La censure semble vouloir frapper de nouveau. Cette fois, c'est le film The Post de Steven Spielberg qui est dans le collimateur de la commission de censure de la Sûreté générale. Avec pour têtes d'affiche Meryl Streep et Tom Hanks, le film, qui devrait sortir jeudi dans les salles de cinéma, pourrait être interdit, selon des informations relayées par l'ONG March sur sa page Facebook......Détails........
The Post, récemment nominé six fois aux Golden Globes et inspiré de faits réels, revient sur le bras de fer entre le Washington Post et le gouvernement fédéral, alors que le quotidien américain veut publier les Pentagon Papers, des documents « top secrets » détaillant les visées politiques et militaires des États-Unis durant la guerre du Vietnam.
Selon March, « la censure a décidé d'interdire la projection du film et attend la décision du ministère de l'Intérieur ».
« Cela est alarmant parce qu'au cours des trois dernières années, plus de cinq films réalisés ou produits par Spielberg ont été projetés au Liban, au nombre desquels Transformers: The Last Knight, Bridge of Spies et Jurassic World », s'indigne l'ONG sur sa page Facebook, soulignant que The Post « sera projeté dans dix pays arabes ».
« Le Liban sera-t-il le seul pays à bannir ce film pour des raisons nébuleuses ? » s'interroge March, notant que contrairement à Gal Gadot, actrice principale du film Wonder Woman, retiré des salles libanaises en mai dernier après avoir été projeté en avant-première, « Spielberg n'est pas israélien et n'a pas combattu dans les rangs des Forces de défense israéliennes ».
« Par le passé, son nom était souvent raturé sur les affiches avec un feutre noir, rappelle March. Pourquoi interdire The Post aujourd'hui ? »
Problème économique et culturel
Gino Reaïdy, vice-président de l'ONG March, explique à L'Orient-Le Jour que « souvent, le film est projeté en avant-première, et c'est le jour de sa sortie dans les salles que la censure l'interdit ».
« C'est ce qui s'est passé avec le film Wonder Woman que j'ai pu voir en avant-première », poursuit-il, notant que « dans des cas rares, le refus est accompagné d'une réponse écrite détaillant les causes ».
« Il est rare qu'un ministre de l'Intérieur aille à l'encontre de l'avis de la censure, ajoute M. Reaïdy.
À mon avis, il signe sans vraiment évaluer les répercussions d'une telle interdiction.
Ce qui est grave, c'est qu'un autre film, The Jungle, pourrait aussi être interdit, alors que pas un seul membre de l'équipe ne figure sur la liste noire du bureau de boycottage d'Israël de la Ligue arabe. »
Réalisé par Greg McLean, le film est adapté de l'histoire de Yossi Ghinsberg et deux de ses amis, qui vécurent trois semaines dans une partie inexplorée de la jungle amazonienne.
Gino Reaïdy rappelle dans ce cadre que le bureau de boycottage d'Israël à la Ligue arabe a établi une liste noire des noms à interdire.
« Le Liban, et la Syrie dans une moindre mesure prennent en considération cette liste, poursuit-il. Malheureusement, la censure dans de nombreux cas ne se limite pas à cette liste. Le problème, c'est que la censure manque de cohérence. »
Pour le vice-président de March, le problème se pose également sur les plans économique et culturel.
« Ces décisions de bannir les films n'ont aucune influence sur le boycottage d'Israël, affirme-t-il. Tout le monde est en train de les revoir d'une façon ou d'une autre.
De plus, ce n'est pas le public libanais qui va enrichir les producteurs internationaux. Le problème est au niveau national. D'une part, les distributeurs, ne sachant pas quels films seraient interdits, vont hésiter à ramener de grands films au Liban.
D'autre part, ce sont les réalisateurs et producteurs libanais qui sont lésés, parce que leurs films seront bannis s'ils abordent des sujets touchant à la guerre, au confessionnalisme, au déplacement ou qui pourraient menacer la paix civile. »
Et de conclure en se demandant : « Où se situe la limite entre juif et israélien ? »
Source L'Orient le Jour
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