La ministre israélienne de la Santé recommande de séparer les hôpitaux publics de l’Etat, et d’en transférer la gestion à une Autorité autonome. La réforme proposée par Yaël German n’est pas nouvelle ; elle a déjà fait l’objet d’une recommandation formulée par trois commissions mises en place depuis 1990, mais elle n’a jamais été appliquée. Cette fois-ci, la ministre, en poste depuis juste un an, semble déterminée à mener sa réforme à son terme ; le puissant Syndicat des médecins aurait déjà donné son accord...
UN SYSTÈME HOSPITALIER MIXTE
Le système hospitalier israélien se caractérise par la coexistence d’établissements à caractère public et à caractère privé, à côté d’hôpitaux contrôlés par des associations à but non lucratif et par des caisses de maladie :
- Le secteur public se compose de 11 hôpitaux : Shiba (Tel Ashomer), Ihilov (Tel Aviv), Wolfson (Holon), Hillel Yafeh (Hadera), Rambam (Haïfa), Bnei Tsion (Haïfa), Galil Maaravi (Nahariya), Ziv (Safed), Poria (Tibériade), Barzilai (Ashkelon) et Assaf Harofeh (Tsrifin).
- Des hôpitaux privés à but lucratif : comme le Medical Center (Herzeliya).
- Des hôpitaux privés appartenant aux caisses de maladie : 14 hôpitaux appartiennent à la caisse de maladie Clalit (comme Belinson, Meir, Kaplan, Shneider, etc.), et un hôpital à la caisse Maccabi (Assuta).
- des hôpitaux à but non lucratif appartenant à des associations bénévoles : 5 hôpitaux (comme Hadassah et Shaarei Tsedek à Jérusalem).
L’ÉTAT COMME RÉGULATEUR
L’objectif avoué de la réforme proposée par la ministre de la Santé est d’améliorer la qualité des soins et de sauver la médecine publique qui est progressivement privatisée. Si la réforme est appliquée, les hôpitaux publics seront détachés de l’Etat et soumis à la gestion d’une nouvelle « Autorité des Hôpitaux publics ». Cette autorité aura pour fonction de prendre en charge la gestion administrative, financière et organisationnelle des hôpitaux publics.
L’Etat, quant à lui, se cantonnera à son rôle de régulateur : il veillera à la qualité des soins médicaux et il définira la politique de santé ; en revanche, il n’interviendra pas directement dans la gestion des hôpitaux publics.
TROIS COMMISSIONS EN QUINZE ANS
En prenant ses fonctions il y a un an, la ministre Yaël German mettait en place une commission visant à améliorer la santé publique en Israël. La recommandation de couper les hôpitaux publics de la tutelle du ministère de la Santé n’est qu’un volet d’une réforme en profondeur qui sera annoncée prochainement par la ministre de la Santé.
Depuis 1990, plusieurs commissions ministérielles ont émises des recommandations qui n’ont jamais été appliquées. En 1991, le gouvernement israélien décidait de changer le statut des hôpitaux publics pour les transformer en « établissements indépendants » ; la même décision a été réitérée en 1997, sans suite. Deux autres commissions (2002 et 2004) parviendront aux mêmes conclusions, mais l’opposition des syndicats fera capoter le projet.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley