique et que je n’avais réussi dans aucun autre domaine.»
Fanfaronnade ou réel danger d’attentat ?
Les juges ont tranché, en condamnant Guillaume M. à sept ans d’emprisonnement pour «entreprise terroriste individuelle».
Non pas pour un projet d’attentat à l’arme à feu, mais pour des velléités d’attaque à l’explosif.
La recherche de l’arme semi-automatique, embryonnaire, ne permettait pas, selon la loi, de caractériser le délit d’entreprise terroriste.
Mais une vidéo mise en ligne en 2015 montre Guillaume M. en train de lancer un cocktail Molotov dans une forêt d’Argenteuil en clamant : «Le prochain, sur une mosquée.»
Deux ans plus tard, il fait des recherches inquiétantes sur Google : des recettes d’explosif, l’emplacement de synagogues, de mosquées ou de locaux d’En marche.
Des éléments suffisants, selon les juges, pour caractériser un projet terroriste. L’avocate de la défense avait dénoncé une tentative de «sauvetage» du dossier par le biais de cette vidéo, et le risque de «procès d’intention».
Les juges ont tenté de retracer la dérive d’un ado solitaire et dépressif vers un extrémisme violent.
Depuis l’enfance, Guillaume M. n’a «aucun ami», «aucune passion à part l’ordinateur», selon sa mère.
Depuis ses 12 ans, il est sous antidépresseurs . Déscolarisé, sans diplôme ni travail, il passe ses journées sur Internet.
Il commence à s’intéresser aux idées d’extrême droite, rejoint un groupe de skinheads et admire les tueurs de masse, surtout Anders Breivik.
«Mon idéal, c’était de vivre entre Blancs, dans une société homogène racialement, de tradition chrétienne», a-t-il expliqué.
Tout au long de l’audience, le prévenu a juré avoir changé. Toujours «conservateur blanc, nationaliste», il a encore «du mal avec l’islam» et «les sionistes», mais affirme de plus avoir de tueries en tête.
Pointant une tentative de «dissimulation», la procureure avait requis neuf ans d’emprisonnement.
Source Liberation
Vous nous aimez, prouvez-le....