Une soirée qui fait froid dans le dos... L'extrême droite radicale (l'extrême droite de l'extrême droite) s'était donné rendez-vous samedi, au Novotel de la porte de Bagnolet, pour fêter les 65 ans de l'hebdomadaire d'extrême droite "Rivarol". Dans la salle : 500 à 600 personnes. La crème de la crème des négationnistes, catholiques intégristes et autres pétainistes...
Ainsi, selon "Le Monde", étaient notamment présents Jean-Marie Le Pen, condamné à deux reprises il y a une semaine, pour "provocation à la haine et à la discrimination ethniques", après des propos sur les Roms, et pour "contestation de crime contre l'humanité", après avoir répété ses propos sur les chambres à gaz, qualifiées de "détail" de l'histoire de la Seconde guerre mondiale ; le célèbre négationniste Robert Faurisson ; les nationalistes-révolutionnaires Alexandre Gabriac et Yvan Benedetti ; le catholique intégriste Alain Escada, président de Civitas ; des membres du Renouveau français, de Thibaut de Chassey ; Pierre Vial, figure de la tendance "néopaïenne" ; l'antisémite Hervé Ryssen ; des pétainistes, comme le fondateur de l'Oeuvre française Pierre Sidos ; le patron de Radio courtoisie Henry de Lesquen, candidat à l'élection présidentielle de 2017 ; le président du Parti de la France Carl Lang ; Nicolas Miguet, le président du "Rassemblement des contribuables français", qui a aussi essayé à plusieurs reprises de se présenter à l'élection présidentielle…
Forcément, avec de telles personnalités, les discours ont… dérapé. Pierre Sidos a par exemple loué le camp de concentration nazi de Struthof, en Alsace, pour ses "commodités", rapporte "Le Monde". De son côté, le directeur de Rivarol, Jérôme Bourbon, a plaint l'Allemagne, "qui subit un bourrage de crâne depuis 70 ans : on leur dit que leurs ancêtres étaient des monstres".
Jean-Marie Le Pen a, lui, rendu un hommage appuyé à "Rivarol", qualifiant l'hebdomadaire de "dernier journal politique d'opinion et d'opposition nationale de notre pays". "J'ai souvent fait chambre commune avec Rivarol, mais à la 17ème" chambre du tribunal de grande instance de Paris, celle relative aux affaires de presse, s'est encore amusé le fondateur du Front national.
"Il faut foutre dehors les étrangers"
Dans la salle, les invités se lâchent aussi. Notamment au micro du Petit Journal qui s'est invité au banquet :
"Je ne suis pas un admirateur d'Adolf Hitler, mais si les gens veulent dire qu'ils admirent Hitler, ils doivent être libres de le faire", confie ainsi Henry de Lesquen.
Avant d'ajouter qu'il souhaitait "faire partir de France les immigrés ou les allogènes qui ne sont pas intégrés à la communauté nationale" et supprimer purement et simplement le mariage pour tous.
"Il faudrait que le fait de voir un noir ou arabe en France soit juste de l'exotisme, et non pas quelque chose d'habituel", lâche un autre invité, au micro de la journaliste. "Il faut foutre dehors les étrangers sans aucune conciliation possible", lance un autre, encore plus radical.
Les belles idées de démocratie et de République n'ont pas cours dans ces murs :
"Je suis pour la destruction de la République et la restauration de la monarchie absolue de droit divin", affirme l'un des invités.
Pas plus que la liberté d'avorter : "Vous auriez aimé être avortée, vous ?" En résumé : "travail, famille, patrie", comme l'explique une autre invitée.
Le "terrain de foot" d'Auschwitz-Birkenau
C'est dans cette "bonne ambiance" que le discours de Robert Faurisson a commencé, sous les acclamations du public.
Le négationniste, plusieurs fois condamné pour avoir nié la réalité de la Shoah, a mis en doute la réalité de l'assassinat de masse par asphyxie dans les chambres à gaz : "aucune trace d'acide cyanhydrique" n'a été retrouvée, "même dans les conduits, les pièces, les cheminées, les quelques cadavres conservés", a-t-il notamment prétendu. Puis, il a feint de s'étonner qu'aucune "expertise médico-légale" n'ait abouti "depuis 70 ans" pour établir "comment était l'arme du crime", a constaté un journaliste de l'AFP.
Avant de s'en prendre au terme "camp d'extermination", utilisé pour désigner Auschwitz-Birkenau :
"Et Auschwitz, excusez-moi, c'est un éclat de rire […] on voyait une fumée blanche, il paraît que c'était une chambre à gaz, moi je n'en ai pas vues. […] Dans ce secteur de Birkenau qu'on appelle camp d'extermination, ce qui est bizarre pour un camp qui avait un terrain de volley, un terrain de foot, un camp d'hommes, un camp de femmes, un camp des familles…"
"Tous vous avez entendu parler de la solution finale, de la question juive, si je vous disais que cela n'a jamais existé, que la formule intégrale n'était pas du tout celle-là…"
Des propos qui ont entraîné la saisie, ce mardi, du parquet de Bobigny par la Licra et par le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra), Gilles Clavreul.
"Je saisis le parquet des propos négationnistes de Robert Faurisson, ce multirécidiviste de la haine", a indiqué Gilles Clavreul sur son compte Twitter mardi après-midi.
Source Tribune Juive