vendredi 1 août 2014

Video : Booba sort "3G", sa riposte à Tariq Ramadan



Dans son nouveau titre, "3G", Booba se dit d'"humeur palestinienne. Des paroles qui ont de quoi raviver les tensions – déjà tendues – avec le philosophe Tariq Ramadan. Plutôt que l'apaisement, le rappeur a opté pour le règlement de comptes en bonne due forme. Ce nouveau clash réussit-il à Booba ? Pour Michel Bampély, doctorant en sociologie des cultures urbaines, le rappeur est dépassé...
 

Le duc de Boulogne a publié son dernier titre "3G" qui annonce la sortie de son septième album prévu à la fin de l'année. Ses propos font suite aux attaques du théologien, spécialiste de l'islam Tariq Ramadan qui reproche au rappeur une position pro-israélienne dans le conflit au Proche-Orient.
Booba tient à rappeler dans "3G" qu'il est "d'humeur palestinienne" depuis son premier album solo et qu'il n'a pas attendu le déferlement médiatique sur la bande de Gaza pour prendre ses marques. Le confit extrêmement complexe qui oppose Israël et la Palestine pousse certains artistes de la société du spectacle à prendre des positions "à hauts risques" dont l'affaire Ramadan-Booba est une parfaite illustration.

Booba relance le clash avec "3G"
Si Booba doit régler ses comptes avec Tariq Ramadan, sa meilleure option reste la musique. Le rappeur n'avait aucune chance face à un intellectuel de haute volée habitué aux débats d'idées. On se souvient de ses joutes verbales télévisées l'opposant à Eric Zemmour sur des sujets comme l'islam, la nation ou la laïcité.

"3G" de Booba. (YouTube)
De plus, Booba en persistant à répondre à l'intellectuel sur les réseaux sociaux, risquait de voir se mobiliser de nouveaux détracteurs et de perdre ainsi une partie de son public ouvertement hostile à la politique menée par le gouvernement israélien.
"3G" reste un très bon titre de rap emmené par un Booba égal à lui-même. Un beat extrêmement puissant et efficace sur lequel le rappeur pose un flow saccadé. Un nouveau son pour faire oublier ses contre-performances, notamment son freestyle manqué "Je sais" sur l'instrumental de Rihanna. Une sortie surprise dans un timing parfait pour contrecarrer le retour de son ennemi intime Rohff qui avait posté la veille son single "Soleil".


"Soleil" de Rohff. (YouTube)

La vidéo qui dévoile l'agression du vendeur de la marque Unküt par le rappeur de Vitry et ses comparses avait pour objectif de créer un "bad buzz" et ainsi enterrer la carrière de Rohff.
Le plan a t-il fonctionné ? Pas si sûr car son adversaire bénéficie d'une base de fans-apôtres, même si son image publique s'est dégradée depuis sa mise en examen pour agression volontaire en réunion.

Un titre très efficace mais pas à la hauteur

Le duc de Boulogne est une personnalité polarisante qui s'attire autant d'admirateurs que de détracteurs. Il ne fait pas l'unanimité. Son arrogance pourtant inhérente à son style de rap basé sur l'égotrip lui apporte sans cesse de nouveaux ennemis et de moins en moins d'alliés.
J'avais écrit dans un précédent article que ses clashes à répétition compromettraient sa domination sur le rap français. Ses adversaires sont de plus en plus nombreux et dépassent aujourd'hui la sphère du rap game.
L'acteur Saïd Taghmaoui et le philosophe Tariq Ramadan opposés à Booba sur le conflit israélo-palestinien ont une influence non négligeable sur le public. "3G" est à la hauteur musicalement pour répondre à ses concurrents dans le rap comme Rohff ou Kennedy, mais pas suffisamment pour être à la hauteur du débat sur le conflit au Proche-Orient.
Les métaphores chocs de Booba ne s'indignent pas réellement face à la violence des propos de Benyamin Netanyahou lorsqu'il déclare plus tard : "Je me lave dans le sang des bébés palestiniens".

Booba victime d'un faux procès sur fond d'antisémitisme

"Révolution de lover, tu n'as que 3 followers
Impuissant face à l'horreur, les gouvernements sont des tueurs
Je milite pour mes proches, au moins eux je peux les sauver
Je laisse la tâche à Dieu de dire qui est bon qui est mauvais."

Voici un extrait de la réponse que le Mc livre dans son titre "3G". Selon moi, Booba est victime d'un faux procès car il n'a pas vocation à se positionner dans un débat politique. Ce rôle revient davantage à des hommes d'État ou des rappeurs conscients comme Kery James dont la chanson "Avec le cœur et la raison" décrit le sort des Palestiniens, comme sait si bien le faire le lyriciste du rap français habitué à traiter des sujets de fond.


"Le cœur et la raison" de Kery James. (YouTube)

Dans une interview livré à Ragemag le 5 novembre 2012 Booba disait déjà : "Je ne vois pas le mal qu’il y a à être juif et je ne vois pas pourquoi ils essaient de me faire passer pour un juif pour me décrédibiliser. C’est bête, méchant, raciste…".

Source Le nouvel Observateur