dimanche 2 février 2020

Pourquoi le plan de Paix au proche-Orient de Donald Trump embarrasse les pays arabes (Vidéo)


Très favorable à Israël, l'« accord du siècle » pour le Proche-Orient gêne les pays du Golfe, alliés des Américains. Une aubaine pour l'Iran et la Turquie.......Explications et Vidéo........


C'est un véritable tournant dans le soutien traditionnel arabe à la cause palestinienne. 
Pas moins de trois ambassadeurs de pays du Golfe étaient présents mardi 28 janvier dans la soirée à la Maison-Blanche pour la présentation du « plan de paix » de Donald Trump sur le conflit israélo-palestinien, jugé très défavorable aux Palestiniens. 
Les représentants des Émirats arabes unis, de Bahreïn, et d'Oman ont écouté le président américain et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, annoncer notamment l'annexion prochaine par l'État hébreu des villes israéliennes de Judée Samarie, pourtant contraire au droit international.
Rejeté sans surprise par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le plan Trump n'a pas suscité la même désapprobation chez les pays du Golfe. Bien au contraire.
Présent dans l'East Room de la Maison-Blanche, l'ambassadeur des Émirats arabes unis à Washington, Youssef Al Otaiba, a par exemple salué sur Twitter une « initiative sérieuse » qui représente « un important point de départ pour un retour à la table des négociations ».
« Il était important que des pays arabes soient présents lors de l'annonce du plan de paix de Trump », souligne une source du Golfe, qui refuse néanmoins d'interpréter cette participation comme un blanc-seing accordé à l'initiative américaine. 
« Le boycott arabe d'Israël pendant des années n'a rien apporté de positif à l'évolution sur le terrain du conflit israélo-palestinien », ajoute la source, qui appelle à mettre fin aux innombrables discours et autres conférences sur le sujet pour enfin agir.
« La présence des Émirats arabes unis, de Bahreïn et d'Oman à la Maison-Blanche entre également dans une logique de rapprochement entre les pays du Golfe et Israël face à la menace commune que représente pour eux l'Iran », estime un fin connaisseur de la région. 
Des échanges ont d'ores et déjà eu lieu entre les deux camps, surtout en matière de renseignement.
Si Israël souhaite une normalisation de ses relations avec les pétromonarchies arabes, ces dernières, en porte-à-faux par rapport à leur propre opinion publique, toujours sensible au sort des Palestiniens, réclament tout d'abord une résolution de l'épineux conflit. 
C'est dire si le très pro-israélien plan de paix de Donald Trump les a plongés dans l'embarras.

Équilibristes

Contrainte de jouer aux équilibristes, l'Arabie saoudite, plus grand adversaire régional de l'Iran, mais qui ne peut se permettre en tant que principale puissance sunnite détentrice des lieux saints de l'islam d'abandonner les Palestiniens, a dit « apprécier les efforts de l'administration du président Trump d'œuvrer pour un plan de paix complet entre les parties palestinienne et israélienne », selon un communiqué du ministère saoudien des Affaires étrangères. 
Néanmoins, sitôt le plan Trump révélé mardi soir, le roi Salmane a personnellement appelé Mahmoud Abbas pour l'assurer du « soutien inébranlable » aux droits des Palestiniens.
En avril 2018, le monarque saoudien, âgé de 85 ans, avait déjà dû publiquement rappeler son attachement à la création d'un État palestinien indépendant, avec Jérusalem pour capitale, après que son fils, le prince héritier Mohammed ben Salmane, avait estimé dans une interview à The Atlantic que « les Palestiniens et les Israéliens ont droit à leur propre terre ». 
Pour l'heure, Riyad semble avoir mis en sourdine son initiative de paix de 2002 selon laquelle les États arabes se disaient prêts à normaliser leurs relations diplomatiques avec Israël en échange d'un État palestinien dans les frontières de 1967 (donc sans les colonies israéliennes en Judée Samarie et le Golan.

Violation des droits des Palestiniens

« On ne peut pas préjuger de ce que le plan Trump va donner, mais nous adopterons la position des Palestiniens et de la Ligue arabe », affirme la source du Golfe précitée. 
Au lendemain de la révélation de l'« accord du siècle », le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a indiqué que son organisation, ouverte à « tous les efforts sérieux en faveur de la paix », étudiait « minutieusement la perspective américaine », non sans ajouter : « Une lecture préliminaire du plan montre une importante violation des droits légitimes des Palestiniens. »
Une réaction arabe tranche toutefois avec les autres : celle de la Jordanie, seul État arabe avec l'Égypte à avoir signé la paix avec Israël. Le pays est directement touché par l'annexion israélienne prévue par le plan de la vallée stratégique du Jourdain. 
Dans un communiqué publié mardi soir, le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a assuré que l'établissement d'un État palestinien sur les frontières de 1967 restait « la seule voie pour une paix globale et durable » dans la région.

« Trahison »

L'absence de condamnation ferme de l'initiative de Trump de la part des pays du Golfe fait le jeu des États non arabes du Moyen-Orient, l'Iran et la Turquie, soutiens les plus ardents – et audibles – de la cause palestinienne au cours des dernières années. 
Mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué que le « plan de paix de la honte imposé par l'Amérique aux Palestiniens est la trahison du siècle ». 
Et, ce vendredi, c'est le président turc Recep Tayyip Erdogan qui a utilisé le mot « trahison » pour fustiger l'attitude des « pays arabes qui soutiennent un tel plan ».


Source Le Point
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