L’Etat passé au crible. Mercredi 8 mai, le nouveau contrôleur d’Etat a présenté son premier rapport annuel au président de la Knesset Youli Edelstein. Et pour la première fois, son résumé était également disponible en arabe. En guise d’introduction, Shapira a rappelé s’être fixé pour tâche de « lutter contre la corruption publique » et de « sonder en profondeur les problèmes socioéconomiques qui ont un impact profond sur la population israélienne ». Des problèmes qui ne sont pas qu’internes, souligne Shapira, et qui « ternissent parfois l’image de l’Etat d’Israël à l’étranger ».
Intégration des Ethiopiens
Le rapport stipule qu’en dépit d’indéniables efforts fournis par le gouvernement, l’intégration de la communauté éthiopienne laisse toujours à désirer. Près de 120 000 Israéliens d’origine éthiopienne vivent aujourd’hui dans l’Etat hébreu, soit 1,5 % de la population. Malgré la création d’un plan spécifique en 2008, de nombreuses différences séparent toujours ces immigrants des autres citoyens.
Ainsi, en matière d’éducation supérieure, seuls un petit nombre d’Ethiopiens sont admis dans des programmes pré-universitaires et leur taux de décrochage, une fois à l’université, est plus élevé que la moyenne.
La communauté est également moins représentée dans la fonction publique et chez les élus. Pour répondre à ces difficultés, Shapira préconise la création d’un organisme unique dédié à cet effet, en vue d’une action globale.
Droits des enfants
Point particulièrement sensible, selon le rapport, l’Etat d’Israël ne respecte pas sa propre loi dite de l’enfant, ainsi que la convention de l’ONU sur les droits de l’enfant, concernant les mineurs qui ne possèdent pas la nationalité israélienne. Ces violations touchent près de 210 000 personnes, selon Shapira, ce qui dépasse le cas particulier des enfants d’immigrants africains illégaux.
En ligne de mire, les conditions de détention de certains mineurs (une vision « qui brise le coeur », selon le contrôleur), et une décision prise en 2009 par le ministère des Affaires sociales de ne pas porter assistance aux enfants étrangers, sauf en cas de danger explicite (ce qui ne comprend pas une situation financière précaire, par exemple), contrairement à la loi en vigueur pour les mineurs israéliens.
Système de santé
Plus de 18 ans après l’adoption de la loi sur l’assurance de santé nationale (Bitouach Leoumi), l’Etat manque d’une vision d’ensemble et d’objectifs mesurables pour garantir la santé des Israéliens, note le rapport. Et de pointer les nombreux problèmes dus à la privatisation du système de santé. En outre, les infections nosocomiales (contractées dans les hôpitaux) seraient responsables de 4 000 à 6 000 décès par an.
La forte concentration de malades soignés aux antibiotiques dans les établissements sanitaires génère en effet une prolifération de bactéries particulièrement résistantes, nécessitant des traitements plus puissants. Pour Shapira, il est néanmoins possible d’endiguer le phénomène et de sauver plusieurs milliers de vies par an.
Enfin, le rapport note également des « écarts notables » dans la qualité et l’accessibilité des soins entre le centre du pays et la périphérie.
Le contrôleur d’Etat ne s’arrête pas là, soulevant une série de défaillances dans des domaines aussi variés que le système scolaire, la gestion des services publics et des autorités locales, le service des conversions, la rigueur budgétaire du ministère des Finances (voir ci-dessous), le traitement des plaintes pour harcèlement sexuel dans le système universitaire et l’avancement des femmes dans le sport de haut niveau. Le gouvernement a de quoi faire.
29 milliards de shekels évanouis dans la nature
Le ministère des Finances a notamment accordé de nombreux prêts immobiliers qui demeurent non remboursés.
29 milliards de shekels. Une somme à donner le tournis dont le ministère des Finances aurait plus ou moins perdu la trace, selon le rapport du contrôleur d’Etat, Joseph Shapira. Le ministère ne se fierait ainsi qu’aux formulaires de prêts pour opérer le suivi des emprunts accordés directement, ou via le système bancaire. Et le contrôleur de préconiser un audit externe dans les plus brefs délais.
Beaucoup de ces emprunts sont des prêts immobiliers.
Rien que sur les prêts accordés via le département des implantations de l’Organisation sioniste mondiale, les efforts ont été insuffisants pour assurer le remboursement de quelque 813,6 millions de shekels sur les 7 dernières années.
Le rapport révèle également que, depuis 2001, le ministère n’a pas réclamé plus de 300 millions de shekels en intérêts et 324 millions d’amendes pour retards de paiements. De plus, il s’avère que les taux d’intérêt et les lignes directrices des emprunts accordés par les ministères des Finances et du Logement ne sont pas à jour et ne correspondent pas aux conditions économiques actuelles. Résultat : certains candidats éligibles à la mashkenta (prêt immobilier) profitent de réductions dont ils pourraient se passer, tandis que les prix de l’immobilier continuent de grimper.
Un constat sans appel dont le ministre des Finances, Yaïr Lapid, aux prises avec un budget des plus difficiles à faire passer, se serait sans doute passé.
Source JerusalemPost