mardi 18 mars 2014

Toulouse : la situation des Juifs est préoccupante


Le président de la communauté juive de Toulouse Arié Bensemhoun était l'invité ce soir du Grand Direct de Jean-Charles Banoun dans les studios d'i24news à Paris à la veille de la commémoration du deuxième anniversaire des tueries de Toulouse et Montauban au cours desquelles le terroriste Mohamed Merah avait tué 7 personnes dont 3 militaires et 4 civils dont 3 enfants dans l'école juive Ohr Torah...



Arié Bensemhoun s'est montré très pessimiste quant à l'avenir des Juifs de la région toulousaine, n'hésitant pas à les appeler à faire leur Aliyah, c'est-à-dire à quitter la France pour Israël.
"Tout le monde a pris la mesure de ce que ce nouvel antisémitisme, qui prend souvent le masque de l'antisionisme, est une véritable menace pour l'ensemble de la société française.", a déclaré Arié Bensemhoun, ajoutant: "Ceux qui menacent Israël menacent aussi la France et qu'au-delà même des Juifs, au-delà de l'antisémitisme, c'est le socle des valeurs sur lequel repose la République qui est en train de se fissurer".
Le président de la communauté juive de Toulouse appelle à un sursaut de la majorité silencieuse dans ce combat. "Il faut mobiliser la société française, tout ceux qui restent silencieux face à la montée des extrêmes. Les ennemis des Juifs sont aussi les ennemis de la République"; martèle-t-il.
Interrogé sur le climat qui règne actuellement à Toulouse à l'égard des Juifs, le président de la communauté ne cache pas son inquiétude alors qu'on aurait pu penser à une prise de conscience depuis les attentats de mars 2012.
"La situation est extrêmement préoccupante. Depuis deux ans la situation n'a cessé de se détériorer. Nous sommes confrontés à la montée de l'islamisme radical. Nous avons dans la région un véritable foyer de propagande et de mobilisation islamiste avec des jeunes convertis ou pas qui se sont rendus en Syrie ou ailleurs pour faire le djihad. Et nous avons une extrême-gauche extrêmement antisioniste, par conséquent extrêmement antisémite", analyse Bensemhoun qui poursuit: "Nous sommes donc coincés entre l'extrême-gauche antisioniste, l'extrême-droite qui criait dans les rues de Paris il n'y a pas si longtemps et à Toulouse - Juif, casse-toi, la France n'est pas à toi ! - et au milieu de tout cela les islamistes radicaux qui font leur miel d'une situation qui devient quasi insurrectionnelle".
Le responsable communautaire observe un grand nombre de départ des membres de la communauté juive en raison de cette situation, évoquant des chiffres multipliés par 3 voire par 4.
"Je ne peux pas dire à la communauté: restez ici, tout va bien, tout va s'arranger, ce n'est pas la réalité".
Arié Bensemhoun insiste sur sa double responsabilité: se battre contre l'antisémitisme, mais aussi lutter pour la défense de la République "que nous avons au coeur et je me sens un exilé de l'intérieur".
Et il ajoute: "Nous avons aussi une responsabilité vis à vis de nos enfants, des nouvelles générations. Que vont-ils devenir ? Quel est leur avenir dans une société et dans une ville où la pression se fait toujours plus grande et où il y a en permanence un sentiment qui vous renvoie vers un ghetto dans lequel nous ne voulons pas retourner".
C'est la raison pour laquelle Arié Bensemhoun en arrive à la conclusion qu'il est temps pour les jeunes de quitter la région, car il cite les propos du ministre français de l'Intérieur Manuel Valls selon lequel il y a des "centaines de Mohamed Merah prêts à passer à l'action".
"Je ne vous cache pas, eh bien oui, j'incite les plus jeunes à faire leur Aliyah (émigration vers Israël, ndlr) ou à aller vers d'autres horizons où ils pourront s'épanouir dans un judaïsme ouvert, émancipé sans être en permanence dans la crainte de ce qui va leur arriver demain", conclut Arié Bensemhoun qui estime que les attentats de Montauban et toulouse pourraient malheureusement se reproduire n'importe où en France ou en Europe.
Une cérémonie se déroulera mercredi 19 mars à Toulouse à la mémoire des 7 victimes des attentats de Montauban et Toulouse, en présence du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault, du président du Parlement européen Martin Schulz et du philosophe Alain Finkielkraut.

Source I24News