mercredi 10 juillet 2019

La futurologie est-elle en train de se libérer de sa mauvaise réputation ?


De Madame Irma aux grands scientifiques contemporains, la prospective semble regagner ses lettres de noblesse. Avec Homo Deus puis 21 leçons pour le XXIe siècle (Albin Michel), le penseur israélien Yuval Noah Harari a donné de la crédibilité à la futurologie, jusqu’ici chasse gardée de personnalités plutôt controversées.......Détails.......



Depuis plusieurs mois, les scientifiques, poussés par la menace climatique, n’ont plus peur de sortir de leur réserve pour prédire le futur à 50 ou 100 ans. Le climatologue et vice-président du Giec Jean-Jouzel n’hésite pas à prophétiser des températures records de l’ordre de 50 degrés, voire 55 degrés dans l’est de la France en 2050. 
L’astrophysicien Aurélien Barrau, devenu icône de la lutte contre le réchauffement climatique, a annoncé un « cataclysme planétaire » au festival Climax de Bordeaux en septembre dernier.
Penser le futur n’est plus l’œuvre de techno-prophètes qui annoncent la singularité et l’immortalité de l’homme (poke Ray Kurzweil, directeur de l’ingénierie chez Google), une nouvelle forme de futurologie est en train de naître, inspirée par une partie des collapsologues qui n’ont jamais eu autant d’écho que cet été. 
Entre les apéros-collapsologie, le tout nouveau Ygdrasil, trimestriel spécialisé dans l’effondrement et une série de documentaires prévue sur Canal + en novembre, la futurologie est-elle en train en train de se libérer de sa mauvaise réputation pour devenir une science plus sérieuse ?

La science a vocation à prédire le futur

« La science a pour vocation de regarder le futur et exclusivement le futur, rappelle Nicolas, fondateur d’Imago TV, la plateforme de streaming écolo et engagée, qui s’est exprimé à l'occasion de la conférence “L’art délicat du récit du péril écologique”, lors du festival Futur.e.s. 
La démarche scientifique consiste principalement en trois étapes : regarder le présent, constater des reproductibilités, analyser ces similitudes avec les différents cas d’expérimentation et établir des modèles, enfin, valider ce modèle en faisant de la prédiction du futur. » Par essence, la science a vocation à prédire le futur.
Pour Pablo Servigne, chef de file des collapsologues et auteur du best-seller Comment tout peut s’effondrer (Le Seuil), dire que le futur est une science, c’est comme dire que le passé est une science, c’est une évidence. 
« Le futur est un objet de science, et il y a plusieurs disciplines qui s’en sont emparées avec différentes méthodologies », insiste-t-il. 
La climatologie, la biologie, l’écologie, l’océanographie sont obligées d’anticiper le futur. « Cela leur permet de dire : "Voilà les tendances du passé, voilà le présent. Si on suit cette voie, les choses vont s’aggraver, mais si on fait autrement, les choses peuvent s’améliorer" », poursuit le chercheur in-terre-dépendant.
La prospective est déjà une discipline très sérieuse, dans certains cas. Prenons les météorologues, ils prévoient le temps qu’il va faire à trois ou quatre jours, les climatologues, anticipent, pour leur part, à plus long terme. Plus la prédiction est précise, plus le futur est proche. 
« Rien que pour prévoir la météo à trois ou quatre jours, il faut des ordinateurs très performants », observe Pablo Servigne. Mais, clairement, on ne pourra pas donner le temps qu’il fera le 9 juillet 2049. Dommage.

Des avenirs crédibles

Si le terme futurologie n’est pas récent, il a trouvé une nouvelle jeunesse avec les figures du monde de la tech: le gourou transhumaniste Ray Kurzweil du côté de la Silicon Valley, le médecin et entrepreneur Laurent Alexandre du côté de la France. 
« A mon sens, Google a fait sortir l’analyse du futur du domaine de la littérature, analyse Nicolas d’Imago TV. La prospective existait dans la science-fiction. George Orwell, Aldous Huxley, Jules Verne sont des futurologues. » Les grands auteurs ont pris le créneau de la futurologie politique et sociale, et la pertinence de leur monde a rarement été démentie. 
« C’est pour cette raison que la SF est un outil majeur politique », abonde Pablo Servigne. 
On est passé d’une réflexion sociétale à travers les romans à une réflexion techno-centrée avec les géants de la tech. Mais une nouvelle voie se dessine avec la menace climatique.
Si la futurologie devenait une science à part entière avec une université qui lui était consacrée -il existe bien une Singularity University outre-Atlantique pour porter le courant transhumaniste-, elle ne pourrait pas faire l’économie d’un département de science-fiction. 
Mais il ne faut pas tomber dans la caricature de la science, intangible, précise, comme dans Fondation d’Isaac Asimov. 
« Le héros, Hari Seldon, invente, au moyen d’une science statistique, la psycho-histoire, qui lui permet de prédire avec exactitude le futur, rappelle Pablo Servigne. 
Et la psycho-histoire prévoit un effondrement de l’empire galactique. » Il s’agirait plutôt d’une approche interdisciplinaire pour créer les avenirs les plus crédibles possible. 
En revanche, une science dure dans la veine de la psycho-histoire d’Asimov n’est clairement pas à l’ordre du jour.

Source 20 minutes
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