mardi 20 juin 2017

Israël : Les petits éditeurs regrettent la loi qui fixait un prix unique aux livres

 
 
La Semaine du livre hebraique démarre le 21 juin, et avec elle les bonnes affaires pour les lecteurs. Ou pas ? Avant le lancement de la Book Law, en février 2014, tout semblait aller de mal en pis pour les libraires, les éditeurs et les auteurs, qui avaient perdu de nombreux clients, et son abolition en septembre 2016 ne pouvait a priori qu'arranger les choses... C'était compter sans les pontes de la chaîne du livre, qui en profitent à présent pour amasser de l'argent sur le dos de leurs plus petits concurrents.......Détails.........


 

Pour les acteurs de la chaîne du livre en Israël, il y a l'avant et l'après Book Law. Avant, les lecteurs pouvaient s'offrir 4 livres pour 100 shekels (environ 25 €) dans les plus grandes librairies israéliennes.
La loi, votée fin 2013 et rendue effective en février 2014, avait pour but d'apporter un avantage financier certain aux éditeurs, libraires et auteurs.
 En interdisant toute remise sur le prix d'origine de plus de 20 % pour les nouveaux titres, elle agissait à la manière d'une loi Lang. Seulement, les lecteurs n'ont pas suivi. 
Avec le retrait de la loi en septembre 2016, les choses semblent s'être arrangées... quelque peu. Car si les prix sont certes moins élevés que ces 2 dernières années, quand la loi était opérationnelle, ils le sont toujours plus qu'avant qu'elle soit mise en place. 
Exit les prix d'occasion d'antan : Steimatzky et Tzomet Sfarim, chaînes de librairies qui enregistrent à elles seules 80 % des ventes, proposent à présent 3 livres pour enfants ou 2 livres pour adultes à 99 shekels. Les prix proposés par les autres chaînes sont globalement les mêmes. 
« Nous ne reviendrons pas aux prix destructeurs que l'on pouvait voir sur le marché avant la Book Law », a affirmé Itzik Shalev, vice-président des ventes de Steimatsky. « Aujourd'hui, nos soldes sont réalistes et permettent aux auteurs, aux imprimeurs et aux éditeurs de survivre. » 
Pas sûr cependant que les éditeurs en question soient entièrement d'accord avec cette vision des choses. Car si Steimatsky a effectivement augmenté ses ventes de 8 % par rapport à 2016, ce sont bien les vendeurs et non les éditeurs qui en tirent le plus gros profit.
 Avec la mise en place de la loi sur le prix unique, les libraires ont fait augmenter leur part sur chaque vente de 50 % à 70 %, pour compenser la baisse du nombre de ventes... Mais rien n'a changé avec l'abolition de la loi. Aujourd'hui encore, les éditeurs et les auteurs doivent se partager les 30 % qui restent.
Les éditeurs accusent les grandes chaînes de contrôler la totalité du marché du livre, Steimatzky et Tsmoet Sfarim en tête. Rani Graff, éditeur, explique que la ministre des Sports et de la Culture Miri Regev a promis d'agir, sans aller plus loin que des mots.
 En attendant que cette dernière ne prenne une décision, ce sont les éditeurs qui trinquent. « Je ne peux pas dire que je perds de l'argent, mais je ne fais pas de profits non plus », déclare-t-il. « Les grandes chaînes sont en bonne forme et ouvrent sans cesse de nouvelles boutiques dans les lieux les plus chers, comme dans les centres commerciaux. »
Et ce, sans mentionner les gros éditeurs qui possèdent des parts dans ces chaînes. En somme, la Book Law n'aidait peut-être pas les gros libraires, mais elle faisait office de protection pour les éditeurs indépendants. Depuis le retrait de la loi, 9 Lives a par exemple vu ses ventes chuter de 40 %, selon l'éditeur Uriel Kon...
« Les grandes chaînes privilégient les gros éditeurs parce qu'ils investissent des centaines de milliers de shekels dans le marketing et les relations publiques. Quand la Book Law était effective, nos ventes ont augmenté de 200 % parce que les gros éditeurs ne publiaient plus de nouveaux livres, ça ne valait pas le coup pour eux », explique-t-il.
Bonne nouvelle pour la chaîne du livre ou pas, ce sont en tout cas les lecteurs qui profiteront certainement le plus de la Semaine du livre hébraïque, qui commencera le 21 juin.

Source Actualitte
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