Yaïr Netanyahu avait tweeté jeudi les adresses personnelles des organisateurs des manifestations qui ont lieu devant le domicile du Premier ministre, et avait appelé à manifester devant les maisons des manifestants. « J’invite tout le monde à manifester, jour et nuit, devant les maisons de ces gens qui organisent l’anarchie dans notre pays », avait-il tweeté.
Depuis de nombreuses semaines, des manifestations se déroulent presque quotidiennement en Israël, notamment devant le domicile du Premier ministre inculpé en novembre 2019 pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires, une première pour un chef de gouvernement israélien en cours de mandat.
Les protestataires crient leur ras-le-bol contre M. Netanyahu et dénoncent la mauvaise gestion du gouvernement de la pandémie de coronavirus.
La juge Dorit Feinstein a exigé que le tweet soit effacé et a ajouté dans sa décision que Yaïr Netanyahu devait « cesser de harceler les organisateurs des manifestations pendant six mois et ne plus publier leurs adresses privées ».
En réaction, le fils du Premier ministre, âgé de 29 ans et familier des provocations sur les réseaux sociaux, a publié un tweet reprochant à la juge de ne pas avoir pris en compte « les menaces de mort dont (il est) la victime ». Son père a, de son côté, dénoncé dans un communiqué les « actes de violence et de harcèlement de tous ».
Des milliers d’Israéliens étaient de nouveau descendus samedi dans la rue pour réclamer la démission de Benjamin Netanyahu.
Les manifestations ont eu lieu dans plusieurs régions du pays, à des carrefours ou sur des ponts, où les protestataires portant des masques de protection arboraient des pancartes qualifiant M. Netanyahu de « raté ».
À Tel-Aviv, des centaines de manifestants ont protesté contre le chômage et l’absence d’aide du gouvernement, selon des médias locaux. Une foule s’est également rassemblée devant la résidence du Premier ministre à Jérusalem, où les organisateurs ont fait état de milliers de personnes appelant M. Netanyahu à démissionner.
Des Israéliens ont aussi manifesté devant la résidence privée du Premier ministre dans la ville côtière de Césarée (Ouest).
Les manifestants, portant en grande majorité des masques de protection, accusent M. Netanyahu de n’avoir pas réussi à contenir l’épidémie de Covid-19 et à régler la crise économique.
Israël subit une seconde vague de contaminations et le taux de chômage a dépassé les 20 % ces derniers mois contre 3,4 % en février. Israël s’est d’abord vanté de sa gestion de la pandémie, avec un nombre relativement bas de cas de malades.
Mais au fur et à mesure du déconfinement, décidé fin avril pour remettre l’économie sur les rails, les cas d’infection se sont multipliés, forçant le gouvernement à imposer de nouvelles restrictions.
Le pays de neuf millions d’habitants a officiellement enregistré jusqu’à présent plus de 72 000 cas de contamination, dont 523 décès.
Face à la colère qui monte, M. Netanyahu, au pouvoir sans discontinuer depuis 2009, a accusé les chaînes de télévision israéliennes 12 et 13 de « faire de la propagande aux manifestants gauchistes anarchistes », en couvrant largement leurs rassemblements.
« Ils essayent désespérément d’intoxiquer le public, afin de faire tomber un Premier ministre de droite fort », a affirmé le Likoud, le parti de M. Netanyahu, dans un tweet, retweeté par Netanyahu.
Le Premier ministre a également accusé « les médias d’ignorer la nature violente des manifestations et les appels à tuer le Premier ministre et sa famille ».
Source L'Orient le Jour
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