jeudi 20 mars 2014

Affaire Merah : Deux ans après, où en est l’enquête ?


Jour de mémoire ce mercredi pour la ville de Toulouse, deux ans après les quatre assassinats d’enfants et d’enseignant commis par Mohamed Merah à l’école juive Ozar Hatorah. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et le président du parlement européen, Martin Schulz, doivent participer dans la soirée à une cérémonie qui honorera aussi les trois parachutistes français froidement abattus quelques jours auparavant à Toulouse et Montauban par le tueur au scooter, délinquant de quartier devenu meurtrier sanguinaire au nom du Djihad...



Depuis deux ans, les auditions se sont multipliées. Une trentaines de personnes a été entendue sous le régime de la garde à vue. Surtout dans l’entourage délinquant du tueur, principalement originaires de son quartier des Izards à Toulouse. Mais aussi, assure une source proche de l’enquête contactée par 20 Minutes, parmi ses connaissances fondamentalistes.

Le frère aîné reste en prison

Pour l’heure, trois personnes sont incarcérées dans le cadre de l’enquête sur les complicités du tueur. Le premier d’entre eux, le frère aîné du tueur, Abdelkader Merah, est à l’isolement à la prison de Fresnes (Val-de-Marne). Il est mis en examen pour complicité d’assassinats, association de malfaiteurs en vue de la préparation de terrorisme et vol en réunion. Son maintien en détention provisoire a été prononcé par le juge des libertés et de la détention (JLD), décision qui fait actuellement l’objet d’un appel.
Abdelkader Merah a toujours dit avoir pris ses distances avec la radicalisation de son frère, affirmant ne pas connaître ses intentions. Mais il semblerait qu’il adopte devant les magistrats un double-langage. Ainsi, mi-décembre la traduction de la signature d’un de ses procès-verbaux a révélé que le suspect signait en langue arabe: «Dieu est unique et vous êtes des mécréants».
«Il a inscrit des extraits de versets au vocabulaire djihadiste dans beaucoup de procédures. Même lorsqu’il s’agissait de parapher des feuilles de PV», précise une source proche de l’enquête.

Faible coopération internationale

Deux autres individus sont mis en examen dans l’affaire. Il s’agit de Mohamed Mounir Meskine, soupçonné d’avoir participé au vol du scooter. Il a récemment été remis en liberté. Le second, Fetha Malki, toujours détenu, a reconnu avoir vendu le gillet pare-balles que Merah portait le 22 mars 2012 lorsqu’il a été descendu par les hommes du Raid. Les policiers l’accusent également de lui a voir fourni un pistolet-mitrailleur Uzi.
Une source judiciaire explique que les juges d’instruction en charge de l’enquête continuent à explorer toutes les pistes, y compris les détails les plus infimes. «Même si la volonté des juges de faire toute la lumière est présente, nous sommes confrontés à des blocages, notamment dans le domaine de la coopération internationale», regrette auprès de 20 Minutes, Samia Maktouf, l’avocate de proches d’Imad Ibn Ziaten, l’un des militaires tués par Merah. En effet, selon elle, plusieurs pays comme les Etats-Unis, l’Egypte ou encore Israël refusent de divulguer des informations qui pourraient «éclaircir le parcours du tueur et de son frère».

Le réseau Artigat versé au dossier

Par ailleurs, même si des éléments de la procédure, à l’origine protégés par le secret défense, ont été déclassifiés, «il manque des informations», ajoute l’avocate. Selon nos informations, la procédure impliquant le réseau d’Artigat a été versé au dossier Merah.
Cette communauté située dans cette ville de l’Ariège, à 70km au sud de Toulouse, est dirigée par Olivier Corel. Cet homme de 66 ans, surnommé «l’Emir blanc», a exercé une influence religieuse importante auprès de la mouvance islamiste radicale toulousaine. Mohamed Merah et son frère se sont rendus dans sa ferme à plusieurs reprises pour de courts séjours.
Source 20 minutes