D’abord il y a la préface de Serge Klarsfeld, courte, incroyablement efficace, sans pathos, ni précaution stylistique … seulement la description minutieuse d’histoires de familles prises dans la tourmente perverse et glacée de la guerre … un état des lieux essentiel et indiscutable.......Détails........
« le 26 février 1944, une rafle liquide la population juive de Vesoul et de la région (…) plus de juifs, la synagogue a disparue et tous ces juifs de vieille souche ont disparu comme dans un schtetel de l’Europe Orientale » (…)
… Et puis il y a ce carnet de route « Les étoiles cachées » écrit par Régine Soszewicz et réédité par L’Harmattan en mai 2019, document majeur sorti en 1989 chez Castor Poche-Flammarion et qui a été lauréat du Grand prix des Jeunes Lecteurs en 1990.
L’auteure témoigne dans ce récit de ce qu’a été sa vie et celle de sa famille entre juillet 1939 et aout 1945. En juillet 1939, Régine vit dans un appartement de la rue Jean Beausire près de la Bastille. (…)
« L’appartement, spécial « mixte » est séparé en deux par un long couloir … l’atelier avec les machines à coudre et deux tables pour la finition … puis la coupe et la presse (…). De l’autre côté il y a l’appartement. … Ses parents ont fuit la Pologne … »
Automne 39 … le décor est en place, le père de Régine est prisonnier de guerre, en automne 40, sur les papiers d’identité le mot « juive » à l’encre rouge. Régine Soszewicz nous décrit sa vie courante de petite fille, l’école, les amis, la famille, le rationnement, les tickets, la liste des interdictions pour les juifs …
« le soir, on se réunit souvent dans l’une des pièces de l’atelier (…) Malka fait le thé, mais chaque visiteur apporte son morceau de sucre (…) »
A l’automne 42, le port de l’étoile jaune devient obligatoire pour tous les juifs « plus le droit d’aller au spectacle ni au square, faire les commissions seulement entre 3 et 4 heures de l’après-midi et dans le métro, monter exclusivement dans le dernier wagon … »
Les rafles continuent … les privations, le manque de tout … et surtout la peur, de sortir, de parler, de bouger … Se cacher … Le Vel’ d’Hiv … et partir vite, réunir le peu que l’on a, les quelques bijoux, faire partir les enfants loin, très loin de cette horreur.
Et puis en février 43, après un long voyage en train, une première cachette chez les Berthier à Etrelles en Haute-Saône, puis à La Montbleuse, chez les Hézard, loin de tout et surtout de la salle de classe, deux fillettes nommées Soszewicz vont partager la dure vie des paysans, le labeur incessant des champs, le quotidien des enfants marchant sur la route en sabots comme dans un tableau de Brueghel.
Pas le temps de parler, de pleurer, de câliner … il y a les deux kilomètres à faire matin et soir pour se rendre à l’école, puis les travaux de la ferme, la soupe à préparer, l’eau à tirer du puits, les oeufs à ramasser, le ménage, la vaisselle, l’église le dimanche et le catéchisme obligatoire pour ne pas se faire remarquer … « mais surtout il y a la protection d’une population pauvre mais qui a le coeur sur la main ».
L’été arrive avec les moissons, la chaleur exaspérante, le travail exténuant, puis les vendanges avec les doigts maculés, poisseux … et encore un autre hiver les mains bleuies par le froid … mais Régine et Marcelle sa petite soeur sont toujours vivantes et libres.
Et enfin, après le débarquement des Alliés, un jour de Septembre 44 les petites filles retrouvent leur maman … Régine Soszewicz, passionnée de littérature depuis son enfance, deviendra éditrice de livres pour la jeunesse aux éditions de La Farandole et aux éditions du Sorbier.
» Mes enfants voulaient savoir » … alors elle a témoigné pour ses enfants, les enfants de autres et nous tous, elle a écrit sa peur, sa douleur, sa faim, sa soif, sa solitude et j’ai eu peur avec elle, tremblé de douleur et de solitude à la lire, puis à écrire cette chronique que je termine à l’instant, terriblement émue.
Ce document doit, bien évidemment, être lu par le plus grand nombre.
Source France Net Infos
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