L’organisation islamiste palestinienne du Hamas a publié lundi un document officiel qui reconnait pour la première fois que l’Etat palestinien doit être créé sur les frontières de 1967 et qui met fin à ses relations avec les Frères Musulmans. Ce pourrait être considéré comme une révolution mais en fait, pas vraiment......Détails.......
Il faut lire le document du Hamas de dix pages du début à la fin pour s’apercevoir qu’on n’est pas dans la révolution mais dans une approche beaucoup plus tactique et destinée essentiellement à usage interne et à destination de trois cibles : l’Egypte, les pays arabes et les occidentaux, raison pour laquelle le texte est publié en anglais.
Mais certainement pas vis-à-vis d’Israël, qui n’est toujours pas mentionnée en tant que tel, et donc toujours pas reconnue mais désignée comme l’entité sioniste et puissance occupante.
Quant aux frontières de 1967, si la traduction est correcte, le Hamas de Khaled Mechaal ne dit pas qu’il les reconnait comme le tracé sur lequel se fonde le futur Etat palestinien, mais "envisage" seulement que ces frontières fassent l’objet d’un consensus national, ce qui n’est pas pareil.
Le texte ne mentionne d’ailleurs pas non plus que ce futur Etat fasse l’objet de négociations mais valide sa stratégie de libération nationale par les armes. Il désavoue d’ailleurs le processus d’Oslo en n’en reconnait pas les résultats et rejette également la déclaration Balfour de 1917 ainsi que le plan de partage des Nations unies de 1947.
Un changement de ton, mais rien sur le fond
Si l’on ajoute à cela que ce texte ne stipule pas clairement qu’il rend caduque la charte précédente du mouvement mais s’y superpose, difficile dès lors de savoir si le document doit être apprécié comme une base juridique qui amende la Charte du Hamas ou comme une motion interne qui fait partie du débat récurrent entretenu avec le Fatah et l’OLP.
Les optimistes ou les naïfs diront que le document n’évoque pas Israël mais qu’en même temps il ne parle plus de détruire Israël.
A l’évidence, il y a un changement de ton mais pas sur le fond dans la mesure où il n’y a pas de reconnaissance de l’Etat hébreu, qui célèbre mardi le 69e anniversaire de son indépendance.
On pourrait en dire autant de l’appartenance aux Frères Musulmans. La confrérie est considérée aujourd’hui par le régime du président al-Sissi comme une organisation terroriste et la frontière égyptienne de Gaza est soumise à blocus.
Dès lors, le Hamas prend ses distances avec ses frères égyptiens en affirmant son "indépendance". Mais sans revenir sur sa volonté d’imposer un projet de gouvernance islamiste de la société. Et tout en affirmant vouloir mieux s’intégrer à l’OLP dès lors quelle sera devenue démocratique.
Bref, s’agirait-il d’un texte opportuniste ?
Disons qu’il s’agit, alors que Mahmoud Abbas devait se rendre à Washington et à Moscou, et à quelques semaines des élections municipales en Judée-Samarie, et alors que le rapport des forces lui échappe, d’une tentative de rester dans le jeu politique inter-palestinien en se réinventant de nouvelles alliances au sein des pays arabes qui soutiennent la cause palestinienne.
Mais sans rien renier sur l’essentiel de ses objectifs et de ses méthodes.
Source Le Journal du Dimanche
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