dimanche 10 avril 2016

Archéologie : une théorie israélienne sur Néandertal





Selon les Prof. Ran Barkai et Avi Gopher, et le doctorant Miki Ben-Dor du Département d’archéologie de l’Université de Tel Aviv, la morphologie particulière de l’homme du Néandertal, en particulier la structure élargie de sa cage thoracique s’explique par la taille considérable de son foie, adapté à l’alimentation hyper-protéinée de l’époque glaciaire. Les résultats de leur étude ont été publiés le mois dernier dans la revue American Journal of Physical Anthropology....







Pourquoi la cage thoracique des Néandertaliens était-elle différente de celle de l’Homo sapiens moderne?
Des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv proposent une nouvelle explication surprenante : selon eux elle a évolué en fonction du métabolisme de leur foie, hypertrophié pour permettre la digestion d’une quantité accrue de protéines nécessaire à la production de l’énergie.
L’homme de Néandertal était le type humain courant en Europe et au Moyen-Orient, y compris en Israël jusqu’à leur extinction il y a environ 30 à 40 000 ans.

“Les Néandertaliens avaient une anatomie différente de celle de l’humain moderne, l’Homo sapiens”, explique Miki Ben-Dor. “Entre autres, ils possédaient une cage thoracique élargie dans sa partie inférieure un peu comme une cloche. Jusqu’à présent, on pensait que cette morphologie était due au fait qu’ils étaient plus lourds que nous et avaient besoin d’une plus grande capacité pulmonaire pour pouvoir chasser les grands animaux de la période glaciaire européenne. Cependant, la partie élargie de leur thorax ne correspond pas du tout à l’emplacement des poumons, mais plutôt à celui du foie”.
Selon la nouvelle explication proposée par les chercheurs, la clé de cette anatomie se trouve dans le régime alimentaire des Néandertaliens. “Etant donné que l’homme provient du singe, qui avait une alimentation essentiellement végétale, il n’est pas en mesure d’ingérer des quantités illimitées de protéines”, dit Ben-Dor.
“L’Homo sapiens est capable d’absorber sous cette forme environ un tiers des calories dont ils a besoin par jour, le reste provenant d’autres sources, en particulier d’aliments et de matières grasses végétaux. Les Néandertaliens, en raison des dimensions de leur organisme et du climat froid dans lequel ils évoluaient, avaient besoin d’un approvisionnement en calories plus élevé, et donc cette limitation de la digestion des protéines constituait pour eux une contrainte très problématique”.
C’est pourquoi, selon les chercheurs, leur foie s’est développé beaucoup plus que le nôtre, afin permettre la digestion d’une quantité accrue de protéines, hypothèse qui pourrait expliquer la forme inhabituelle de leur cage thoracique. “Les Néandertaliens vivaient en Europe à la période glaciaire de l’ère pléistocène”, explique le Prof. Ran Barkai.

“A cette époque, la glace recouvrait entièrement le sol pendant de longues périodes, et il leur était difficile, voire impossible de trouver des aliments végétaux.
Ils dépendaient donc essentiellement d’une alimentation animale, provenant en particulier des grands animaux comme les mammouths. Nous pensons que leur organisme a dû s’adapter à la nécessité de consommer une plus grande quantité de protéines animales de sorte que leur foie, mais également leurs reins et leur vessie se sont agrandis, de même que la partie inférieure de leur cage thoracique et leur bassin.
Il s’agit en fait d’un ajustement anatomique sous la pression d’un environnement caractérisé par une pénurie de lipides et de glucides, et d’une grande disponibilité de protéines. ”
“C’est la jonction de plusieurs éléments, alimentation, environnement, climat et anatomie, qui nous a conduit à cette nouvelle explication”, explique le Prof. Gopher. “N’oublions pas que l’Homo Sapiens et l’homme du Néandertal ont leur origine dans un ancêtre commun qui a probablement vécu en Afrique, où l’alimentation était diversifiée.
Dans la froide Europe préhistorique, la situation était très différente. Et alors, par un processus de sélection naturelle, les individus nés avec une meilleure capacité physiologique de digérer la viande, c’est-à-dire ceux avec un foie hypertrophié, avaient un avantage évolutif. Et ce sont eux qui ont formé la base de lignée du Neandertal “.
Ce fut une adaptation évolutive réussie, puisque les Néandertaliens ont prospéré pendant 200 à 300 000 ans. Par ailleurs, les chercheurs suggèrent un lien entre leur extinction et celle des grands animaux préhistoriques, il y a environ 50 000 ans.
“Nous pensons que cette adaptation anatomique, appropriée à l’alimentation provenant essentiellement des protéines et des graisses des grands animaux, est devenue inadaptée avec leur disparition. Même le foie hypertrophié de l’homme de Néandertal n’a alors pas suffi à lui fournir le niveau d’énergie nécessaire pour survivre.”


Source SiliconWadi