Un peu difficile de comprendre pourquoi le Conseil de sécurité de l'ONU a tant tardé pour rédiger un brouillon en vue de la fin des combats actuels entre Israël et le Hamas. Il s'avère que l'ambassadeur britannique à l'ONU, qui est l'actuel président du Conseil de sécurité, demande à ce que l’opération se termine d'ici la fin du mois d'août, et tente de parvenir à un accord sous une formulation pour le moins inattendue : un cessez-le-feu immédiat, la cessation des hostilités entre les deux parties, et un appel pour relancer le processus diplomatique avec l'OLP...
On pouvait probablement aboutir à une telle décision il y a plusieurs jours déjà, voire même quelques semaines, et il n’y a aucune raison apparente pour que qu'elle ne soit pas acceptée. Cette décision peut être au contraire une bonne opportunité des deux côtés pour stopper les tirs, d'autant que d’après toutes les indications, les deux parties le voudraient bien, mais ne savent pas trop comment y arriver.
Concernant les détails pratiques, Israël pourra conclure un accord avec l’Egypte et l’Autorité palestinienne. Il n'y a aucune raison de reprendre les pourparlers avec le Hamas, et ainsi – le reconnaître sans qu’il ait adopté les Accords d'Oslo incluant entre autre la cessation des violences. Si les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne occupaient les points de passage entre Gaza et l'Egypte et avec Israël - ce serait un grand progrès. Si des forces de sécurité de l'Union européenne et d'autres pays s'y joignaient, Israël n'aurait pas d'autre choix que de s'en féliciter.
Après tout, quand Sharon s'est retiré de Gaza, il n’a pas posé la condition d’une présence internationale à Gaza.
Il serait sans doute préférable que ces forces internationales soient celles qui dirigent la reconstruction de Gaza, en s'assurant que les matériaux qui seront transférés servent à la réhabilitation et à rien d’autre.
L’idée de construire un port à Gaza date des pourparlers avec l’OLP.
Ceux qui ont pris la peine de lire l'accord de principes entre Israël et l’OLP de septembre 1993, y trouveront la décision d’établir une autorité portuaire à Gaza, car nous avions vu dans le développement économique de Gaza, un intérêt commun israélo-palestinien. Israël avait à l’époque, tout comme aujourd’hui, un intérêt à permettre le développement agricole de la bande de Gaza, de son exportation agricole vers Israël et sa commercialisation en Cisjordanie, avec à la clé l'emploi de travailleurs gazaouïs en Israël, ainsi que l'établissement d'un aéroport à Gaza pour permettre l’exportation vers d’autres pays dans le monde, etc...
Mais ce serait une erreur qu’un tel développement soit la conséquence de l’opération "Bordure protectrice", et soit mis sur le compte du Hamas. Je crains cependant que le gouvernement Netanyahou, qui ne fait pas suffisamment la différence entre le Hamas et l’OLP, tente de suivre cette direction, lors des pourparlers du Caire.
L'intérêt véritable d’Israël est d’assurer, parallèlement à la reconstruction de Gaza, un développement beaucoup plus massif en Cisjordanie (au lieu de commettre des folies comme celle d’empêcher le raccordement à l’eau de la ville de Rawabi, la première ville nouvelle palestinienne programmée).
Le développement doit impérativement être placé sous la direction du gouvernement de l’Autorité palestinienne, qui prétend représenter la Cisjordanie et Gaza, gouvernement dans lequel il n'y a pas de représentants du Hamas, qui est soumis aux conditions du Quartet (reconnaissance d’Israël, renoncement à la violence et reconnaissance des accords d’Oslo). Le fait que le Hamas reconnaisse le gouvernement palestinien n'aurait pas dû conduire le Premier ministre Benyamin Netanyahou à déclarer qu'il ne reconnait pas ce nouveau gouvernement et à cesser tout contact et négociation avec le président Mahmoud Abbas
En parallèle, il faut engager des négociations sérieuses et continues avec l’OLP, en vue de l'établissement immédiat d'un Etat palestinien aux frontières temporaires, avec les Etats-Unis qui offriront l'horizon d’un accord permanent, et les parties qui respecteront un calendrier jusqu'à un accord final.
L'Etat qui sera ainsi créé pourra également inclure la bande de Gaza à ses frontières, à condition que celle-ci soit démilitarisée. Israël ne pourra pas accepter que Gaza soit incluse, si des milliers de roquettes et missiles sont à ses portes.
Le gouvernement palestinien d’union nationale n’est cependant pas capable d’achever une telle démilitarisation, une raison pour laquelle ce sera le moment de vérité pour le Hamas : s’il est vraiment intéressé par l’indépendance palestinienne, il devra déposer les armes. S’il s’y oppose, il devra expliquer à la population de Gaza pourquoi il l'empêche d'accéder à l'indépendance.
Source I24News