Un siècle et demi après que le Tsar Alexandre III ait acheté à l’Empire Ottoman un vaste terrain à Jérusalem pour y établir un complexe destiné aux nombreux pèlerins russes orthodoxes en Terre sainte, le président Vladimir Poutine a récupéré l’hôtel Sergueï, joyau des Romanov.....Détails.......
Inséré dans un écrin de jardins à Jérusalem-Ouest, l’hôtel Sergueï, établissement cinq étoiles de deux étages construit dans le style baroque, compte 22 chambres aux murs décorés de paysages russes et aux plafonds ornés de moulures finement ciselées où pendent des lustres de cristal éclairant des tapis persans, des rideaux brocardés et des meubles précieux. Il devrait ouvrir ses portes prochainement.
Au XIXe siècle, le Grand-Duc Sergueï Alexandrovich, frère du Tsar Alexandre III, s’était épris du site où a été édifié en 1890 l’hôtel qui porte son nom. L’aristocratie impériale y séjournera.
De même qu’un certain Grigory Raspoutine envoyé en pèlerinage de contrition par ses protecteurs pour expier ses errements avec une ballerine. La famille impériale des Romanov – le Tsar Nicolas, son épouse et leurs quatre filles – va disparaître sous les balles des Révolutionnaires en 1918. Mais la saga de l’hôtel Sergueï continue.
Après la chute de l’Empire ottoman, la Grande-Bretagne mandataire en Palestine y installe son administration.
Une aile du complexe sert de prison, où se retrouvent les activistes juifs des groupes nationalistes clandestins Irgoun et Lehi.
Devenu indépendant en 1948, l’État d’Israël rachète les lieux à l’URSS en 1964 pour 1,25 million de dollars et honore une partie du contrat avec des cargaisons d’oranges.
L’hôtel Sergueï abritera diverses institutions avant de se retrouver au fil des ans plus ou moins à l’abandon.
Mais la roue tourne. Le Mur de Berlin s’écroule en 1989, de même que l’empire soviétique. Un million de juifs de l’ex-URSS débarquent en Israël. Les plus jeunes animent les nuits torrides de la Ville sainte dans les bars à la mode qui essaiment autour de l’hôtel Sergueï, le « Poutine », le « Glastnost » ou le « Perestroïka ».
Les nouveaux maîtres du Kremlin lorgnent sur la grandeur passée et le patrimoine de l’empire russe. En 2007, les patriarcats des Églises orthodoxes « blanche » et « rouge », respectivement basés à New York et Moscou, s’arrangent sur le partage de ces biens. Et l’année suivante, en vertu d’une promesse faite par son prédécesseur Ariel Sharon, le premier ministre Ehoud Olmert offre l’hôtel Sergueï à Poutine.
Selon des témoins, ce dernier a été ému aux larmes par ce geste. En échange, la Russie se serait engagée à ne pas livrer d’armes offensives à Téhéran et Damas.
Cela ne l’a pas empêché de fournir à l’Iran des missiles S-300 et S-400. Clin d’œil de l’Histoire, Igor Ashurbeyli, philanthrope et ex-PDG de la Société Almaz qui produit justement ce système de défense anti-aérienne, dirige à présent la Mission du gouvernement russe, en charge de l’hôtel Sergueï.
Source La Croix